Ce jeudi 12 août, Edeis, le délégataire de l’aéroport, a mené conjointement avec les services techniques de la ville de Pamandzi une opération de nettoyage le long de la clôture de la piste, côté littoral. Au total, pas moins d’1.5 tonne de déchets a été ramassée sur un périmètre de 600 mètres au cours de la matinée. Les deux partenaires ont déjà prévu de renouveler cette initiative de manière régulière.
« Vous n’avez pas remarqué que toutes les claquettes se trouvent au même endroit ?» Sous une chaleur de plomb, Bousry n’en perd pas son humour malgré la tâche ardue qui l’incombe ce jeudi 12 août. Entouré d’une quinzaine de ses collègues du service technique de la ville de Pamandzi et autant de l’entreprise Edeis, le délégataire de l’aéroport, l’agent au chapeau fleuri se démène comme un diable pour dénicher toutes les babioles englouties sous ses pieds. « C’est top de réaliser cette opération pour la commune », confie-t-il, large sourire aux lèvres, avant de connaître le résultat de ce dur labeur, à savoir 1.5 tonne collectée en l’espace de quelques heures.
À deux pas de la piste aéroportuaire et face à une vue idyllique sur Grande-Terre, le groupe balaie un périmètre de 600 mètres sur lequel les déchets s’accumulent en masse à cause des forts coefficients de marée des dernières semaines. « Il faut que les gens fassent davantage attention. Nous faisons leur boulot là », souffle désabusé Django, au moment de balancer son sac plastique par dessus la clôture afin d’être récupéré par un camion, direction la déchetterie de Petite-Terre. « Je ne m’attendais pas à en ramasser autant ! » Réfrigérateurs, bonbonnes de gaz, chaussures… Et une avalanche de bouteilles en plastique, dont le temps de décomposition peut prendre jusqu’à 1.000 ans.
La pêche et l’immigration en cause ?
D’où cette initiative de donner une cure de jouvence à cette partie du littoral, pourtant peu prisée par les promeneurs et les baigneurs en raison de sa difficulté d’accès. « Une partie est peut-être générée par les pêcheurs », émet comme hypothèse Olivier Capiaux, le directeur d’Edeis sur le territoire. « Mais nous ne pouvons pas non plus s’empêcher de penser aux effets de l’immigration clandestine. Certains déchets sont peut-être aussi l’objet de drames au large. » Deux possibilités qui restent encore à prouver tant la quantité rejetée par le lagon s’avère abyssale.
Pas question pour autant d’incriminer qui que ce soit. Le but de la démarche reste avant tout de mettre un coup de projecteur sur ce type d’action et de sensibiliser le plus grand nombre sur ce fléau qui gangrène l’île depuis de nombreuses années. « Il nous faut un système pédagogique qui va petit à petit pousser la population à prendre conscience et à faire évoluer les mentalités », persiste et signe Ibrahim Madi M’Dahoma, le premier adjoint de Pamandzi en charge de l’urbanisme, de l’aménagement et de la propreté. Avant de pointer du doigt la prolifération désastreuse de matériaux non putrescibles, délaissés par terre comme de vulgaires feuilles de manioc ou de cocotier. « Nous avons continué à faire comme avant », regrette-t-il, tout en assurant que la municipalité fait de la protection de l’environnement l’une des priorités de sa mandature. « Tous les jours, nous nous efforçons d’expliquer aux habitants la façon dont il faut jeter les ordures. »
Face à cette mission générationnelle, la ville peut compter sur un soutien de poids avec Edeis. « En tant qu’allié des territoires, nous nous devions d’apporter notre pierre à l’édifice », assure Olivier Capiaux. « Nous sommes sensibles à l’environnement. Nous avons un aéroport extramarin, il faut le protéger. Avec le projet de piste longue convergente, tout cela va de pair. » Alors pour montrer sa bonne foi, le délégataire promet de renouveler cette opération tous les trois ou six mois en fonction des besoins. Voire même de s’attaquer également à la plage de Moya 1, qui se trouve dans l’empreinte de l’infrastructure. Une belle promesse aux yeux de Bousry. « C’est une bonne nouvelle pour nos enfants avec l’espoir qu’ils ne se baignent plus dans cette saleté ambiante. »
Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.