Crise de l’eau : Une centaine d’ambassadeurs de l’eau déployée

Pour sensibiliser les habitants sur les bons comportements à adopter face au manque d’eau, plusieurs associations prévoient d’envoyer sur le terrain des ambassadeurs de l’eau, recrutés en service civique. Certains, déjà en place, accompagnent également la population dans l’installation kits hydro économes.

Face à la pénurie d’eau sur l’île, l’association Mlezi Maore recrute 100 ambassadeurs de l’eau en service civique. « Le but est de faire de la sensibilisation auprès des habitants de l’île sur les économies d’eau, la façon dont l’eau arrive à Mayotte, ou encore sur les enjeux autour de l’utilisation des autres sources d’eau comme les puits ou les rivières », explique Salha Es Sassi, directrice Insertion et Vie sociale de l’association. Pour réussir cette mission, Mlezi Maore recrute vingt jeunes en service civique par communauté d’agglomération.

Des kits pour économiser l’eau

« Depuis le début du mois, on a déjà reçu trente candidatures et retenu seize d’entre elles », raconte Salha Es Sassi, qui se réjouit de ce nombre, tout en évoquant les difficultés liées au recrutement. « Certains candidatent alors qu’ils ont déjà fait un service civique, or on ne peut que recruter des personnes qui n’en ont jamais fait. On a aussi des candidats qui n’ont pas tous leurs papiers. »

Les ambassadeurs de l’eau et leurs médiateurs, en dehors de leur mission de sensibilisation, vont aussi accompagner les habitants dans l’installation de kits hydro économes qui permettent de consommer deux fois moins d’eau en aérant son flux. « On ne va pas juste les distribuer, on veut vraiment accompagner les foyers dans l’installation de ces kits pour être sûrs qu’ils soient bien utilisés », ajoute Salha Es Sassi.

« Nous sommes sur le terrain tous les jours »

Du côté de l’association Jardin de M’tsangamouji, qui travaille en partenariat avec Mlezi Maore, les ambassadeurs de l’eau ont commencé leur mission au mois d’août. Ils sont huit répartis entre Acoua et M’tsangamouji. « La mission se passe bien et ils sont plutôt bien accueillis. Ils sensibilisent par exemple la population à ne pas aller prendre de l’eau au niveau des captages. On sent qu’il y a une prise de conscience. On installe également des économiseurs d’eau », explique Moussa Nassim, président de l’association.

« Nous sommes sur le terrain tous les jours, on essaye aussi de rassurer la population. On n’arrive pas toujours à voir tout le monde, car la plupart des gens travaillent à Mamoudzou. C’est pour cela que l’on vient aussi le samedi », explique Anli Mabou, médiateur pour l’association qui a l’habitude, désormais, d’informer la population sur les problématiques d’eau. En effet, depuis 2018, le Jardin de M’tsangamouji mène des actions de sensibilisation sur l’utilisation de la ressource en eau. Elle organise ainsi des visites de la rivière, des forages, de l’usine de traitement de l’eau et des captages. C’est dans cette logique que l’association souhaite désormais recruter des services civiques pour travailler sur la préservation de la rivière de M’tsangamouji.

De son côté, Salha Es Sassi est confiante à l’idée de trouver prochainement les 84 ambassadeurs nécessaires pour compléter le recrutement chez Mlezi Maore, tout en rappelant que les candidats doivent avoir moins de 26 ans et n’avoir jamais encore fait de service civique.

La vigilance pour la non-conformité de l’eau levée

Jeudi matin, l’Agence régionale de santé (ARS) avait indiqué que des contrôles sur la qualité de l’eau avaient conclu à deux non-conformités en Petite-Terre et sur le réseau englobant des villages de Koungou et Mamoudzou. Les villages de Dzaoudzi, Labattoir, Pamandzi, Koungou, Majicavo 1 et 2, Hauts-Vallons, ainsi que Kawéni, M’tsapéré, Ambassadeur, Doujani et Passamaïnty (quartier de Ngnambo Titi uniquement) pour la commune de Mamoudzou, étaient concernés. La préfecture de Mayotte et l’Agence régionale de santé (ARS) confirment que de nouveaux contrôles font apparaître un retour à la conformité, ce dimanche.

Cependant, les préconisations de l’Agence pour le retour de l’eau sont toujours en vigueur. Il est conseillé de la bouillir dans les six heures en cas de coupure d’eau nocturne et dans les douze heures lors d’une interruption de plus de 24 heures.

Un renforcement des pouvoirs du préfet

Compte tenu de la gravité et de la durée de la crise hydrique à Mayotte, le Gouvernement a décidé de renforcer de manière temporaire et encadrée sous l’autorité du préfet de Mayotte l’organisation de la direction des moyens de l’État. Pour ce faire, les dispositions de l’article 27 de la loi de programmation du ministère de l’Intérieur (LOPMI), codifié à l’article 742-2-1 du code de sécurité intérieure sont activées pour la première fois.

Compte tenu de l’état de la ressource en eau à Mayotte et d’un retour à la normale qui n’est pas attendu avant plusieurs mois, cette disposition doit permettre de faire face aux risques tant sanitaires qu’en matière d’accès aux biens de première nécessité (approvisionnement en potable) ou qu’en termes d’ordre public. « Concrètement, ces dispositions permettent au préfet de Mayotte, autorisé par le préfet de la zone de défense et de sécurité du Sud de l’océan Indien, d’exercer une autorité fonctionnelle sur l’ensemble des services de l’État pour les seules mesures liées à la gestion de la crise hydrique », informe la préfecture, au travers d’un communiqué. Cela concerne notamment le rectorat de Mayotte, l’ARS ou l’OFB et Météo France. L’objectif est d’inscrire l’action des services déconcentrés et des établissements publics de l’État dans un cadre cohérent et sous une direction unique. Ces dispositions sont prises pour un mois, renouvelable par période maximale d’un mois, et elles prendront fin dès que les circonstances qui les ont justifiées ne seront plus réunies.

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