Mayotte à la recherche de ses « sentinelles de la nature »

Depuis quelques jours, la plateforme « Sentinelles de la nature » est déployée à Mayotte. Portée localement par l’association Mayotte Nature Environnement, cette plateforme numérique collaborative permet de signaler des atteintes à la nature et des initiatives favorables à l’environnement.

« Sentinelles de la nature », porté par France Nature Environnement, est un projet participatif lancé en 2015. Cette plateforme numérique permet à chacun de réaliser un signalement des atteintes à la nature et des initiatives favorables à l’environnement. Déjà déployé par de nombreuses associations adhérentes, le dispositif couvre tout le territoire métropolitain, la Guyane et depuis mi-juin, l’île de Mayotte. Cette implantation locale a été mise en place grâce à la mobilisation de l’association Mayotte Nature Environnement (MNE). Sentinelles de la nature permet à toute personne munie d’un smartphone ou d’un ordinateur de faire un signalement. « Il faut penser à bien renseigner la localisation, mettre une photo, une description et ensuite ce signalement nous sera envoyé directement », explique Léna Lessard, juriste et en charge du projet à Mayotte Nature Environnement. Une fois ce signalement effectué, l’association va « accompagner au maximum la personne pour qu’elle effectue les démarches afin d’y mettre fin », complète-t-elle.

Pourquoi avoir ouvert cette plateforme à Mayotte ?

Qui ne s’est pas senti un jour démuni en découvrant une décharge sauvage, un cours d’eau pollué ou une parcelle de forêt rasée ? Maintenant, chacun a la possibilité d’agir, au travers des signalements par le biais de la plateforme. « Il y a plein de manières de fait du mal à l’île de Mayotte et en signalant on pourra faire quelque chose », informe David Lorieux, chargé de communication de l’association MNE. En devenant une Sentinelle de la nature, chacun a la possibilité de faire la différence pour l’île aux parfums. Les signalements effectués peuvent déclencher des actions concrètes pour protéger l’environnement du territoire.

Ce dispositif possède plusieurs objectifs principaux comme la sensibilisation des habitants, fournir des données à l’association quant aux atteintes et initiatives liées à l’environnement. Le troisième objectif est de pouvoir transmettre aux autorités publiques les informations, « pour orienter les prises de décision et les interventions dans le bon sens », argumente la juriste. Cette plateforme permet également de compiler en un seul endroit toutes les données. « On a une vue d’ensemble de ce qui se passe à Mayotte, de ce qui est signalé », observe le chargé de communication. Cette vue globale est l’un des avantages de l’ouverture de la plateforme.

Comment utiliser « Sentinelles de la nature » ?

Le projet Sentinelles de la nature est accessible via le site internet ou par le téléchargement d’une application gratuite. « C’est vraiment accessible à tous », insiste David Lorieux. Mais si une personne qui ne possède pas de smartphone ou d’ordinateur, « on peut s’arranger avec elle si elle veut agir à son échelle », rassure-t-il. « Plus on aura de participation, plus la plateforme sera efficace », lance Léna Lessard. L’appel aux signalements est donc lancé. Pour le chargé de communication, il espère que « cela créera un effet boule de neige ». L’avantage de réunir des sentinelles à Mayotte permettra de quadriller le territoire et « d’avoir un impact, car l’union fait la force », ajoute ce dernier.

Ce dispositif permet d’avoir un suivi des signalements et de montrer ce qui va en ressortir. Est-ce arrivé à la fin ? Il y a-t-il eu un nettoyage ou une réhabilitation ? Est-ce que ce signalement à mener au tribunal ? Le suivi permettra de répondre à ces questions. « Ça permet aussi de montrer aux habitants qu’il y a un vrai projet derrière et que maintenant, on peut faire quelque chose et pas juste dire « j’ai signalé » sans rien derrière », admet la juriste.

Quels sont les signalements possibles ?

Deux formes de signalements sont réalisables, soit une atteinte à l’environnement, soit une initiative favorable. « Même en cas de doute, vous pouvez quand même le signaler », signifie-t-elle. Par la suite, l’association analysera la situation et étudiera si elle constitue une infraction illégale. Les atteintes à l’environnement représentent de nombreux exemples comme la construction illégale, le dépôt de déchets (larges décharges sauvages, rejets, polluants), le défrichement, les actes illégaux de pêche (braconnage de poulpe, tortue, non-respect des quotas) ou encore l’atteinte à des espèces protégées (dérangement d’espèces protégées comme les mammifères marins). « Tout ce qui a l’air d’être une atteinte à l’environnement », résume Léna Lessard.

Le positif peut aussi être signalé, ce qui représente les initiatives favorables. Celles-ci peuvent être une réhabilitation de façon exemplaire, renaturation ou réhabilitation, une protection de la biodiversité, la mise en place d’une agriculture respectueuse ou d’une ressourcerie. L’objectif final serait d’atteindre « un équilibre dynamique, qu’on est des nouveaux et anciens signalements, qu’ils soient réparés et qu’à terme, on n’est plus rien à signaler », espère David Lorieux.

Les signalements via la plateforme Sentinelles de la Nature se font via le site sentinellesdelanature.fr/signaler/

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