Dans le cadre de l’opération Urahafu na Unono organisée par la ville de Mamoudzou pour la propreté et la salubreté publique, l’association de quartier Adedupass a replanté une trentaine d’arbres ce dimanche dans le village. Reportage avec ces “soldats” de l’environnement.
“Et voilà, on a Passamaïnty sous les pieds !”, lance avec enthousiasme Sidi Moukou malgré la sueur qui perle déjà sur son front à cette heure matinale. Il est à peine 8h ce dimanche quand la troupe d’Adedupass, une association citoyenne du village, arrive en haut de cette côte terreuse et escarpée, le dos fourbu par les grandes plantes que chacun vient de porter à la force de ses bras. Au loin, les petits maillots jaunes ou bleus s’agitent sur la pelouse du stade tandis qu’à quelques mètres, bangas et constructions en tous genres s’élèvent vers le ciel. Plus proche encore, sous les pieds de ces planteurs du dimanche, justement, poussent sans contrôle apparent brèdes et manioc. “Ça dans quelques mois, on va l’acheter au bord de la route !”, déplore un membre du groupe, une pointe de lassitude dans la voix.
30 arbres plantés sur la colline
C’est que l’association travaille d’arrache-pied, on peut le dire, pour tenter de préserver un peu l’environnement de Passamaïnty. Ce week-end, dans le cadre de l’opération Urahafu na Unono organisée par la ville de Mamoudzou, Adedupass s’est donc naturellement mobilisée pour la salubrité urbaine. L’objectif du jour : reboiser quelques parcelles dénaturées par les plantations sauvages de bananiers ou de manioc, qui ont appauvri la terre. “Ici, avant, on ne voyait pas le sol. Mais aujourd’hui tout a été arraché, ou brûlé. Et même maintenant, il n’y a plus que du manioc, les bananiers ne poussent plus”, analyse celui que tout le monde surnomme “SD”.
Au moins deux fois par an, Sidi Moukou gravit les chemins autour du quartier pour lutter contre cette déforestation. En tout, ce sont une trentaine de fruits à pain, Aphloia theiformis, Erythroxylon, et autres plantes indigènes achetées dans une pépinière grâce aux subventions de la mairie que les jardiniers du jour entendent faire prospérer sur cette terre aride et caillouteuse. Sans oublier bien sûr un jeune baobab, qui trône désormais fièrement en haut de la colline, face au lagon. “Il n’est pas magnifique, ici, le baobab ?”, s’enquiert Estelle en posant ses mains sur ses hanches, la mine satisfaite.
Les conséquences de l’agriculture informelle
Encore faut-il qu’il survive. Son principal prédateur ? Les agriculteurs “improvisés” qui cultivent sur ces terrains du conseil départemental de quoi vendre sur le bitume en contrebas. Il n’est pas rare que l’association y perde quelques heures de travail à tenter de reboiser des parcelles du village. “On était déjà venus ici il y a deux ans, depuis la moitié a été arrachée”, soupire SD. Sans pour autant se décourager. Chez Adedupass, chacun met la main à la patte comme il peut. “Nous, on vient d’Hajangoua, mais on a adhéré à l’asso car on n’a pas encore trouvé dans notre village, un tel groupe, animé par un vrai élan citoyen, comme celui-ci”, salue Estelle, plantée à côté de son baobab.
Un meuglement sourd lui répond. Sapristi ! Sur le flanc de la colline, face au village, un enclos de zébus a justement échappé à la surveillance de SD et sa bande. Des branchages ont savamment été disposés pour recouvrir l’abri, et seul le bruit des animaux et un morceau de barrière entraperçu au milieu des feuillages a mis la puce à l’oreille du jardinier. Dans la boue et la bouse, plus aucune trace des grands arbres qui devaient jadis offrir un peu d’ombre sur ce morceau de crête exposé aux rayons du soleil. “On va retrouver le propriétaire, et lui donner deux semaines, puis on va l’enlever, ce n’est pas possible…”, souffle un bénévole. Toujours prêt, malgré cette déconvenue, à repartir bêcher la terre sous un cagnard brûlant. Façon colibri.
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