Une électricité mahoraise garantie sans carburants fossiles ?

La transition énergétique n’est pas une chimère pour Électricité de Mayotte (EDM). Après des tests concluants, l’usage du fioul pourrait rapidement devenir un vieux souvenir dans les centrales de Longoni et des Badamiers. Le basculement de ce combustible fossile vers un biocarburant pourrait être effectif en 2024 et comporter plusieurs avantages pour la population mahoraise.

Le département de Mayotte s’apprête à emboiter le pas à l’île voisine de La Réunion qui prévoit de passer à l’usage des biocarburants dès l’année prochaine. Le choix d’Électricité de Mayotte (EDM), entreprise publique, d’opérer cette transition énergétique très prochainement, en ayant recours à un combustible bioliquide en 2024, est à considérer comme un signal fort donné par les pouvoirs publics du 101ème département français qui ne veulent pas être à la traine dans ce domaine. L’objectif affiché dans ce projet est de parvenir dans des délais relativement courts, à produire 100 % d’énergie vert, sans polluants, réduire autant que possible les rejets de polluants dans l’atmosphère et leurs impacts sur la santé des Mahorais. Des tests réalisés dans les centrales de Longoni et Badamiers en Petite-Terre durant le mois juin 2022 ont mis en évidence une baisse significative de ces rejets nocifs dans l’air. Sur le plan technique, rien n’empêcherait ce changement de cap d’après Echat Nourdine, l’une des personnes en charge de ce dossier au sein d’EDM.

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Électricité de Mayotte (EDM) se donne deux ans pour mettre fin à l’utilisation de carburants fossiles.

Pour cesser définitivement de recourir au fioul, le choix s’est porté sur un combustible bioliquide obtenu à partir du colza (voir ci-dessous), une culture très largement répandue en métropole. Autrement dit produire sur le département une électricité non polluante, 100 % made in France, avec l’assurance d’un approvisionnement garanti toute l’année, sans risques d’interruption pour cause de problèmes politiques et géostratégique comme c’est le cas actuellement avec les approvisionnements de gaz naturel en provenance de Russie remis en cause avec la guerre en Ukraine. La société a besoin de 100.000 tonnes de ce biocarburant pour faire tourner les deux centrales durant toute l’année, une quantité que ses futurs fournisseurs (à choisir dans le cadre d’un appel d’offres) seraient en parfaite capacité de fournir.

Pas d’investissements supplémentaires

A l’instar des carburants fossiles, le cours de ce produit bioliquide peut être fluctuant sur le marché national ou mondial, et même atteindre parfois le double du prix du fioul, mais la décision publique de prioriser la préservation de l’environnement et la santé publique sur l’île sera irréversible. Mais que le contribuable mahorais se rassure, en pareilles circonstances, un mécanisme de péréquation est prévu par les pouvoirs publics pour amortir le choc et éviter qu’il ne se répercute dans le porte-monnaie des usagers. Autre élément d’intérêt capital, EDM n’aurait pas besoin d’investir dans l’acquisition de nouveaux moteurs, les équipements actuels des deux centrales seraient parfaitement compatibles avec ce biocarburant, un simple rinçage à l’eau serait préalablement nécessaire. Il en serait de même pour les installations de Total Mayotte qui ne sera pas fournisseur de ce nouveau combustible, mais qui continuera à en assurer le transfert (par pipeline) du bateau transporteur vers les cuves et le stockage sur les deux sites (Longoni et Badamiers), sachant toutefois qu’une cuve supplémentaire serait à construire en Grande-Terre. Cette conversion bioliquide des centrales EDM devra patienter jusqu’à la validation du plan pluriannuel d’énergie (PPE) de Mayotte, d’abord par la préfecture et le conseil départemental de Mayotte, ensuite par les instances du ministère de la Transition énergétique à Paris. Mme Echat Nourdine se veut confiante quant à la première phase de validation de ce PPE et espère qu’elle interviendra avant la fin de cette année.

 

EDM jette son dévolu sur le colza

Le colza est une plante cultivée en Europe depuis de très nombreuses années pour l’alimentation animale et l’industrie agroalimentaire. Seulement 44 % du cycle de la production industrielle est affectée à l’extraction de combustible bioliquide. A l’inverse du gazoil, l’utilisation à Mayotte de carburant vert à base de colza ne gênera pas de déchets hautement dangereux et cancérigènes qu’il faudra faire traiter hors du territoire et évacuer dans le respect de normes et réglementations draconiennes. Les résidus issus de l’utilisation de ce biocarburant choisi par EDM seront entièrement biodégradables et sans impact sur la nature.

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