Jean-François Carenco : « La biodiversité mahoraise est une richesse pour la France »

Lors des visites ministérielles, l’environnement est souvent relégué sur le banc de touche, mais pas cette fois. Dès son arrivée à Mayotte ce 21 août, le ministre délégué chargé des Outre-mer s’est rendu à la plage de Moya pour rencontrer certaines associations environnementales, ainsi que les représentants du parc naturel marin et de l’office français de la biodiversité. Un moment qui a permis à Jean-François Carenco de prendre la température et de découvrir les problèmes liés à la biodiversité mahoraise.

La couleur de la mer, le sable, et la vue imprenable sur le lagon de la plage de Moya en Petite-Terre ont séduit Jean-François Carenco. Les photos des tortues et des autres espèces sous-marines l’ont définitivement conquis. « La biodiversité mahoraise est une richesse pour la France ! » a-t-il lancé avec enthousiasme. En effet, le lagon de Mayotte est considéré comme l’un des plus beaux au monde, mais il risque de se dégrader s’il n’est pas plus préservé… C’est le cri d’alerte qu’ont lancé les acteurs environnementaux présents ce jour-là. L’île aux parfums est sujet à de nombreux problèmes environnementaux : braconnage, envasement, déforestation, pollution des rivières… La liste est longue et peu de solutions pérennes ont été envisagées.

jean-francois-carenco-biodiversite-mahoraise-richesse-france« Nous n’avons pas le droit de faire comme si nous étions satisfaits. J’ai demandé aux associations de faire des propositions claires, nettes et précises. La balle n’est pas dans mon camp, mais dans la leur et celle des élus locaux », rappelle le membre du gouvernement. Il assure que si les problèmes et solutions lui sont remontés, il prendra les décisions requises. Cela étant, ce travail de protection de l’environnement doit également passer par la sensibilisation des plus jeunes. « Il faut mettre en place des moyens d’éducation. Il faut que la biodiversité de cet archipel soit enseignée aux enfants pour qu’ils en soient fiers et qu’ils la défendent à tel point que l’on ait plus besoin de policiers, ni d’agents », insiste-t-il. Nous en sommes encore loin, et en attendant, il faut envisager d’autres possibilités.

À chaque problème, sa solution

Lors des échanges entre le ministre et les associations, celles-ci lui ont fait part de leur manque de personnel pour surveiller les plages et le parc marin. Du monde, c’est ce qu’il faut pour que les membres d’Oulanga na Nyamba et les agents du conseil départemental puissent assurer une surveillance optimale. « Notre présence est dissuasive, mais nous ne sommes pas assez nombreux pour être sur toutes les plages. Les endroits où nous ne sommes pas, les tortues se font braconner », regrette Oriane Bouichet, responsable administrative et financière de la structure qui protège les tortues. Et parfois, certains patrouilleurs se font agresser… Alors le président de l’association des maires, Madi Madi Souf, demande à l’État et au Département de « mettre l’accent pour que ces gardiens soient équipés et en sécurité ». En ce sens, le pacte de sauvegarde des tortues signé en décembre 2020 entre l’État, le conseil départemental, les intercommunalités du Sud, de Petite-Terre et certaines associations, va être renouvelé.

Le braconnage n’est pas le seul fléau de Mayotte. Le lagon est également menacé par l’envasement que l’on constate à chaque saison de pluie. « La déforestation et les constructions sauvages dans les lits des rivières sont l’une des raisons. Mais si la terre se déverse dans la mer, c’est aussi à cause des entreprises qui se permettent de faire des pistes sauvages », explique Ali Madi, le président de la fédération mahoraise des associations environnementales. Pour lui, la solution est simple, il faut sanctionner ceux qui ne respectent pas les règles. « L’éducation passe aussi par la sanction. La police et la justice doivent faire leur boulot. Il faut lutter contre les occupations illégales des terrains domaniaux. Que ce soit les mangroves, les rivières, les forêts. Et avoir une justice exemplaire, des sanctions dignes de ce nom envers les personnes physiques ou morales. » Mais en parallèle, il est nécessaire d’accompagner financièrement les propriétaires puisqu’ « on ne peut pas demander à quelqu’un de ne pas construire sans rien lui proposer », souligne-t-il. Le président de la FMAE préconise aussi une « vraie » politique de reforestation sur tout le territoire, ainsi que la protection des rivières en gardant la végétation autour. Reste à savoir si lorsque toutes ces propositions seront remontées, les autorités gouvernementales y donneront suite.

 

La FMAE indignée de ne pas avoir rencontré le ministre

Ce 21 août 2022, Jean François Carenco n’a rencontré que quelques associations environnementales (Les Naturalistes et Oulanga na Nyamba).  Une situation qui a mis en colère Ali Madi, le président de la FMAE. « Nous n’avons pas été invités. On ne peut pas venir à Mayotte, parler environnement et ne pas rencontrer une fédération qui a une trentaine d’associations adhérentes et une soixantaine d’associations sympathisantes. Il y a un problème », se plaint-il. Il se souvient de la visite d’une délégation sénatoriale il y a quelques mois, venue parler de la gestion des déchets, et là encore, la FMAE n’était pas de la partie. « La préfecture convie toujours ses amis, au même endroit, avec les mêmes associations, pour parler environnement », selon lui. Il dénonce le traitement de faveur accordé à certains. Il estime qu’il s’agit d’un choix politique. « Par exemple les Naturalistes sont contre l’allongement de la piste longue de l’aéroport alors que la FMAE, est favorable. Donc on peut se demander si la préfecture n’invite que ceux qui sont contre l’aéroport… »

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