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« Il y a désormais une quinzaine d’apiculteurs professionnels à Mayotte »

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Longtemps boudée, l’apiculture est en train de se développer à Mayotte. Mouhamadi Ambdillah, qui dirige l’exploitation Secret du Miel à Sada, revient sur les spécificités de cette pratique sur le sol mahorais et sur la nécessité de la développer afin de préserver la biodiversité de l’île. Son activité lui a permis de rejoindre le programme Leader (Liaison en actions de développement de l’économie rurale), un dispositif européen soutenant les projets à impact positif pour l’économie en zone rurale.

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Secret du Miel produit du miel d’abeilles sauvages, mais récupère également la cire, qui peut être utilisée en cosmétique.

Produire du miel mahorais. Si l’idée a longtemps été admise comme impossible, Mouhamadi Ambdillah l’a fait. « On ne se préoccupait pas trop des abeilles, on en avait peur. Or, même si à Mayotte, ce sont des abeilles sauvages, elles peuvent être élevées », indique le technicien en production animale. Si l’idée de produire du miel à Mayotte bourdonnait dans sa tête depuis longtemps, c’est en 2015 qu’il se penche sérieusement sur la question. À ce moment-là, il enseigne au lycée agricole de Coconi. Un jour, le conseil départemental de Mayotte lui demande d’apprendre l’apiculture à ses élèves. Il se forme en autodidacte pour savoir domestiquer des abeilles locales en même temps qu’il enseigne la discipline dans son établissement.

Des abeilles sauvages à dompter

Après plusieurs essais, il arrive à concevoir des ruches adaptées aux abeilles mahoraises, et en 2020, il lance officiellement son exploitation à Sada, Secret du Miel. « Notre objectif est de produire du miel local et naturel », insiste l’apiculteur. Pour ce faire, il suffit de réussir à attirer les colonies d’abeilles sauvages dans des ruches, puis de les laisser faire. Elles produisent elles-mêmes leur cire. « L’avantage, c’est que je n’ai à ouvrir les ruches que deux fois par mois, quand en métropole, les apiculteurs y vont tous les jours », explique Mouhamadi Ambdillah. Mais dompter ces abeilles n’est pas une mince affaire : « Ici, elles sont plus agressives et désertent la ruche plus facilement. »

Le caractère sauvage des abeilles entraine, en effet, de nombreuses différences avec celles de métropole, dont les espèces sont sélectionnées afin d’optimiser la pratique apicole. Les abeilles sauvages produisent par exemple moins de miel. Mais le passionné affirme que cette faible production offre en contrepartie une meilleure qualité. « En métropole, on utilise généralement des ruches à cadres dont on extrait le miel à l’aide d’une centrifugeuse. Ce procédé altère la qualité de la récolte. Avec les abeilles sauvages, on se sert de ruches à barrettes. Pour extraire le miel, il suffit de presser le gâteau de miel qu’on aura récupéré », détaille l’apiculteur. Un procédé qui permet de récupérer un miel intact et au goût plus prononcé.

Développer la filière miel à Mayotte

Secret du Miel valorise les différents produits de la ruche, comme la cire, qui peut être utilisée en cosmétique, et la propolis, une substance résineuse récoltée par les abeilles et connue pour ses vertus anesthésiantes et antiseptiques. Mouhamadi Ambdillah regrette que l’abeille mahoraise et ses produits soient peu connues du grand public. C’est pourquoi avec Secret du Miel, il fait aussi de la sensibilisation, notamment dans les écoles. « On va dans les classes ou bien les classes viennent dans notre rucher à Tahiti Plage, et on présente ce qu’on fait aux élèves », raconte-t-il, ajoutant que les enfants, en tenue d’apiculteurs, ressortent souvent passionnés de ces ateliers.

L’apiculteur travaille également à la Chambre d’agriculture (Capam), avec comme mission de structurer la filière sur le territoire, qui commence, depuis quelques années, à se développer. « Il y a désormais une quinzaine d’apiculteurs professionnels à Mayotte, et une centaine d’amateurs », se réjouit le Mahorais, confiant pour l’avenir de la filière. « On s’est rendu compte que beaucoup d’agriculteurs avaient ce projet, car ils avaient déjà des colonies sauvages sur leur terrain. On les forme alors pour apprivoiser ces colonies sauvages et les installer dans des ruches. »

Ces activités ont valu à Secret du Miel de rejoindre le programme Leader (Liaison en actions de développement de l’économie rurale), un dispositif européen soutenant les projets à impact positif pour l’économie en zone rurale. « Cela nous a permis de financer le matériel coûteux comme les ruches et les tenues de protection », ajoute Mouhamadi Ambdillah.

« Si les abeilles disparaissaient, il nous resterait quatre ans »

Le développement de l’apiculture permet de préserver les abeilles sauvages, nécessaires à la préservation de l’environnement sur l’île. « On entend souvent de la part de la communauté scientifique que si les abeilles disparaissaient, il nous resterait quatre ans », commente le Sadois. Les abeilles permettent en effet la pollinisation des plantes : leur existence est donc primordiale pour le maintien du reste de la biodiversité. « Malheureusement, à Mayotte, on a encore le réflexe de détruire les colonies quand on en trouve sur son terrain. Il faut nous appeler quand on en trouve, et nous on vient les récupérer », alerte l’apiculteur, qui insiste sur la fragilité particulière de la présence de l’abeille sur l’île, le territoire étant réduit.

Si l’abeille est nécessaire à la préservation de l’environnement, la préservation de l’environnement est aussi nécessaire à l’abeille. La sécheresse de cette année a grandement impacté la floraison, ce qui a entrainé un grand retard dans la récolte de miel. Mouhamadi Ambdillah reste néanmoins optimiste : « On a récolté moins de la moitié de ce qu’on récolte d’habitude. Mais ce retard devrait être rattrapé d’ici décembre, avec la floraison des acacias. »

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