Davantage que les coupures d’eau du soir, il sera bientôt plus facile de se souvenir des jours où nous aurons de l’eau. En dépit d’un système qui est passé à trois interruptions par semaine il y a une douzaine de jours seulement, Mayotte devra s’habituer à quatre, puis à une cinquième à la fin de l’année scolaire.
Le rythme des nouvelles coupures d’eau s’accélère sur l’île aux parfums ! La sécheresse que connaît le département met en difficulté les infrastructures du réseau, qui ne peuvent compter sur les deux retenues collinaires au niveau bien trop bas de Dzoumogné et Combani. Le préfet de Mayotte, le syndicat des Eaux de Mayotte (ex-Smeam), la Société mahoraise des eaux (le délégataire du syndicat), l’Agence régionale de santé et les services de l’État ont échangé, ce jeudi, au conseil départemental de Mayotte, avec les élus et les parlementaires. « L’enjeu est de s’adapter collectivement avec de nombreuses mesures alternatives et complémentaires, tant sur le plan de la distribution que sur l’augmentation de la ressource : recherche et résolution des fuites sur le réseau, fourniture et implantation d’osmoseurs de moyenne ou de grande capacité, développement de la capacité de l’usine de dessalement, implantation de cuves dans les établissements scolaires et de santé, distribution de kits d’économie d’eau, contrôle des prix de l’eau embouteillée et travail sur les approvisionnements, ce qui permet une non rupture des stocks,… », rappelle la préfecture de Mayotte, dans un communiqué envoyé vendredi après-midi.
Le comité de suivi de la ressource en eau a d’ores et déjà décidé en fonction des communes, villages ou quartiers du département, qu’on devra se plier, dès le lundi 12 juin, à quatre interruptions d’alimentation en eau potable par semaine, et de 17h à 7h le lendemain (voir tableau). Cela implique qu’il y aura au moins deux coupures deux soirs d’affilée. Le lundi 22 mai, il y a dix jours seulement, le nouveau calendrier instaurait trois coupures hebdomadaires. Et ce n’est pas fini. « Un cinquième tour nocturne devrait être mis en place à la fin de l’année scolaire », préviennent les services de l’État.
Les retenues à 28,2% et 47,3% de leurs capacités
La fermeture du réseau d’eau plusieurs soirs par semaine permet de maintenir l’activité économique dans la journée et l’ouverture des écoles. Toutefois, l’équilibre reste fragile. Le territoire n’a pas connu pareille sécheresse depuis 1997. Les deux retenues collinaires, permettant l’approvisionnement pendant la saison sèche, restent à des niveaux inquiétants. « La retenue de Dzoumogné est actuellement remplie à 28,2 % contre 98 % en 2022 à la même période. Celle de Combani est remplie à 47,3 %, contre 97,1 % en 2022 à la même période », constate la préfecture.
« Plus qu’hier, il est impératif d’adopter les bons gestes (arrosage par récupération des eaux de pluie ou issue des climatiseurs, gestes du quotidien, strict respect de l’arrêté préfectoral : non nettoyage de voitures, des façades…) », ajoute-elle. Devant les élus, ce jeudi, le préfet a de nouveau confirmé que les travaux à l’usine de dessalement de Petite-Terre sont en cours. La SMAE, filiale de Vinci, avait obtenu l’année dernière une rallonge de 4,2 millions d’euros pour son site de Pamandzi qui produisait 1.300 m3 d’eau par jour, loin des 4.700 m3 promis.
Retrouvez dans le dernier numéro de Mayotte Hebdo (n°1046) comment les secteurs économiques de l’île s’adaptent à la crise de l’eau. C’est en ligne et c’est gratuit : www.mayottehebdo.com/mayotte_hebdo/
Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.