Le ras-le-bol face aux montagnes d’ordures à Dzaoudzi-Labattoir

Face aux montagnes d’ordures dans tous les coins de la ville, la population est exaspérée par les effluves de ces déchets. 

« Iyo tsi yatrou, iyo ya Etat » (comprendre en Français, c’est du ressort de l’État et de la commune). Dans la commune de Dzaoudzi-Labattoir, les déchets domestiques non ramassés par les services du syndicat intercommunal d’élimination et de traitement des déchets (Sidevam), trois semaines après le passage du cyclone Chido  jours (pour certaines  quartiers) , atteint des records inégalés dans d’autres localités mahoraises. Des détritus de toutes sortes jonchent les rues de la ville, dégageant une odeur pestilentielle insupportable pour les riverains et les passants. Ces montagnes d’ordures de nature multiple, mêlent les déchets domestiques aux cadavres d’animaux, victimes des pluies torrentielles et des éléments transportés par les vents, favorisant sous l’effet de la décomposition sur place, la reproduction de mouches, moustiques, cafards et autres nuisibles. 

« Franchement, ils déconnent à l’intercommunalité de Petite-Terre » s’agace Moihédja Attoumani, résidente dans le bas du quartier de Four-à-chaux, juste à côté du marché. Un dépotoir à ciel ouvert déverse ses effluves aux quatre vents. Légèrement plus en haut, dans le même quartier, le long de la route départementale menant aux Badamiers et à la rue du Commerce, une scène identique a lieu au milieu d’habitations. 

 » Vous rendez-vous compte dans quelles conditions nous vivons au quotidien ? Nous ne dormons plus le jour à cause du manque d’électricité, de nourriture et d’eau, et la nuit, en raison des relents nauséabonds de ces ordures, des moustiques et des rats« , interroge Hadidja Mohamed D.

Une révolte exprimée de plus en plus ouvertement

Du côté des préposés au ramassage des ordures, le son de cloche est totalement différent. Il leur a fallu 17 jours après Chido pour qu’ils réussissent à organiser une première méga collecte. « Nos autorités attendaient le feu vert du préfet qui a mis du temps à venir. Notre service ne disposait pas de moyens matériels suffisants pour entamer une telle opération. Il a fallu le renfort de propriétaires de gros camions pour tout ramasser. Le souci c’est que dès qu’on a fini avec site, on s’aperçoit qu’il est à nouveau inondé d’immondices deux heures plus tard », se défend un éboueur. 

En effet, le problème est plus complexe qu’il n’y paraît à première vue. Outre les éléments divers et variés issus des dégâts causés par le cyclone, les familles font le tri de ce qui leur reste. 

Conséquence, d’autres montagnes de déchets en découlent. Ensuite le semblant de retour à une vie normale génère aussi des déchets ménagers réguliers et le Sidevam a du mal à suivre la cadence. Les résidents des alentours de ces dépotoirs à ciel ouvert commencent à se révolter et à faire la chasse à celles et ceux qui viennent se débarrasser de leurs encombrants, parfois très loin de leurs domiciles. Des bouillons de culture sont légions dans les caniveaux sous dimensionnés qui ne répondent plus aux besoins actuels en termes d’évacuation d’eaux usées et saletés charriées par les eaux de ruissellement. À cela, s’ajoutent les débordements très réguliers sur les chaussées de la ville, des canalisations d’eaux usées qui ne fonctionnent plus depuis fort longtemps. Dans de telles conditions, la révolte contre la pestilence et le ras-le-bol est exprimée haut et fort.

“Un problème de sous-dotation”, explique le Sidevam »

Sollicité au sujet de cette problématique à Dzaoudzi-Labattoir, Houssamoudine Abdallah (président en exercice du Sidevam et maire de Sada) explique que ce domaine souffre de sous- équipements comme toutes les autres politiques publiques à Mayotte. « On demande aux collectivités locales d’assumer des missions publiques en fonction des moyens dont elles disposent et non de ce qu’elles devraient avoir normalement. À ce souci de base, vient s’ajouter une démographie non maîtrisée qui dépasse de très loin les moyens dont disposent les commune. À Mayotte, le syndicat assure des missions habituellement confiées (en métropole) à des éco-organismes, sans être outillé pour cela. C’est notamment le cas pour les encombrants, les textiles, les piles électriques pour ne citer que ceux-là « , explique-t-il. 

Il aura fallu attendre le passage du cyclone Chido, en décembre dernier, pour voir signer les premières conventions avec ces éco-organismes, ce qui a permis le ramassage de la première vague de déchets et de les regrouper en un seul point en attendant leur transfert à Dzoumogné en Grande-Terre. 

Toujours selon Houssamoudine Abdallah, au lendemain du cyclone, un groupe de travail (comprenant la préfecture, le Sidevam, la Direction de l’environnement, de l’aménagement du logement et de mer et la Communauté d’agglomération de Dembéni Mamoudzou) a été constitué dans le but de superviser la collecte des déchets ménagers, des encombrants et des déchets verts. Des déchets devant être dirigés vers un point de regroupement hors des villes et villages de Mayotte. L’État se serait engagé à prendre en charge leur transport vers un quai de transfert.

Journaliste politique & économique

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