Des alternatives pour se préparer à des nouvelles restrictions

L’alimentation en eau potable et ses problèmes est au cœur des préoccupations pour beaucoup d’habitants de Mayotte. Et pour cause, après le ramadan, face à la sécheresse, au déficit pluviométrique et au manque accrue des ressources en eau, de nouvelles coupures pourraient être annoncées par les autorités compétentes (voir encadré). Face à ces potentielles nouvelles annonces, les particuliers devront s’adapter et prendre de nouvelles habitudes.

La crise de l’eau qui se dessine à un goût de déjà-vu pour de nombreux habitants de l’île. En effet, le département est dans une situation presque similaire à celle vécue en 2016 et 2017, où l’île avait connu une pénurie en eau historique, avec des coupures d’eau un jour sur deux pendant de longues semaines. Il y a trois ans, une nouvelle pénurie avait également été ressentie, provoquant elle aussi la mise en place de mesures. Cette année, la situation qui se profile semble encore pire.  Depuis décembre dernier et la mise en place des coupures d’eau bi-hebdomadaires, chacun se prépare à sa façon. Bacs de rétention d’eau, citerne individuelle, générateur d’eau à base d’air, à Mayotte, différentes possibilités pour les particuliers existent. Mais ces solutions sont souvent liées à la pluviométrie ou demandent un investissement pécunier, et donc pas accessibles à tous.

Les eaux de pluie, une force sur l’île

Malgré le peu de pluies cette année, la récupération des eaux pourrait permettre une forte atténuation de la pénurie. Des installations provisoires ou durables, plusieurs dispositifs existent. Et il faut bien faire attention. Sans une filtration correcte et maîtrisée, l’eau ne peut être utilisée domestiquement. La règlementation en matière de récupération des eaux de pluie a évolué et s’est traduit par l’arrêté du 21 août 2008. Cet arrêté notifie que l’eau de pluie « collectée à l’aval de toitures inaccessibles peut être utilisée pour des usages domestiques extérieurs au bâtiment. A l’intérieur d’un bâtiment, l’eau de pluie collectée à l’aval de toitures inaccessibles, autres qu’en amiante-ciment ou en plomb, peut être utilisée uniquement pour l’évacuation des excrétas et le lavage des sols ».

Du stockage pouvant aller de 150 à 4.000 litres peut être installé chez les particuliers. Des enseignes situés à Kawéni, Majicavo ou même Mamoudzou se voient être en rupture de stock actuellement sur les différents réservoirs. Chez les rares magasins où il est possible de s’en procurer sur l’île, les prix peuvent atteindre plusieurs centaines d’euros. Souvent, il faut compter plusieurs milliers d’euros pour l’installation d’une cuve ou d’un réservoir. Un prix très élevé, tant pour les particuliers que pour les entreprises. Un investissement que tous les habitants ne peuvent réaliser.

Les coupures, une habitude

Mais à Mayotte, comme depuis plusieurs années maintenant, les habitants de l’île sont habitués à prendre leurs précautions quant aux coupures d’eau intempestives. Cette fois, si ces dernières durent 24 ou 48h, les bassines d’eau et divers contenants installés dans les foyers devront être de tailles adéquates. Une vraie recherche à la perle rare est désormais lancée. Par-ci, par-là, dans les supermarchés, les magasins spécialisés ou encore les Doukas, on peut trouver des bassines, de différentes tailles, de la petite à la très grande d’environ 1.300 litres. Pour quelques dizaines d’euros jusqu’à plusieurs centaines, il est possible de s’en procurer chez différents distributeurs. Cependant, l’eau conservée en dehors d’un réfrigérateur doit être renouvelée quotidiennement afin d’éviter qu’elle ne s’altère. Dans le but d’assurer la consommation d’eau potable quotidiennement, sans système de filtration sur une réserve d’eau, l’achat de packs de bouteilles d’eau (limités à deux dans plusieurs magasins) pourra être de rigueur.

De l’eau avec de l’air

Sur l’île aux parfums, l’eau présente dans les airs s’élève à 70 % de la masse, ce qui en fait une très grande ressource potentielle d’eau accessible. C’est avec cette idée, que le distributeur d’eau par l’air, Osoley, a été conçu. Convenant au grand public et aux professionnels, il aspire l’eau contenue dans l’air et transforme le H2O en gouttes d’eau. Pour un prix de 2.900 euros, le distributeur fournit 30 litres d’eau par jour. « Une première commande de 40 distributeurs a été écoulée, nous lançons une deuxième vague de commandes », explique Sébastien Fumaz, distributeur agréé Osoley sur l’île. Pour cette nouvelle commande, 70 sont d’ores et déjà en pré-commande et 120 devraient être livrés sur l’île, pour permettre à cette entreprise, qui se lance sur le marché mahorais, de moins travailler à flux tendu.

Il faut tout de même tenir compte qu’un délai de trois mois est nécessaire pour la fabrication et la livraison à Mayotte.

Des mesures annoncées fin avril ?

Un nouveau rythme des coupures – ou le maintien du dispositif actuel – devrait être annoncé d’ici la fin du mois d’avril, indique la préfecture de Mayotte. Le jeudi 23 mars dernier, le comité de suivi de la ressource en eau à Mayotte (Météo-France, le syndicat Les eaux de Mayotte, SMAE, Dealm, ARS, préfecture de Mayotte) avait décidé de maintenir les deux tours par semaine. Dès le lendemain, sur le plateau de Mayotte la 1ère, Thierry Suquet avait laissé entendre « qu’un renforcement des restrictions » pouvait intervenir à la fin du ramadan. Apparemment, il faudra donc attendre encore un peu pour connaître ou non un nouveau rythme des coupures.

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