Au point mort depuis de nombreuses années, le projet de retenue collinaire d’Ourovéni pourrait bien entrer dans une première phase nécessaire à sa concrétisation. Une enquête publique est sur le point de s’ouvrir afin de déclarer les terrains nécessaires à sa construction d’utilité publique. Une procédure qui pourrait engendrer un recours à plusieurs expropriations.
Le projet de retenue collinaire d’Ourovéni passe enfin la seconde. Cette troisième retenue, qui viendrait compléter celle de Combani et de Dzoumogné, est en projet, ou plutôt bloquée, depuis de nombreuses années. En cause ? L’acquisition du foncier à Tsingoni et Chiconi, que le syndicat Les Eaux de Mayotte n’a toujours pas réussi à négocier avec les familles propriétaires. Parmi elles, la famille Bamana à qui appartient une grande partie des terres nécessaires au projet, soit 159.026 m2 sur les 650.000 m2 qui doivent être occupés par la future retenue.
Face à la croissance démographique (un doublement de la population prévu à l’horizon 2050) et au réchauffement climatique qui va rendre les pluies de plus en plus rares, une troisième retenue est jugée nécessaire pour renforcer les capacités des deux autres : 1,5 million de mètres-cube à Combani et 2 millions de mètres-cube à Dzoumogné. La retenue d’Ourovéni aurait vocation à pouvoir contenir au maximum 3 millions de mètres-cube d’eau. Elle est donc primordiale, d’après les études menées par Les Eaux de Mayotte : « Les infrastructures existantes ne permettent plus de pourvoir aux besoins d’alimentation en eau potable du territoire. [La retenue collinaire d’Ourovéni] va nécessairement permettre de contribuer à remédier aux difficultés liées à l’alimentation en eau potable ».
Une déclaration d’utilité publique nécessaire
Face à l’impossibilité de convenir d’un accord avec l’ensemble des familles propriétaires des parcelles, le syndicat écrit dans son dossier d’enquête parcellaire préalable à la déclaration de cessibilité : « Après avoir constaté l’échec des négociations amiables, [le syndicat Les Eaux de Mayotte] n’a d’autres alternatives que d’avoir recours à la déclaration d’utilité publique (DUP) par voie d’expropriation ». Il a donc sollicité le préfet de Mayotte afin qu’il prenne un arrêté d’ouverture d’enquête publique préalable à la DUP.
Un arrêté qui a été pris, car pendant un mois, à partir du 10 juin, des permanences se tiendront à la mairie de Chiconi et à la Maison des Jeunes et de la Culture (MJC) de M’roalé, dans la commune de Tsingoni (voir encadré). Puis, dans les trente jours suivant la fin de l’enquête, le commissaire enquêteur devra rendre son rapport à la préfecture, qui pourra ensuite prononcer par arrêté la cessibilité des parcelles nécessaires à l’opération, qui pourront faire l’objet d’une expropriation contre dédommagement si aucun accord à l’amiable n’est trouvé.
Interrogé sur l’issue d’une expropriation, Soulaimana Bamana nous a assuré de son côté que les négociations avaient bel et bien abouti, et que les terrains allaient être vendus. « La DUP est une procédure normale, donc ça ne pose aucun problème », assure-t-il. Si l’accord trouvé n’a pas filtré, le montant total estimé d’acquisition des terres de l’ensemble des propriétaires est estimé à 5.714.630 euros.
Des permanences pour recueillir l’avis du public
L’enquête publique préalable à la déclaration d’utilité publique (DUP) est une étape obligatoire. Il s’agit d’une procédure d’information et de consultation de citoyens, pendant un mois. Pour ce faire, plusieurs permanences sont organisées à la mairie de Chiconi et à la Maison des Jeunes et de la Culture de M’roalé, dans la commune de Tsingoni, le lundi 10 juin de 9h à 12h, mardi 11 juin de 13h30 à 16h30, lundi 17 juin 2024 de 9h à 12h, mardi 18 juin de 13h30 à 16h30, lundi 24 juin 2024 de 9h à 12h, mardi 25 juin de 13h30 à 16h30, lundi 1er juillet de 9h à 12h, mardi 2 juillet de 13h30 à 16h30, lundi 8 juillet de 9h à 12h, mardi 9 juillet de 13h30 à 16h30. Pendant toute la durée de l’enquête, les autres jours, le public pourra exprimer ses observations et propositions sur le registre d’enquête mis à disposition au sein des lieux de permanences durant leurs horaires d’ouverture habituelles. Il pourra également exprimer ses remarques par courrier à la mairie, à l’attention de la commission d’enquête sans oublier de mentionner « Enquête publique conjointe réalisation de la retenue collinaire d’Ourovéni ». Les habitants peuvent également écrire directement à la préfecture par courriel à l’adresse : pref976-enquete-publique@mayotte.gouv.fr.
Journaliste à Mayotte depuis septembre 2023. Passionnée par les sujets environnementaux et sociétaux. Aime autant raconter Mayotte par écrit et que par vidéo. Quand je ne suis pas en train d’écrire ou de filmer la nature, vous me trouverez dedans.