Le projet couve depuis trois ans, et il voit finalement le jour aujourd’hui. L’association Oulanga Na Nyamba construit un centre de soins et de découverte des tortues marines, à Dzaoudzi-Labattoir. Ce nouveau bâtiment permettra de mettre cette espèce au centre du patrimoine naturel de Mayotte.
La pose d’une première pierre est un moment symbolique. Mais il est aussi important pour tous ceux ayant contribué à la réalisation du projet de centre de soins des tortues marines de Mayotte. Tous les partenaires étaient présents sur le boulevard des crabes, à Dzaoudzi-Labattoir, ce mercredi 19 juillet, pour le début des travaux. C’est à cet endroit que sera implanté ce nouveau bâtiment qui devrait être construit en neuf mois si tout se passe comme prévu. Il permettra à l’association Oulanga na Nyamba d’étoffer ses missions. L’association pourra désormais prendre en charge les tortues marines blessées. « Il y aura six bassins de soins alimentés en eau de mer qui pourront accueillir six espèces en simultanée, et on espère pouvoir en soigner plus de vingt par an », précise Jeanne Wagner, la directrice de l’association.
Pour l’instant, seule une à deux tortues sont soignées car la structure n’a pas les installations nécessaires. Ce nouvel édifice va changer la donne et il sera multi-fonctionnel. En plus des bassins de soins, il y aura un laboratoire pour les analyses des tortues accueillies et les projets scientifiques, ainsi que les bureaux de l’association. Cette maison des tortues sera également un espace pédagogique puisqu’il sera ouvert au public. Oulanga na Nyamba espère recevoir 7.000 visiteurs par an.
Faire rayonner la tortue à Mayotte
Ce centre de soins de deux millions d’euros est un bâtiment écologique. Une centrale photovoltaïque composée de 60 panneaux permettra d’alimenter une grande partie de la consommation énergétique du lieu. Le matériel utilisé est du bois, tout a été pensé dans le respect de l’environnement. « Tout est fait pour avoir une emprunte énergétique faible. On voulait être exemplaire pour montrer qu’il est possible de construire de manière écologique », explique Jeanne Wagner. Cette dernière a de grands espoirs pour le futur. « Notre plus grand objectif est de faire rayonner la tortue à Mayotte. On veut montrer que ce n’est pas simplement un animal que l’on peut observer dans le lagon, mais que c’est une richesse. Et nous devons mettre en évidence cette richesse en faisant rayonner ce centre. » Elle compte sur les touristes et les locaux qui pourront le visiter et observer les animaux qui seront soignés sur place. « Ils vont s’y intéresser et plus ce centre aura du succès plus la valeur de la tortue sera reconnue. Je pense que cela va changer les mentalités de ceux qui pensent que l’environnement n’est pas la ressource première de Mayotte », poursuit-elle.
Si la directrice d’Oulanga na Nyamba est optimiste c’est parce qu’elle a vu les mentalités évoluer depuis une vingtaine d’années, à la création de l’association. À l’époque les tortues marines étaient peu considérées par la population à Mayotte, et de nos jours, « il y a de plus en plus de personnes qui reconnaissent qu’elles font partie de notre patrimoine et qu’il faut les protéger », selon elle. Il faut croire que les années de sensibilisation portent leurs fruits.
Les Nyamba Kids en mission de sensibilisation
L’association Oulanga na Nyamba vient de créer le club Nyamba Kids. Comme son nom l’indique, il regroupe des enfants qui ont pour mission de protéger les tortues à leur manière. Cela passe principalement par de la sensibilisation. « On nettoie les plages, et on parle à notre entourage pour qu’ils ne jettent pas les déchets par terre car ils risquent d’aller en mer et tueront les espèces », explique la jeune Ellina Giraud. Ces militants sont conscients de leur rôle et des enjeux pour l’avenir de l’île. « Nous sommes engagés dans ce club car les tortues marines sont un trésor qu’il ne faut pas tuer ni abîmer », ajoute Haïnia Ahamadi, une autre Nyamba kids.
Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.