Clap de fin pour la résidence artistique de Sylvain Trabut à Mayotte. Mercredi 6 avril, avait lieu le vernissage de l’exposition “Invente ta créature fantastique”. Pendant plus de deux semaines, l’artiste originaire du Gers n’a pas cessé de créer et de partager sa passion pour les figures miniatures qu’il réalise à partir de matériaux glanés au cours de ses balades.
Tout droit sortis d’un conte de fée, les personnages inventés par les élèves de Dzaoudzi-Labattoir fascinent. Encadrés par l’artiste Sylvain Trabut et Thomas Aymeric, professeur d’arts plastiques, les écoliers ont donné vie aux matériaux qu’ils foulent chaque jour sans même les apercevoir. Feuilles, branches, brindilles ou encore déchets plastiques, entre les mains des collégiens, mais aussi des CM1 et CM2 scolarisés en Petite-Terre, un monde merveilleux ouvre ses bras.
Dans la salle polyvalente du collège Boueni M’Titi, professeurs, enfants et parents se pressent pour venir observer ces curieux personnages. Roussette, tangue, chèvre, silhouette humanoïde, l’imagination des jeunes artistiques leur permet d’inventer des créatures loufoques à qui il ne manque que la vie.
Développer des compétences naturalistes
D’abord émerveillés par les pommes de pain et autres matériaux naturels emmenés par l’artiste de métropole, les enfants ont également appris à découvrir la nature qui les entoure.
“Nous sommes allés, guidés par l’office national des forêts (ONF), dans la forêt de Dapani afin de montrer aux élèves la richesse de la biodiversité mahoraise”, explique Aileen Bar, professeur de sciences de la vie et de la terre et référente E3D (Établissement en démarche globale de développement durable) au collège de Dzaoudzi-Labattoir. Pour les éco-délégués qui ont participé activement à ce projet, l’objectif était double : développer leur capacité artistique mais aussi leurs compétences naturalistes.
L’aventure “Invente ta créature fantastique” a permis aux élèves de “sortir de leur zone de confort”. Glaner des pousses ou encore des graines, apprendre de quel arbre tout cela provient, prendre conscience de la pollution des espaces naturels ou même aller sur Grande-Terre pour la première fois de leur vie, cette expérience présente un intérêt pédagogique non négligeable pour les professeurs. “À la suite de l’exposition nous pourrons aisément réinvestir en cours de SVT les connaissances abordées sur le compostable ou encore la dispersion des graines et des végétaux qui sont des éléments du programme scolaire », affirme Julie Frances, professeur de sciences de la vie et de la terre, à l’origine de trois classes environnement au sein du collège Bouéni M’titi.
“Un moment touchant”
Partir d’éléments ramassés à même le sol et les transformer en un ami imaginaire, voilà qui a passionné les enfants. “J’ai vécu ici des moments très touchants”, confie Sylvain Trabut, “après avoir créé leur petits personnages, les élèves les ont mis en scène dans l’arboretum de l’école. Certains leur parlaient ou se sont pris en photo avec eux.” Un pari réussi pour ce passionné de la nature qui narre au quotidien sur ses réseaux sociaux les aventures de ses compositions. Un bon moyen de se mettre à distance du quotidien et de regarder vivre ces drôles de petites bêtes… réelles ou fictives dans la biodiversité exceptionnelle de l’île aux parfums.