La startup mahoraise de biotechnologie « MayBiotech » lance un projet pour la valorisation économique des espèces végétales envahissantes de Mayotte. Une innovation qui pourrait bien révolutionner le rapport à ces plantes indésirables reléguées au rang de déchet.
Forêts, rivières, mangroves… Les espèces exotiques envahissantes se multiplient sur les terres mahoraises. Une menace qui pèse sur l’écosystème exceptionnel de l’île. « Mayotte possède une flore riche et diversifiée, avec des plantes endémiques, dont certaines sont utilisées en médecine traditionnelle », affirme le docteur Mohamed Issouf, le créateur de la start-up MayBiotech. Lauréat de l’appel à projet Innovation Mayotte, financé par le conseil départemental et l’agence de développement et d’innovation de Mayotte (Adim), la société répond à des enjeux d’actualité et “se positionne au cœur de l’agriculture et de l’alimentation durables”.
Développer des aliments à destination des animaux
« La valorisation de ces plantes envahissantes pourrait permettre d’allier préservation de la biodiversité, production d’une alimentation saine, réduction des intrants chimiques dans les exploitations agricoles et de structurer une filière économique créatrice d’emplois », détaille le docteur en science de la vie et de la santé. En partenariat avec l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), le Parc naturel marin de Mayotte et SantéSocioVéto, le projet a pour mission d’étudier le potentiel antiparasitaire des plantes envahissantes. Le but ? Développer des nouveaux aliments pour animaux à destination des élevages locaux.
Valoriser les espèces arrachées
Après avoir travaillé en tant que chercheur à l’Inra durant plusieurs années, Mohamed Issouf décide, à son retour à Mayotte, d’apporter sa pierre à l’édifice et de porter un projet structurant pour son territoire. « On voit un regain d’intérêt pour les plantes depuis quelques années”, explique-t-il. « Dès lors que les espèces invasives sont arrachées, ce sont des déchets. Notre objectif est de les valoriser. »
En février 2022, l’entreprise a signé un contrat de prestation et de partenariat avec l’Inrae qui permettra de réaliser au cours de l’année, les premières étapes du volet de recherche. Un projet ambitieux qui s’organise entre le 101ème département et la France métropolitaine. Porté au niveau local par la biologiste Sittirati Mohamed et le docteur Mohamed Issouf, MayBiotech travaille sur les propriétés des plantes envahissantes, mais aussi des espèces médicinales. « Notre but est de créer notre laboratoire. Nous achetons actuellement du matériel pour pouvoir mener des expérimentations », confie le spécialiste en maladies infectieuses.
Grâce à ses travaux, Maybiotech pourrait bientôt breveter les premiers compléments alimentaires Made in Mayotte à destination des élevages.