En visite sénatoriale à Mayotte, Viviane Malet (élue de La Réunion) et Gisèle Jourda (Aude) planchent sur un rapport qui concerne la gestion des déchets dans les territoires ultramarins. Avec l’association Nayma, elles ont visité un chantier de ramassage dans la mangrove de Majicavo-Koropa et constaté l’ampleur du travail à réaliser dans le quartier Massimoni, vendredi après-midi.
« Je suis émue et surtout consternée. Je pense à l’avenir de ces jeunes qui sont là. » Vendredi après-midi, sur les hauteurs de Majicavo-Koropa, la sénatrice de l’Aude, Gisèle Jourda, peine à y croire. Une vallée remplie de déchets de toutes sortes et de carcasses de voitures traverse le quartier Massimoni. Le lieu a vu sa démographie explosée ces dix dernières années, sans que les aménagements ou la collecte de déchets ne soient réfléchis en conséquence. Résultat, quand la nuit tombe, les détritus continuent de s’accumuler sur des terrains ou dans les cours d’eau utilisés autant pour laver les véhicules ou le linge, que pour la cuisine. Les enfants qui y jouent n’y font même plus attention.
Venue déjà trois fois à Mayotte, la Réunionnaise Viviane Malet semble effarée, mais moins surprise par l’insalubrité. Les déchets en Outre-mer, sujet du rapport préparé par les deux femmes, elle connaît. Elle y a été confrontée en tant qu’élue sur son île, tandis que sa collègue de sénatrice beaucoup moins. « Je comprends les cris de désespoir des sénateurs Thani Mohamed Soilihi et Hassani Abdallah [N.D.L.R. elle siège au Sénat à côté du deuxième]. Ça m’amène à vouloir davantage les aider. C’est une question de salut public », estime la parlementaire à l’accent languedocien, smartphone à la main pour ramener un maximum d’images. Roukia Lahadj et Emmanuelle Martin, les directrice et vice-présidente de l’assocation Nayma, leur indiquent que le quartier devrait faire l’objet d’un futur chantier de collecte des déchets.
« On est la génération qui prend les choses en main »
Quelques minutes plus tôt, les deux sénatrices étaient pourtant plus enjouées sur le sable de la mangrove de Majicavo. Autour d’eux, une foule de jeunes visages, des salariés de Nayma, ramasse les morceaux de tissus coincés dans les racines. « Vous les recrutez comment ? » s’enquiert la sénatrice réunionnaise. « Pôle emploi, Croix rouge, mission locale », énumère Emmanuelle Martin, tandis que les sacs poubelles s’entassent peu à peu. Sur ce lieu nettoyé pourtant trois fois par semaine, près de 1.000 sacs de 100 litres ont été ramassés récemment en une seule journée. Malgré le retour à chaque fois des déchets via la rivière, la marée ou même par des dépôts sauvages, les salariés en insertion continuent leurs efforts comme si tout était normal. « On est la génération du plastique », s’excuse Viviane Malet, en tenant un sachet de lessive fréquemment retrouvé sur place. « On est la génération qui prend les choses en main », lui répond une jeune femme de 18 ans.
La sénatrice lui sourit. Pour que ces interlocuteurs comprennent le rôle de sa venue, elle leur explique le rôle du Sénat. « Mais le compte-rendu qu’on doit réaliser, c’est vous qui allez nous le donner. Parce que c’est vous les acteurs », conclut-elle en guise de motivation. « Ce que vous faites, vous le faites en adhésion avec les jeunes de l’Hexagone qui nettoient aussi les rivières. Vous n’êtes pas une particularité, vous êtes universels », renchérit sa consœur. Ne reste pas à les oublier au moment de faire le rapport au Sénat. Le lagon, les rivières, les mangroves et les forêts de l’île en ont cruellement besoin.