Le Grand nord veut reprendre en main la collecte des déchets

Assurée par le Sidevam depuis sa création en 2014, la collecte des déchets dans le Grand Nord va bientôt changer de gouvernance. En effet, la communauté d’agglomération concernée souhaite reprendre la main sur le ramassage des ordures ménagères, qu’elle ne juge pas satisfaisante dans ses communes.

La communauté d’agglomération (CA) du Grand nord de Mayotte souhaite désormais exercer pleinement sa compétence en matière de collecte des déchets sur ses communes, à savoir M’tsamboro, Acoua, Bandraboua et Koungou. Cette décision politique revient à ne plus déléguer cette tâche au Syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (Sidevam), qui assure la collecte sur ce territoire depuis sa création, en 2014. « Quand on voit l’état des rues dans le Nord, ce n’est plus possible », indique Mourad Amadi, directeur général des services (DGS) de la CA du Grand nord, qui travaille sur la partie technique du dossier. « Les élus ont voulu prendre en main leur destin en matière de collecte des déchets. Cette compétence est, de toutes façons, par la loi, celle des communautés d’agglomération. »

Non satisfaite de l’état de la collecte, la communauté d’agglomération étudie depuis le début de l’année 2023 l’option de reprendre la gestion de cette compétence. En août dernier, cette dernière, après délibération, a envoyé un courrier au Sidevam lui indiquant cette décision. En retour, elle n’aurait toujours pas obtenu de réponse manuscrite.

Tout comme la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema) l’a fait en 2015, la CA du Grand Nord souhaite reprendre la main sur la collecte, mais rester dans le réseau du Sidevam pour ce qui est du traitement des déchets. En effet, il n’y a qu’un seul centre de traitement sur l’île, le centre d’enfouissement de Dzoumogné, géré par le Sidevam et qui se trouve justement dans le nord de Grande-Terre, dans la commune de Bandraboua. « Ce n’est pas une décision de retrait du Sidevam en réalité, c’est une décision d’adhérer au Sidevam, mais uniquement pour le traitement des déchets », précise le DGS.

Un coup dur pour le syndicat

« L’idée est de récupérer cette compétence qui est nôtre, la traiter en direct en termes de gouvernance, d’organisation et de stratégie, de confier la collecte des déchets à un tiers qui sait faire », développe-t-il. Ce dernier insiste sur le travail que la CA du Grand Nord compte faire sur la pré-collecte et la sensibilisation afin que les déchets soient mieux triés et réduit, afin, entre autres, d’éviter de saturer le centre d’enfouissement. Cela passera par exemple par la police de l’environnement qui va bientôt être mise en place dans la communauté d’agglomération.

C’est un coup dur pour le Sidevam, car il s’agit de la plus grosse collectivité de son réseau et de son premier financeur, à hauteur de six millions d’euros pas an, selon nos sources. Contacté, le directeur du syndicat, Chanoor Cassam, a préféré attendre avant de s’exprimer. Une réunion doit avoir lieu vendredi prochain avec l’ensemble des intercommunalités membres et devrait permettre au Sidevam de mieux évaluer l’impact que cette décision va avoir sur le syndicat.

Une gouvernance qui pourrait être controversée

Cette décision pose également la question de la future gouvernance en matière de collecte. Le président de la CA du Grand Nord, Assani Saindou Bamcolo, a été président du Sidevam de 2014 à 2020. Celui qui est également maire de Koungou a vu sa présidence du syndicat être controversée. La chambre régionale des comptes, dans un rapport sur la période de 2017 à 2019, avait notamment décrit une « gouvernance défaillante ». Une enquête pénale est en cours. Face au soulèvement de ces points, Mourad Amadi rétorque qu’il ne faut pas tomber dans la tendance à « personnifier les choses ». « Ce qui fait la qualité d’un service, c’est l’orientation politique qui est quelque chose de fort, et ça notre président, là-dessus, il est sans équivoque. Mais ce sont aussi les moyens techniques qui vont être mis derrière, les leçons qu’on va tirer du passé et dire aujourd’hui : « ce qu’on ne sait pas faire, nous, public, on va le confier au privé » », développe-t-il.

Pour l’instant, la reprise de cette compétence va aller étape par étape. « Pour être opérationnel dès 2024, nous avons lancé un marché provisoire de collecte qui lui est en cours d’attribution, les opérateurs locaux ont répondu et nous sommes en phase d’analyse des offres », relate Mourad Amadi. Dans les prochaines semaines, un choix sur une entreprise tiers pour effectuer le ramassage devrait être arrêté, et les collectes gérées par la CA du Grand nord devraient commencer avant la fin du premier semestre 2024.

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