Mayotte aussi fête le climat

Samedi 11 décembre, Mayotte célébrait la journée mondiale du climat à Bandrélé. Une édition 2021, sur le thème du changement climatique, organisée par la fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE), l’association 976 sud prévention et la mairie de Bandrélé.

Rappeler la menace du réchauffement de la planète et la nécessité d’agir pour en limiter les effets, tel est l’objectif de la journée mondiale du climat. Un événement fêté chaque année au début du mois de décembre aux quatre coins du globe. Tables rondes, ateliers, stands et visites de la mangrove, les protecteurs du climat novices ou initiés ont pu célébrer cette journée comme il se doit. “Notre souhait est de créer un observatoire du changement climatique à Mayotte », affirme le président de la fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE), Ali Madi. Durant deux heures les participants ont débattu des enjeux d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques sur l’île aux parfums, lors d’ateliers à la mairie de Bandrélé. Pendant ce temps-là, un second groupe suivait Manrifa Moustoifa Ali, chargé de mission sensibilisation et appui à la biodiversité au comité français de l’union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Une addition salée pour le climat à Mayotte ?

Sur les pas de Manrifa Moustoifa Ali, les curieux viennent visiter le site de production du sel de Bandrélé. Une sortie en lien avec la thématique du jour car la zone exploitée pour sa ressource en sel s’érode d’année en année.

Mais alors est-ce la production de sel qui est responsable de cela ? Et surtout comment est-il fabriqué ? A Mayotte, les mamas shingo, détiennent un savoir-faire qu’elles se transmettent de mères en filles. Pour fabriquer cet or blanc, elles prélèvent de la vase dans la mangrove qu’elles rincent abondamment. Puis, elles font chauffer l’eau qu’elles ont recueilli, ce qui provoque une évaporation et fait apparaître les cristaux de sel. Bien que cette fabrication ancestrale ne nécessite pas de produits chimiques ou des rejets toxiques, la terre dépourvue de sel se retrouve amassée sous forme de dunes tout autour du lieu où les mamas shingo prélèvent la vase. “A force d’extraire de la vase on voit apparaître une dépression, un trou au milieu de la mangrove. Ensuite quand la marée l’eau rentre mais elle n’arrive plus à s’échapper à marée basse et stagne”, explique en bon professeur le chargé de mission de l’UICN. Bien que la production de sel soit en partie responsable de cette détérioration, les marées viennent également participer à l’érosion du site.

Pour remédier à cela, l’association 976 sud prévention a fait appel aux experts de l’UICN pour réaliser des recherches et un diagnostic. “L’étude va consister à faire la topographie du site pour modéliser la circulation de l’eau. Ainsi, nous pourrons savoir si nous pouvons déplacer la terre et où la déplacer pour ne pas créer des dommages supplémentaires dans la zone”, détaille Manrifa Moustoifa Ali. Cartographie du site, étude de la concentration en sel, mais aussi de l’intensité des vagues, dès lors que les associations auront obtenu les autorisations du Conservatoire du littoral, propriétaire de la zone, les scientifiques débuteront leur travail de fourmi.

Aujourd’hui encore peu d’études sont réalisées sur le climat et l’impact du changement climatique à Mayotte. En revanche, les dommages de l’activité humaine sur les milieux naturels s’avèrent quant à eux indéniables et il est urgent d’agir pour préserver ce patrimoine exceptionnel…

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