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La fumée issue de l’activité des moteurs de la centrale thermique des Badamiers passe désormais par des catalyseurs, où urée et air sont injectés pour éliminer les oxydes d’azote.

Ce mercredi, Électricité de Mayotte (EDM) a inauguré ces nouvelles installations de dénitrification des fumées produites par la centrale thermique des Badamiers (Dzaoudzi-Labattoir). Un procédé qui permet de réduire drastiquement la concentration d’oxydes d’azote dans les rejets de cette dernière.

Un carburant polluant

Pour alimenter nos ampoules ou encore nos climatiseurs en électricité, ce sont des centrales thermiques qui tournent à base de gazole. Dans celle des Badamiers, en Petite-Terre, quatre moteurs tournent quotidiennement, consommant chacun 1.000 L de carburant par heure, pour alimenter 20% du réseau mahorais. Seulement, cette activité rejette de la fumée, qui contient des oxydes d’azote (NOx).

Des rejets dangereux

Les NOx contribuent à la formation de l’ozone en basse atmosphère, ce qui favorise l’effet de serre et le réchauffement climatique. Leur impact sur l’environnement ne s’arrête pas là, en ce qu’ils acidifient les pluies, nuisant aux sols et aux végétaux et augmentant la concentration de nitrates dans les terres. Enfin, ces gaz sont néfastes pour la santé respiratoire à court et long terme.

Des seuils à atteindre

Il y a encore peu, la centrale située dans la commune de Dzaoudzi-Labattoir relâchait 29,3 microgrammes (μg) de NOx par m3 sur une moyenne annuelle. Si le seuil réglementaire est de 40μg/m3, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande une concentration de 10μg/m3 en moyenne annuelle. C’est pour tendre vers cet objectif qu’Électricité de Mayotte (EDM) a mis en place des installations de dénitrification (DeNOx) des fumées aux Badamiers, comme elle l’a fait auparavant dans l’autre centrale de l’île, à Longoni (Koungou) en 2015. Un procédé qui lui permet désormais de réduire la concentration de NOx à 2,6μg/m3.

La dénitrification

Pour ce faire, EDM importe désormais de l’urée sous forme solide, avant de la traiter à Longoni pour la rendre liquide. Elle est ensuite transportée en citerne jusqu’à la centrale située en Petite-Terre. Là, elle est injectée dans la nouvelle installation. Avant d’être relâchée, la fumée à 300 degrés passe désormais par des catalyseurs (qui se présentent comme des grosses cheminées en métal vu de l’extérieur). C’est au moment de ce passage que de l’urée et de l’air sont injectés, et la réaction chimique qui en découle permet d’éliminer une grande partie des NOx. “Il faut imaginer cela comme les filtres à particules pour les voitures”, simplifie le directeur général de l’entreprise, Raphaël Ruat. Les résidus de cette opération rejoignent ensuite le circuit de traitement des déchets dangereux.

Quatre moteurs équipés

EDM a investi une vingtaine de millions d’euros pour équiper les quatre moteurs de Badamiers 2. Quant à ceux de Badamiers 1, il n’a pas été question de les munir de cette technologie, ces derniers devant être arrêtés en 2029 et ne tournant que quand les autres ont besoin de renfort. Après des travaux commencés par Eiffage Métal en novembre 2022, les quatre moteurs ont réalisé leurs tests de performance cette semaine, avec succès.

Un progrès industriel

“Cela montre qu’il est possible de concilier le progrès technologique et la protection de l’environnement”, se félicite le maire de Dzaoudzi-Labattoir, Mikidache Houmadi, ce mercredi, lors de l’inauguration du dispositif. Un leitmotiv qui revient dans l’ensemble des discours prononcés ce jour-là, à l’image de la formule employée par Echati Issa, présidente du conseil de surveillance d’EDM et conseillère départementale du canton de Koungou : “Allier performance industrielle et protection de l’environnement”. Une manœuvre nécessaire pour Raphaël Ruat, qui rappelle qu’en même temps que la population mahoraise augmente de 4% par an, ses besoins en électricité le font tout autant. “Depuis vingt ans, on consomme 5% en plus par an”, insiste-t-il.

Économiser l’énergie

Si le processus de dénitrification permet d’augmenter la production avec un impact amoindri sur la nature, le directeur général fait néanmoins intervenir lors de son discours une notion à retenir : la “maîtrise de la dépense d’énergie” (MDE). En effet, optimiser sa consommation d’électricité et y faire attention jouent un rôle majeur dans la préservation de la planète et du portefeuille des foyers.

La conversion au bioliquide en 2028

Lors de l’inauguration des installations de dénitrification à la centrale des Badamiers, à Dzaoudzi-Labattoir, le directeur général d’Électricité de Mayotte (EDM), Raphaël Ruat, a clarifié les prochaines étapes à franchir pour l’entreprise. Une nouvelle vague d’investissements est prévue, à hauteur de plus de 250 millions d’euros sur la décennie à venir. Parmi les deux nouvelles lignes sous-marines prévues pour relier Petite et Grande-Terre ou encore le développement des centrales photovoltaïques, c’est un projet d’envergure qui ressort : celle de la conversion totale des deux centrales thermiques mahoraises au bioliquide, annoncée par le directeur général pour 2028. Dans ce cas-ci, du biocarburant à base de colza remplacera le gazole. Une énergie considérée comme plus propre, mais qui nécessitera un approvisionnement plus important par bateau.