Le lac Karihani, havre de paix et de biodiversité d’importance internationale

À l’occasion de la journée mondiale des zones humides, le groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (GEPOMAY) proposait samedi 26 février de découvrir le lac Karihani et son résidant emblématique : le crabier blanc.

Jumelles, longue vue, fiche d’identification… Les ornithologues amateurs commencent leur balade direction le Dziani Karihani. Après une centaine de mètres, le petit groupe atteint une clairière luxuriante où la prairie se fond avec l’étendu calme du seul lac naturel d’eau douce de l’île. Dans ce lieu hors du temps, le chant des poules d’eau ou “Kariha”, qui ont donné leur nom à ce bassin naturel, rythme les journées. Avec une superficie de 8.5 hectares, le lac Karihani abrite plus de 57 espèces d’oiseaux recensées par le groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (GEPOMAY).

Le crabier blanc star du jour

Plumage brun ou blanc, bec gris-vert ou bleu, le crabier blanc est un as de la mu et sait se faire remarquer pendant la saison des amours. Alors qu’au mois de février cette période se termine, les observateurs du jour ont la chance d’apercevoir des spécimens encore dans leur tenue d’apparat. Dans le lac, le crabier vient se nourrir et se reposer sur les branches des nombreux arbres. Si le spectacle s’avère majestueux, cet animal emblématique de l’océan Indien figure sur la liste rouge de l’union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et est classé en danger d’extinction au niveau mondial. À Mayotte, on retrouve près de 20% de la population globale de crabier blanc. De plus, depuis 2000 un arrêté préfectoral protège les 280 couples recensés en 2019.

Protection et passion

Derrière sa longue vue, Nadjima Issouffou cherche du regard les oiseaux du lac Karihani. “Regardez là un Drongo ! Et ici un couple de Guêpiers de Madagascar !” Captivés, les visiteurs apprennent à reconnaître les oiseaux qu’ils côtoient parfois tous les jours, mais auxquels ils ne font jamais attention. Originaire de l’île aux parfums et soucieuse de préserver la biodiversité unique de ce territoire, Nadjima a décidé de devenir animatrice nature pour le GEPOMAY. “Au quotidien, je réalise de la sensibilisation auprès du grand public et des scolaires”, explique la guide du jour. Avant d’ajouter : “J’ai décidé de me lancer dans ce projet et de mettre la main à la pâte pour agir en faveur de la biodiversité. À mon sens, le seul moyen de rendre l’île propre est de sensibiliser la population en leur montrant les richesses de celle-ci. Le message passe beaucoup plus facilement lorsque nous voyons les choses et que nous apprenons à connaître la nature qui nous entoure.”

Après plus d’une dizaine d’années en métropole, celle qui étudiait la physique en France métropolitaine s’est rendue compte qu’il manquait une part de nature dans sa vie. “J’ai découvert le métier d’animateur nature à Angers et j’ai adoré. Moi-même je ne m’intéressais pas à la nature lorsque je vivais à Mayotte. Nous n’avons rien à envier au reste du monde et nous devons être fiers et tout mettre en place pour sauvegarder cette biodiversité unique”, confie avec beaucoup de douceur la jeune maman. Un objectif vertueux que poursuit le GEPOMAY au sein du 101ème département en proposant à tous de venir s’immerger dans les océans de nature qu’offre l’île.

 

La labellisation Ramsar

Afin d’accroitre la protection du crabier blanc à Mayotte, le lac Karihani devrait prochainement obtenir la labllisation Ramsar. Chaque année au mois de février, les zones humides sont mises en avant afin de sensibiliser le grand public à leur importance pour l’homme et la biodiversité. Le 2 février 1971, 171 pays ont signé la convention Ramsar, aussi appelée « Convention relative aux zones humides d’importance internationale ». Son objectif est d’assurer la conservation et l’utilisation durable des zones humides, en engageant les pays à enrayer leur dégradation ou disparition. En France, 50 sites ont déjà été labellisés Ramsar.

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