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La déchèterie de Malamani comporte un espace dédié aux déchets verts, avec un broyeur).

C’est une première sur l’île : Mayotte possède enfin sa première déchèterie fixe. Inauguré à Malamani, dans la commune de Chirongui, ce nouveau dispositif doit permettre à la population de se débarrasser gratuitement d’une grande variété de déchets.

“Mayotte propre peut être une réalité.” C’est l’espoir que partage Houssamoudine Abdallah avec l’ensemble des personnalités présentes ce vendredi matin, lors de l’inauguration de la première déchèterie fixe de l’île, à Malamani (Chirongui). Après quinze mois de travaux, le président du Syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (Sidevam) a présenté cette nouvelle installation au public venu en nombre, aux différents élus présents et au préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville. Ouvert six jours sur sept du mardi au dimanche de 8 h à 18 h pour permettre autant aux particuliers qu’aux entreprises de s’y rendre, ce nouveau site peut accueillir une grande variété de déchets en vue d’être traités ensuite par différents éco-organismes partenaires (Citéo, Star, Enzo Technic Recyclage, etc.). Il comporte cinq casiers pour cinq flux : un pour les déchets verts avec un broyeur, un pour la ferraille, un pour les encombrants (canapé, lit, etc.), un pour les déchets inertes comme les gravats, et un autre pour les produits chimiques type solvants, peintures. Mais ce n’est pas tout. La déchèterie comporte également un point de collecte classique (emballage, papier, verre), une benne pour les vêtements, mais aussi un espace pour le réemploi de l’électroménager par exemple.

Éviter les dépôts sauvages

“Avec une telle installation, nous allons pouvoir éradiquer les décharges sauvages”, se félicite le maire de Chirongui, Bihaki Daouda, qui espère que cette installation sera la première d’une série et qu’elle permettra de rendre le geste de tri automatique au sein de la population. “La gratuité de ce service est un symbole fort pour notre population. Cela va encourager le tri sélectif, et éviter les dépôts sauvages. C’est un investissement pour notre avenir et pour les générations futures”, commente le président de la Communauté de communes du Sud de Mayotte, Ali Moussa Moussa Ben.

La fierté est grande parmi l’ensemble des élus, le mot “révolution” est même brandi par le président du Sidevam, qui affirme que cette première étape n’est qu’un début. La construction de sept autres déchèteries est en effet prévue : à Longoni (Koungou), à Tsararano (dans la future ZAC de Dembéni), à Bandrélé, à Badamier (Dzaoudzi), à Hamaha (Mamoudzou), à Combani (Tsingoni) et à Dzoumogné (Bandraboua). “On espère lancer les travaux de la deuxième à Longoni d’ici le deuxième semestre de 2025”, précise Houssamoudine Abdallah, qui espère voir cette dernière sortir de terre avant la fin de son mandat à la tête du syndicat dans deux ans, une installation comme celle de Malamani nécessite six mois de travaux en temps normal sans les barrages. Si ce délai est en effet court, le principal obstacle dans la mise en place de ce type de projet est l’acquisition du foncier nécessaire.

“Une traduction de l’Europe à Mayotte”

Ce projet qui a mobilisé 3 millions d’euros et l’aide du Département qui a donné le foncier gratuitement, a également bénéficié du soutien de l’Union européenne. Un point que n’a pas manqué de souligner le préfet François-Xavier Bieuville lors de son intervention. “On a pu entendre dire que l’Europe ne servait à rien. Or c’est une traduction de l’Europe à Mayotte que nous avons ici aujourd’hui”, déclare-t-il, faisant allusion aux critiques qui ont pu être faites à l’encontre du travail de la Secrétaire générale pour les affaires régionales (Sgar), qui a pour mission de gérer les crédits européens. “Avec cet outil révolutionnaire, Mayotte s’aligne en entrant dans la modernité”, poursuit-il. Tous espèrent que ce nouveau dispositif permettra de développer l’économie circulaire avec le réemploi et d’œuvrer pour le développement durable de Mayotte.