Samedi dernier, des pêcheurs ont attrapé accidentellement un requin-tigre (Galeocerdo cuvier) et l’ont ramené sur la plage de M’Tsahara, ce qui a affolé la toile au vu de la taille impressionnante de l’espèce. S’il n’est pas dangereux pour l’homme dans un contexte environnemental favorable, sa mise en scène sur le sable pose des questions sur sa protection à Mayotte.
« Ça bouge ! Il a ouvert la bouche, il va partir, il va partir… Dès qu’il aura atteint la mer, il pourra partir ! » La vidéo d’un internaute filmant un requin-tigre (Galeocerdo cuvier) sur la plage de M’Tsahara fait le buzz sur les réseaux sociaux depuis ce week-end. Pêché accidentellement samedi, on voit l’animal sur le sable fin avec un grand nombre d’habitants s’agiter autour de lui.
À ce jour, peu d’informations officielles permettent de donner les tenants et les aboutissants de cette histoire. Selon la direction de la mer sud océan Indien (DMSOI), le requin-tigre mesure environ 5.50 mètres à l’âge adulte. Il a une grosse tête, un museau court et arrondi, un corps plutôt long et svelte après les nageoires pectorales. Effilée, la nageoire caudale finit en pointe aigue. Son habitat est proche des côtes et en haute mer. Il évolue jusqu’à 140 mètres de profondeur. Seule certitude : il est rare d’en observer et encore plus rare d’en pêcher… L’union international pour la conservation de la nature) le classe parmi les espèces « quasi-menacées ».
Sa commercialisation autorisée
Si l’arrêté du 28 juin 2018 interdit la pêche, le transport, la transformation, le conditionnement, la mise en vente ou l’achat du grand requin marteau (Sphyrna mokarran) et des deux espèces de requin renard (Alopiidae), le pêcheur professionnel peut capturer et commercialiser les autres espèces de requin à l’instar du Galeocerdo cuvier. En pêche loisir, la réglementation applicable à Mayotte autorise une capture de raie ou de requin par session. Toutefois, la vente du produit ainsi que le nourrissage pour l’appâter afin de l’observer sont strictement interdits !
Ainsi, en cas de capture accessoire, il faut absolument le relâcher. Et en cas d’échouage, comme cela aurait pu se produire samedi dernier, ceux qui le trouvent doivent immédiatement contacter la gendarmerie maritime. Il est également possible de prendre attache avec le réseau échouage mahorais de mammifères marins et de tortues marines (Remmat), qui peut ensuite relayer les précisions transmises aux autorités compétentes.
Pas une menace pour l’Homme
Le lagon regorge de plus d’une vingtaine d’espèces de requins. En tant que grands prédateurs, ils ont un rôle essentiel dans l’équilibre des écosystèmes marins, mais ne sont pas une menace pour l’Homme. En effet, ils n’attaquent jamais délibérément dans un contexte environnemental favorable. Au regard de la vidéo, un épisode dramatique aurait pu en découler… Ainsi, se pose la question de leur protection. Présente pendant près de trois ans à Mayotte (à partir d’avril 2015), une antenne locale de l’association Shark Citizen a permis de sensibiliser la population et les professionnels… Avec cet événement, l’idée de créer un projet pilote pourrait, pourquoi pas, revenir sur un coin de la table !