Quotidiennement, des feux sont observés sur le territoire, conséquence la plupart du temps de la culture sur brûlis. Ces pratiques agricoles néfastes pour l’environnement font reculer petit à petit l’espace forestier et contribuent à l’accélération de l’érosion. Le phénomène s’est confirmé encore le weekend dernier à la pointe Handrema.
En 2014, la forêt recouvrait encore 30 % du territoire. Qu’en est-il aujourd’hui ? La question reste posée, car les puits de charbon et feux issus de la culture sur brûlis continuent de faire disparaître lentement mais sûrement l’abri forestier mahorais. Exemple encore ce weekend à la pointe Handrema au nord de l’île. De nombreux plaisanciers s’étaient arrêtés sur une plage de la presqu’île où des pseudo-agriculteurs brûlaient des végétaux. Dans l’indifférence des touristes et de certains opérateurs, les individus ont poursuivi leur activité sans être inquiétés. Alertée, la gendarmerie ne s’est même pas rendue sur place pour constater les dégâts. “On nous a déjà signalé des incidents de ce genre il y a quelques jours à Handrema. Je vais vois si j’ai une brigade nautique disponible”, s’est contenté de nous répondre l’agent au téléphone. Le signalement est resté lettre morte.
Autrefois un petit coin de paradis, la face est de la pointe Handrema est devenue une terre nue criblée de monticules de cendre au grand dam des professionnels touristiques. “Je me souviens qu’il y a pas si longtemps cet endroit était rempli d’arbres. Il y avait beaucoup d’oiseaux, mais aujourd’hui on n’entend plus leur chant puisque tout a été brûlé”, déplore un opérateur. “De plus, ils vont faire pousser des bananes pendant un an et après plus rien. Il n’y a que des pierres, le peu de terre présent va être emporté par la pluie”, ajoute-t-il.
La défense de l’environnement n’a pas la priorité ?
Le triste spectacle malheureusement ne se limitait pas à Handrema ce jour-là. Les colonnes de fumée s’élevant vers le ciel ont éclot d’un peu partout dans l’île contribuant ainsi un peu plus à la destruction du biotope mahorais.
Pourtant, en 2013 un document d’orientations forestières avait été élaboré courant 2013 par les services de l’État et l’Office national des forêts, et cela en concertation avec l’ensemble des parties intéressées : Conseil départemental, Conservatoire du Littoral, Chambre d’agriculture, socio-professionnels, associations, UI CN (Union internationale pour la conservation de la nature). Ce texte prévoit notamment la lutte contre les défrichements abusifs et la mise en oeuvre d’une stratégie de lutte contre les incendies de forêt. Malheureusement, le constat est le même. Des individus continuent de détériorer l’environnement au mépris des règles en vigueur. En 2016, l’ONF , l’État et le Département avaient également signé un accord pour des opérations conjointes. L’ONF dit organiser mensuellement des campagnes d’arrachage de bananiers et de maniocs plantés illégalement. Mais leurs interventions semblent avoir peu d’impact à long terme puisque l’agriculture clandestine vit encore de beaux jours.
Dépassées ou préoccupées par d’autres priorités comme la lutte contre l’insécurité et l’immigration clandestine, les autorités réagissent au coup par coup. En sous-effectif, les forces de l’ordre (250 agents de police nationale et 225 gendarmes départementaux) ne peuvent pas être sur tous les terrains. Faute de réaction adéquate pour lutter contre ce fléau, la forêt continue de reculer. À cela s’ajoute l’urbanisation galopante qui laisse présager un sombre avenir à la biodiversité terrestre de Mayotte. Pas sûr que le classement de 3 000 hectares de forêts en septembre dernier par la ministre des outremers va pouvoir endiguer le phénomène.
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