Une expédition allemande étudie les eaux mahoraises en profondeur

Un navire océanographique allemand est actuellement dans l’océan Indien afin de mener plusieurs recherches scientifiques. Ce dernier est passé par Mayotte et doit contribuer notamment à en savoir plus sur les récifs situés dans les profondeurs.

Approfondir les connaissances des eaux et des récifs mahorais : c’est une des missions de l’équipe de chercheurs qui a quitté l’Île Maurice à bord du FS Sonne, un navire océanographique allemand de grands fonds, le 8 août dernier. “C’est le fleuron des navires océanographiques !”, commente Bernard Thomassin, océanographe et directeur de recherche honoraire au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), qui a participé à d’autres expéditions de ce type au large de Mayotte. Ce navire basé à Kiel permet en effet de réaliser des prélèvements en eau profonde et ainsi d’étudier des coraux d’eau froide et leur sensibilité aux changements environnementaux. “On se concentre sur les eaux et le récif de 500 m à 1.000 m de profondeur”, précise en anglais le professeur et docteur Dierk Hebbeln au MARUM – Zentrum für Marine Umweltwissenschaften (Centre des sciences de l’environnement marin) à Brême, qui est responsable scientifique de cette expédition allemande d’une durée d’un mois.

Au nombre de 37 et de dix nationalités différentes, les scientifiques ont pour but de prélever des échantillons de récifs, coraux, d’eau, et de collecter un certain nombre de données sur par exemple la concentration de CO2, d’oxygène, de microplastiques. “Notre but est d’enrichir la littérature scientifique. Les échantillons que nous prélevons vont servir à la recherche pour les quinze prochaines années”, explique Dierk Hebbeln. Après les eaux mahoraises, le navire va se diriger vers l’Ouest de la Tanzanie puis vers l’Afrique du Sud.

Vu le coût de cette expédition (au moins 2 millions d’euros sans compter le navire), le but est en effet de collecter un maximum de données. Un peu plus anecdotique mais non moins intéressant, les chercheurs vont également mesurer le taux d’œstrogène dans l’eau. “Toutes les stations d’épuration ne traitent pas l’œstrogène qu’on retrouve dans l’eau avec la prise de pilule contraceptive. On a pu voir que cela avait un impact sur le sexe de certains crustacés par exemple”, détaille Bernard Thomassin, qui observe la mission de près, et qui a dirigé la première campagne pour étudier les pentes insulaires de Mayotte en avril 1977. “Les Allemands sont en train de reprendre les études que nous avions initiées à l’époque”, ajoute-t-il.

Compléter les données de 1977

Il y a quarante-sept ans, cette première mission avait par exemple permis de montrer que le récif du Geyser et celui de la Zélée (situés à 110 km du nord-est de Mayotte) étaient en fait deux cônes volcaniques issus d’un même volcan sous-marin. L’équipe de Bernard Thomassin avait également pu faire du carottage dans les couches sédimentaires pour pouvoir reconstituer l’histoire géologique et climatique de la zone, et prélever des échantillons de coraux par exemple. Une collection qui a été agrandie en 1991, lors d’une autre mission de l’océanographe, qui, grâce à un sous-marin allemand, a pu prélever de nouvelles espèces de coraux profonds et échantillon à 400 m sous la surface de l’eau. “Cette fois-ci, ils vont pouvoir faire des photographies, ce qu’on n’avait pas pu faire en 1977”, souligne-t-il à propos de l’actuelle mission du FS Sonne, qui permettra de connaître un peu mieux la physicochimie des eaux de l’océan Indien, dans un contexte de réchauffement des océans induit par le dérèglement climatique.

Journaliste à Mayotte depuis septembre 2023. Passionnée par les sujets environnementaux et sociétaux. Aime autant raconter Mayotte par écrit et que par vidéo. Quand je ne suis pas en train d’écrire ou de filmer la nature, vous me trouverez dedans.

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