Le Parc marin installe treize nouveaux filets anti-déchets

Pour limiter la pollution du lagon, deux filets avaient déjà été installés en amont des cours d’eau et des caniveaux, à Koungou et Pamandzi. Le parc marin poursuit son expérimentation avec l’installation de treize autres pour retenir les déchets qui se déversent dans l’océan, avant la saison des pluies.

Un être humain absorberait en moyenne cinq grammes de plastique par semaine, soit l’équivalent d’une carte bancaire. Les microplastiques ont en effet envahi notre alimentation, selon un rapport du Fonds mondial pour la nature (WWF). Stopper la propagation des déchets devient donc un enjeu crucial. « Mayotte est largement touchée par cette pollution. Jetés dans la nature, les déchets sont emportés par les grosses pluies dans les caniveaux et les cours d’eau et arrivent directement dans le lagon. On s’est rendu compte que la principale pression sur l’écosystème marin était terrestre donc nous avons intensifié notre travail sur le littoral », souligne Christophe Fontfreyde, directeur du Parc naturel marin de Mayotte. L’augmentation de ces détritus dans les milieux naturels engendre en effet une dégradation de la qualité de l’eau du lagon et la santé des écosystèmes marins. Face à ce constat, l’organisme a décidé de déployer des filets anti-déchets sur le territoire afin de mener une expérimentation pendant la saison des pluies. « Ça n’avait pas de sens d’attendre que tout soit au fond du lagon pour aller les chercher », estime le directeur du Parc marin.

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Deux agents de la société Pollustock étaient également présents à Dzaoudzi pour mettre en place les filets. Cette société est en effet celle qui a conçu « ces barrières » anti-déchets.

Trois filets installés à Dzaoudzi

Ce jeudi 8 décembre, deux membres de son équipe ainsi que des agents de la société Pollustock, qui conçoit ces filets, s’étaient donné rendez-vous au niveau du cours d’eau de Mangamagari à Dzaoudzi. « Nous sommes ici depuis mercredi pour installer trois filets », détaille Margaux Bouillet, animatrice de l’observatoire des déchets du Parc marin. Le parc a d’abord recensé tous les ouvrages de Mayotte qui pouvaient accueillir ce type de filets. « Nous nous sommes concentrés sur les cours d’eau pluviaux, avant l’arrivée en mer, pour récupérer un maximum de déchets », poursuit-elle. Plastiques, métaux, tissus, déchets verts ou autres sédiments sont ainsi emprisonnés par les filets ayant une capacité de trois tonnes.

L’année dernière, deux filets avaient déjà été installés dans la rivière Koropa de Koungou et dans un caniveau de la commune de Pamandzi. Une expérimentation qui a fait ses preuves et découle sur la deuxième phase du projet. « Pour nous, l’enjeu est également de faire prendre conscience à la population de la quantité de déchets qui se déverse dans le lagon », souligne Christophe Fontfreyde. Tout au long du mois de décembre, le Parc marin va déployer treize filets en aval des cours d’eau ou des caniveaux pour récupérer les déchets solides. Cinq collectivités se sont manifestées pour accueillir ces dispositifs : la communauté d’agglomération du Grand Nord, les communes de Chiconi, Dzaoudzi-Labattoir, Kani-Kéli et celle de Pamandzi. Au total, un million d’euros sera investi dans ce projet, soutenu par l’Union européenne, France relance et l’Office français de la biodiversité. Ce programme devrait s’achever fin 2023. Les collectivités, qui prennent en charge la gestion, les prélèvements et l’entretien des filets, pourront ensuite conserver ces installations si elles le souhaitent.

Des déchets ingurgités par les espèces marines

Selon le parc marin, la présence des déchets dans le lagon est une menace à plusieurs niveaux. D’abord, les plastiques et batteries génèrent des polluants chimiques qui dégradent directement la qualité de l’eau. Ces déchets peuvent également être ingurgités par des espèces marines et être d’autant plus facilement ingurgitables en se décomposant en microparticules. Mais pour le Parc marin, cette solution ne résout pas le problème de la pollution. « Il faut mettre en place d’autres mesures pour limiter voire endiguer les dépôts sauvages, et améliorer la gestion des déchets. L’idée est également d’inciter les communes à mettre, elle-même, en place ce type de dispositifs », poursuit le directeur.

Les déchets collectés via les filets seront pesés puis triés afin que les collectivités puissent caractériser les déchets produits. En parallèle, ce projet permettra au Parc marin d’alimenter son observatoire des déchets marins, lancé en 2017. Il étudie l’origine et les caractéristiques des macro-déchets échoués sur les plages, flottants ou dans les fonds marins et des microplastiques présents dans les sédiments sur les plages, dans l’eau et dans les organismes d’animaux marins. L’objectif : mieux comprendre la problématique pour accompagner la mise en place de solutions de gestion.

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