Les déchets, ce fléau des mangroves

À Mayotte, les milieux aquatiques et les zones humides sont particulièrement menacés par différentes pressions exercées, pour la plupart anthropiques. Afin de lutter contre la pollution et de préserver ces milieux, la communauté d’agglomération Dembéni – Mamoudzou (Cadéma), mène des opérations de nettoyage et de gestion des déchets dans les cours d’eau et les mangroves sur l’ensemble de son territoire.

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Ce mercredi matin, la communauté d’agglomération Dembéni – Mamoudzou a tenu une conférence de presse où Nassuf-Eddine Daroueche, Zoulfati Madi, Rachadi Saindou et Christian Beillevaire ont expliqué les actions de nettoyage mises en place dans les rivières et mangroves.

Les mangroves et rivières de l’île sont de plus en plus « des déchetteries à ciel ouvert, où l’on retrouve la présence de macro-déchets, comme des plastiques, des pneumatiques ou des encombrants », annonce le président de la Communauté d’agglomération Dembéni – Mamoudzou (Cadéma), Rachadi Saindou, lors d’une conférence de presse organisée ce mercredi matin à M’gombani. Augmentant la présence de sédiments dans les cours d’eau, ces derniers finissent dans le lagon en nuisant à la survie des écosystèmes et à la préservation de ces milieux, asphyxiant les coraux. Le récif corallien mahorais est donc, lui aussi, « sous pression ».

C’est dans ce contexte que la Cadéma mène des opérations d’entretien, de nettoyage et de gestion des déchets dans les cours d’eau et les mangroves sur son territoire. Réalisées dans le cadre de la compétence de gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations (GEMAPI), ces actions sont menées dans le but de « préserver nos zones humides et lutter contre la pollution », complète le président. La zone d’intervention de l’intercommunalité dans les mangroves représente 200 hectares.

Déjà 172 tonnes de déchets collectées

Les chantiers ont débuté en novembre dernier. Depuis, une vingtaine ont été réalisés, à raison « d’un chantier par semaine », note le président. Depuis le lancement du projet, ce sont 172 tonnes de déchets – ordures ménagères, encombrants métalliques ou déblais – qui ont été collectées, soit dix tonnes ramassées en moyenne. La surface nettoyée représente 11.626 m². Les équipes de nettoyage, séparées en quatre lots géographiques – au travers d’un accord cadre à bons de commande – pénètrent jusqu’à cinq mètres à l’intérieur des mangroves. Les déchets proviennent, pour la plupart, des cours d’eaux qui amènent les détritus jetés en amont, jusqu’aux mangroves.

« En termes d’enjeux, les mangroves sont notre meilleur atout pour s’adapter au changement climatique », explique Christian Beillevaire, responsable de l’antenne mahoraise du Conservatoire du littoral. En effet, elles permettent une filtration de toutes les pollutions, mais représentent également une nurserie pour différentes espèces de poissons. « C’est un ouvrage de génie écologique, que l’on ne peut pas reproduire », ajoute-t-il. Cette démarche mise en place par l’intercommunalité, entend s’inscrire dans une politique de préservation des milieux aquatiques et de la biodiversité. « Nous œuvrons à construire un territoire durable, que nous serons fiers de transmettre aux générations futures », annonce fièrement Rachadi Saindou. L’intercommunalité investit 400.000 euros par an pour ces opérations réalisées dans les huit cours d’eaux principaux, les affluents, les ravines et dans les mangroves. « Nous devons agir collectivement et ce, dès maintenant », lance-il.

Une valorisation de la mangrove

La sensibilisation des usagers et habitants aux questions de l’environnement est une autre mission développée par la Cadema. « Notre action ne s’arrête toutefois pas à ces chantiers de nettoyage, mais s’accompagne de sensibilisation par nos brigades écogestes », notifie le président. En effet, des actions de sensibilisation à l’environnement sont mises en place dans les mangroves, notamment au travers de visites pour les scolaires, afin de montrer l’importance des palétuviers à Mayotte. Dans le 101e département, sept formes de palétuviers existent, dont trois endémiques. En complément à ces actions de nettoyage, Nassuf Eddine Daroueche, vice-président de la Cadéma explique que, « pour la nouvelle génération, nous voulons garder cet aspect mangrove » dans le quartier de M’gombani, qui représente l’une des plus importantes mangroves du territoire de l’intercommunalité. Pour cela, des îlots de fraîcheurs vont être créés, pour rappeler « l’aspect boisé » des palétuviers. L’ensemble des places de ce quartier est concerné par ce chantier, qui s’inscrit dans le projet « Action cœur de ville ».

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