Dans la continuité de sa visite sur l’île de Mayotte, le ministre délégué chargé des Outre-mer, Philippe Vigier, est allé à la rencontre du détachement de traitement de l’eau des formations militaires de la Sécurité civile (Formisc) ce jeudi, à Ouangani. Il s’est également rendu sur une opération de détection de fuites sur le réseau d’eau à M’tsapéré.
Afin de faire un point d’étape sur les chantiers d’urgence menés à Mayotte dans le cadre de la crise de l’eau que connait le territoire, le ministre délégué chargé des Outre-mer, Philippe Vigier, a rencontré le détachement de traitement d’eau potable, basé à Ouangani. Ce jeudi matin, les sapeurs-sauveteurs s’étaient tous réunis à l’unité pour expliquer leur mission, ainsi que le processus de potabilisation, de la rivière à la distribution. Dépêchée à Mayotte depuis la mi-septembre, la Formation militaire de la Sécurité civile potabilise de l’eau douce depuis la rivière Coconi. Sans annoncer de planning, le commandant Luc, chef de détachement a expliqué que ses équipes resteront « tant que le besoin est là ».
Des cuves et des contenants individuels
Possédant une autonomie complète de fonctionnement, l’unité de traitement de l’eau peut produire jusqu’à 200 m3 d’eau par jour. S’adressant aux Formisc, Philippe Vigier a reconnu que « ce qui n’existait pas il y a un mois est désormais concret par la capacité que vous avez à produire de l’eau potable, avec des process et des étapes qui ont été validés avec de la rigueur scientifique ». En sus des opérations de potabilisation, des analyses sont effectuées directement par les sapeurs-sauveteurs. Ces dernières portent notamment sur la turbidité de l’eau, mais aussi sur des paramètres physico-chimiques et microbiologiques. Une fois traitée, analysée et potabilisée, l’eau est ainsi stockée sur place pour pouvoir remplacer en cas de défaillance, le réseau.
Afin de prendre en compte les spécificités du territoire, l’installation de rampes mobiles a été adaptée sur les conteneurs-cuves, pour une meilleure distribution à la population. Outre le stockage et la distribution d’eau potable par conteneur-cuves et citernes, le Formisc peut produire des contenants individuels, allant de 300 ml à un litre. Selon le ministre délégué, cette décision « totalement innovante » aurait été prise il y a cinq jours.
Presque trois millions d’euros pour les fuites
Dans la continuité de ses visites sur les différents chantiers d’urgence, inclus dans le plan d’urgence de 35 millions d’euros (voir par ailleurs), Philippe Vigier s’est rendu sur une opération de détection de fuites d’eau sur le réseau. Cette opération de recherche et de réparation, menée par le syndicat Les Eaux de Mayotte, représente un budget de 2.844.000 euros, dont 844.000 euros uniquement pour la recherche. Sur ce chantier, l’État finance à hauteur de 2,5 millions d’euros. A Mayotte, le volume des fuites d’eau s’élève à 35.000 m3 par jours, ce qui représente 35 % de pertes, « d’où l’absolue nécessité d’avoir une bonne stratégie pour cibler les zones, afin d’avoir les meilleurs résultats », explique Ibrahim Aboubacar, le directeur général des services du syndicat. Les zones où les fuites sont les plus nombreuses se concentrent à Mamoudzou et dans sa périphérie, à Petite-Terre, mais aussi dans l’extrémité nord de l’île.
Afin de réaliser cette opération de détection, l’entreprise spécialisée Ax’eau a été missionnée, pendant six mois. Une équipe de quatre techniciens sillonne l’île. « On épluche au peigne fin les réseaux, chaque mètre est vérifié », explique Loïc Estevan, coordinateur du projet à Ax’eau. La recherche est réalisée par acoustique principalement, avec un amplificateur. Sur les six mois, différents moyens de recherche seront déployés. « On sectorise de nuit et on va là où les secteurs sont les plus fuyards pour orienter la stratégie et pour être le plus efficace possible en peu de temps », ajoute le coordinateur. En dix jours, une trentaine de fuites a d’ores et déjà été trouvée. « Chaque fois qu’il y a une fuite, il y a réparation », précise le préfet, Thierry Suquet.
Afin de visualiser concrètement ce chantier d’urgence, le ministre délégué en charge des Outre-mer a pu découvrir par lui-même la découverte d’une fuite au cœur de M’tsapéré, grâce au système acoustique.