Les retenues collinaires étant au plus bas, le comité du suivi de la ressource en eau a décidé, ce mercredi, d’évoquer simplement un maintien des coupures d’eau, sans donner d’horizon. Sans ses deux réserves et sans l’aide de la pluie, à l’heure actuelle, la production d’eau potable à Mayotte atteint environ 20.000 mètres-cube par jour, alors que la consommation journalière reste supérieure.
« Vous savez très bien qu’on est liés à un sujet de météo, mais il n’est pas prévu de toucher aux tours d’eau. C’est déjà, me semble-t-il, un délai extrêmement important pendant lequel les Mahoraises et les Mahorais n’ont pas accès à l’eau », avait admis le ministre délégué aux Outremer, Philippe Vigier, au port de Longoni, il y a tout juste une semaine. Dans un communiqué envoyé ce jeudi, le comité du suivi de la ressource en eau de la veille n’a pas exclu toutefois de nouvelles restrictions. « La perte de cette ressource pourrait impliquer de nouvelles restrictions afin de garantir la distribution régulière et prévisible sur le réseau », indique la préfecture de Mayotte, après l’assemblée qui réunit tous les acteurs de l’eau et la plupart des institutions (préfecture de Mayotte, syndicat Les Eaux de Mayotte, la Société mahoraise des eaux, la Dealm, l’Agence régionale de santé, Météo France). Cet avertissement intervient alors que les retenues collinaires de Combani et Dzoumogné ont vu leurs capacités descendre à 7% et 6%. « Elles sont désormais proches de la vidange », confirment les services de l’État. Des travaux sont en cours pour réduire les fuites sur le réseau d’eau potable et augmenter la production (captages de rivières, nouveaux forages, interconnexion Grande-Terre/Petite-Terre et extension de l’usine de dessalement de Pamandzi). A ce jour et sans l’aide de la pluie, la Société mahoraise des eaux (SMAE) peut produire environ 20.000 m3 par jour, si elle ne prélève pas dans les retenues. Pour rappel, la consommation de lundi dernier était de 26.582 m3.
La pluie comme dernier recours
Le maintien du rythme actuel de coupures d’eau (de 54 heures pour l’ensemble de l’île, sauf la zone industrielle de Kawéni) dépend dorénavant de la pluie. Cette dernière permet de prélever davantage d’eau dans les rivières. Ça a été le cas par exemple, ce week-end. La Société mahoraise des eaux a pu éviter un prélèvement journalier d’environ 7.000 m3 par jour dans les retenues. « Ces précipitations repoussent donc momentanément l’échéance de la vidange des retenues collinaires. Elles permettent de maintenir les tours d’eau au niveau actuel. Elles ne marquent pas, à ce stade, l’entrée dans la saison des pluies. L’impact de ces gains est provisoire et ponctuel », rappelle cependant la préfecture. Celle-ci appelle à continuer de faire attention à sa consommation d’eau.
« Le surstockage de l’eau durant les périodes d’ouverture doit être évité. L’eau conservée au-delà de 48 heures peut être de nouveau bouillie durant cinq minutes pour prolonger sa potabilité. A défaut, elle peut être utilisée pour faire la vaisselle, se laver ou encore faire fonctionner les chasses d’eau », est-il conseillé.
Pas de curage prévu aux retenues
C’était une possibilité au moment de la vidange des retenues, qu’elles bénéficient d’un curage de quelques semaines. Des experts sont d’ailleurs venus à Mayotte pour décider quoi faire des retenues une fois vides. Selon nos informations, il n’y aura de curage cette année, la quantité de sédiments ne nécessitant pas de travaux demandant à la fois un nombre important de camions et que l’eau des premières pluies ne soit pas stockée. En outre, la matière à enlever serait davantage sur les périphéries qu’au milieu des bassins. L’option privilégiée serait plutôt un plan pluriannuel avec un nettoyage régulier quand les retenues ont à un niveau bas.