« Nous sommes victimes depuis des mois d’un flou »

Alors que ce week-end est synonyme de vacances à Mayotte, la communauté éducative de Petite-Terre est revenue nous a fait parvenir un communiqué sur la crise de l’eau. Elle s’inquiète notamment de la potabilité de l’eau, étant établi que la remise en eau intervenait depuis des semaines dès à la rentrée dans les classes et donc ne respectait pas les préconisations de l’Agence régionale de Santé.

« Nous, membres de la communauté éducative du lycée de Petite Terre, tenons par le présent texte à exprimer collectivement notre incompréhension. Depuis plus d’un mois, l’eau considérée comme potentiellement non-potable par l’Agence régionale de Santé est distribuée quotidiennement aux élèves du lycée sans autre alternative. Jeudi 12 Octobre, le recteur (N.D.L.R. Jacques Mikulovic), en déclarant sur Mayotte la Première : « Les établissements de Petite-Terre sont sur le chemin de l’eau, mais la canalisation n’est pas activée ! », a enfin clarifié les choses. En admettant que nous ne sommes pas sur ce fameux chemin de l’eau, et que l’approvisionnement est ainsi coupé quotidiennement, de 16h à 7h du matin, cela rend les recommandations de l’ARS (faire couler l’eau six heures après son retour et la faire bouillir cinq minutes avant de la consommer) inapplicables dans notre établissement.

« Les élèves souffrent de maux de ventre »

Nous sommes donc victimes depuis des mois d’un flou autour de cet énigmatique « chemin de l’eau » que ne clarifient ni la préfecture, ni le rectorat, ni l’ARS. Si celui-ci ne désigne pas seulement le maintien sous pression 24h/24h, des canalisations qui approvisionnent les établissements, alors ce terme ne veut absolument rien dire. Les mots du recteur [jeudi soir] ont finalement achevé de nous convaincre que notre silence fait de nous les complices par omission d’une négligence. Et si notre silence était jusqu’à présent le résultat d’une sous-information, il prend fin ce jour afin de ne pas sombrer dans la maltraitance des élèves et l’illégalité. Rappelons les faits : l’information de non-potabilité de l’eau a été transmise tardivement, le savon est absent dans les toilettes, alors même que l’ARS recommande le lavage régulier des mains pour éviter la transmission des maladies, et de plus en plus d’élèves souffrent de maux de ventre et de maux de tête.

Menace de droit de retrait

Nous prévenons donc notre administration que nous réfléchissons à user de notre droit de retrait si à la rentrée les conditions suivantes ne sont pas réunies : de l’eau et du savon dans les sanitaires et du gel hydroalcoolique dans les salles, de l’eau potable à disposition des élèves dès la première heure de cours jusqu’à la fin de la journée (7h-17h) et une communication régulière sur les actions mises en place pour assurer une scolarisation dans de bonnes conditions. Par ce texte, nous voulons alerter et exprimer clairement notre refus d’un silence coupable. »

La communauté éducative du lycée de Petite-Terre

Les signataires du communiqué

Abdallah Abidahr (AED), Abdourahmane Barry (professeur), Alexandra Jouffret (professeur), Alexandre Morel (professeur) Ali Assani (AED), Amina Moreau-Mandhui (professeur), Anchidine M’sa (professeur), Angélique Creuwels (professeur), Anne-Sarah Robigeau (professeur), Arthur Bourgogne (professeur), Astrid Charlot (professeur), Aurélie Jourdain (professeur), Benoît Castello (technicien), Carolina Sitin (professeur), Chérifa Taïb (professeur), Chloé Heslon (professeur), Christian Jonquet (professeur), Christophe Chapron (professeur), Chtani Morad (AED), David Guillerez (professeur), Denis Testud (professeur), Djalal-Edine Fouad (professeur), Dominique De Bolivier (professeur), Doriane Bijoux (professeur), Estelle Bimmel (professeur), Fallou Fall (professeur), Farhan Bouraleh (professeur), Fayir Abderemane (administratif), Françoise Aaacha (professeur), Frédéric Combelle (professeur), Frédéric Lesport (professeur), Gaël Trouvé (professeur), Hadrien Puren (professeur), Halim Cherchari (professeur), Haribou Ismaël (professeur), Irène Reyes (professeur), Issa Souleymane (professeur), Jean-Charles Gruget (professeur), Jean-Louis Bailleul (professeur), Joséphine Bourgoin (professeur), Jules Heriou (professeur), Kassim Ali (AED), Léa Fau (professeur), Maëlle Duval (Coordo), Maëlle Maisonnette (AED), Magali Colin (CPE), Mardjani Boura (professeur), Marie-José Rêve (professeur), Maryame Moissuli Himidi (AED), Nathalie Deterne (professeur), Nathalie Emonide (professeur) Nicolas Delettrez (professeur), Nouzla Omar Assani (professeur) Odile Gabillon (professeur), Ophélie Bertrand (professeur), Peggy Guillerez (CPE), Philippe Bolzer (professeur), Radjabou Boina Foudoila (professeur), Rehema Houmadi (AED), Robert Fuentes (professeur) Roger Louette (professeur), Salim Vita-Madi (professeur), Sarah Alain (technicienne), Simon Koener (professeur), Solène Combes (professeur), Sonia Sabbagh (infirmière), Stéphane Muller (professeur), Sunita Bacar Selemani (professeur), Thani Salim (technicien), Tibaut Sibbouni (professeur), Urchelin Onhima (professeur), Vincent Béraud (professeur), Wassim Lamouchi (professeur) et Yselia Olivier (professeur).

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