VIDEO. « De nombreux sacs-poubelle sont entrés en décomposition »

Pendant un mois de barrages, le ramassage des ordures ménagères a été rendu difficile. Entre agents qui ne pouvaient pas se rendre sur leur lieu de travail, camions qui ne passaient pas toujours les barrières et quais de transfert surchargés, les sacs-poubelle ont eu le temps de pousser dans les rues de Mayotte. Nous avons suivi l’équipe du centre du Sidevam du Sud, à M’ramadoudou, dans la commune de Chirongui, ce lundi, lors d’une collecte qui tente d’effacer les traces de cette période. 

C’est à bord de « Cyborg » que nous arpentons les rues de Chirongui, ce lundi matin. À M’ramadoudou, c’est ainsi que les agents de collecte du Syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (Sidevam) surnomment un de leurs camions, le plus vieux du réseau encore présent sur l’île. « Ça fait huit ans qu’on l’a et il tient toujours », assure Hafhui Attibou, responsable de la collecte du secteur Sud, à propos du véhicule de 19 tonnes.

De la robustesse, il en faut pour s’attaquer aux sacs poubelles qui jonchent les rues de la commune. Après un mois de routes bloquées et de ramassage des déchets freiné, les tas d’ordures sont légion. À l’approche du camion poubelle au niveau de leur maison, les habitants qui viennent directement jeter leurs sacs dans la benne sont fréquents. Certains enfants, missionnés par leurs parents, paraissent plus petits que le contenant qu’ils apportent aux éboueurs. D’autres les interpellent quand les collecteurs ne ramassent pas certains déchets. Car les agents que nous suivons ce lundi profitent de la levée des barrages pour tenter d’en débarrasser les rues le plus possible, mais, « Cyborg » bloquant la circulation, certains sacs qui avaient été jetés à même le sol sont laissés derrière. D’autres, du Sidevam ou des services techniques de la Ville, pourront prendre le temps de passer après et de balayer la même journée, disposant de camions plateau de 3,5 tonnes moins encombrants.

La reprise a été difficile pour les éboueurs à la levée des barrages. « Le premier jour, c’était la catastrophe, car il y avait vraiment beaucoup, beaucoup de sacs-poubelle. Les bacs étaient très lourds. Mais on s’organise quartier par quartier et on ramasse », insiste Nassoury Abdallah, qui a une vingtaine d’années de métier derrière lui et qui tire des bennes toujours aussi lourdes ce lundi. Abali, qui conduit le camion, descend régulièrement donner un coup de main à ses co-équipiers à l’arrière, afin de maximiser la collecte. « Il y a des déchets qui ont été jetés directement sur le sol, sans être mis dans des sacs », décrit-il une fois au volant. « Vous voyez ce tas d’ordures ? Les agents en ont déjà enlevé la moitié la semaine dernière », souligne de son côté Hafhui Attibou, en désignant un amoncellement de sacs sur le bord de la chaussée dans une des rues de M’ramadoudou.

Un retour à la normale dans un mois

« La reprise se passe doucement, dans le sens où on répartit la quasi-totalité de nos matériaux roulants », explique Abdourahim Saïd, directeur de la collecte pour tout le réseau du Sidevam, qui donne pour exemple les camions habituellement réservés à la déchetterie mobile qui servent actuellement au ramassage des ordures ménagères.

Si dans certains secteurs de Mayotte, comme le centre, les rues ont retrouvé à peu près le même visage qu’avant, dans le sud et le nord de Grande-Terre, qui ont été barrés plus longtemps, il va falloir attendre encore un peu avant que les déchets quittent les trottoirs à un rythme de croisière. « On ne peut pas tout résorber à l’instant T. Avec le temps passé dehors, le contenu de nombreux sacs-poubelle est entré en décomposition. On ne peut pas demander à des humains de s’en occuper, ce travail doit être fait par des machines », observe le directeur de collecte, avant de préciser qu’à l’échelle de l’île, un retour à la normale ne sera possible que d’ici un mois.

Joue également dans l’équation l’état des quais de transfert, où les ordures se retrouvent après avoir été collectées dans les rues, avant d’être envoyées à l’enfouissement dans l’Installation de stockage de déchets non dangereux (ISDND) de Dzoumogné. À l’image de celui de Malamani, ils débordent, faute d’avoir pu être désencombrés vers le centre d’enfouissement dans le Nord pendant que les routes étaient bloquées. Peut-être seront-ils délestés par les aigrettes, qu’on observe en train de picorer les sacs du dépotoir aux abords du quai de Malamani.

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