Crise de l’eau : Un « dépassement inhabituel » de la quantité de plomb

Ce mercredi matin, l’Agence gionale de Santé et la préfecture de Mayotte ont organisé une conférence de presse en urgence afin d’alerter sur la présence plomb dans l’eau de distribution de plus de la moitié du territoire. Il ne faut surtout pas la boire ou l’utiliser en cuisine avant que de nouveaux résultats d’analyse confirment ou non la présence de métaux lourds.

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Le préfet en charge de l’eau, Gilles Cantal, celui de Mayotte, Thierry Suquet, et le directeur général de l’ARS, Olivier Brahic, ont tenu une conférence de presse ce mercredi matin pour alerter sur la présence de plomb dans l’eau.

Des analyses de l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Mayotte ont révélé la présence de plomb dans l’eau au niveau de deux points de prélèvement : ceux de Bouyouni et de Sohoa. Ces résultats, tombés ce mardi 5 décembre, concernent des échantillons prélevés les 27 et 28 novembre. « Il s’agit d’un dépassement inhabituel. A la fois ces dernières semaines, ces derniers mois mais aussi les années antérieures, on n’a jamais détecté de métaux lourds dans l’eau de distribution », affirme Olivier Brahic, le directeur général de l’ARS, lors d’une conférence de presse organisée en urgence à la préfecture de Mayotte, ce mercredi matin. La limite de qualité pour la teneur en plomb dans l’eau destinée à la consommation humaine est de dix microgrammes par litre. La quantité qui a été trouvée dans cette eau non conforme est de quarante microgrammes par litre.

Vingt-huit prélèvements ont été réalisés mardi et envoyé ce mercredi à Valence, dans l’Hexagone, pour être analysés rapidement, afin de confirmer ou non la présence d’une quantité anormalement haute de plomb. Mais en attendant, l’eau n’est plus potable pour 55 % de la population. Il ne faut donc surtout pas la boire, même après ébullition ou ajout de chlore. En revanche, elle peut toujours être utilisée pour les fonctions d’hygiène. « Il n’y a pas de risque immédiat pour la population. Sur les métaux lourd,s c’est un risque d’exposition à moyen ou long terme, et les seuils de qualité qui sont définis par la Ministère de la santé permettent d’anticiper les risques », rassure Olivier Brahic, qui a tenu à rappeler que les contrôles de la qualité de l’eau ont été doublés depuis le début de la crise. A long terme, la consommation d’une eau contaminée au plomb peut provoquer une intoxication chronique appelée le saturnisme, qui atteint notamment le système nerveux.

Plusieurs secteurs épargnés

Certains secteurs du territoire sont épargnés : PetiteTerre, Acoua, M’tsangadoua, M’tsangamouji, M’liha, Chembenyoumba, Miréréni, Combani, M’roalé et Tsingoni, Dapani, Mronabéja, M’bouini, Passi Kéli, Kawéni, Vahibé, Passamainty et Tsoundzou 1, M’tsamboro, Hamjago, M’tsahara, Dzoumogné, Bandraboua, M’tsangaboua, Handréma et Mamoudzou village. Pour Petite-Terre, l’eau reste potable, le territoire étant désormais approvisionné exclusivement par l’usine de dessalement. Pour les autres secteurs de la liste, qui sont desservis de manière autonome, l’eau demeure potable, provenant de forages.

« La distribution de bouteilles d’eau va être renforcée », indique le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, qui fait état de quatre millions de litres distribués depuis le 20 novembre et de la présence de quinze conteneurs citernes sur l’île approvisionnés chaque jour en eau potable.

« Notre capacité à garantir l’ouverture des collèges et des lycées est certaine. […] Dans les écoles primaires et maternelles, on a demandé au maire de, là il y a des stocks d’eau, maintenir les écoles ouvertes. Là où l’eau est potable grâce au chemin de l’eau et ou la potabilité n’est plus garantie par la sectorisation évoquée, on va demander aux maires de fermer les écoles », déclare le préfet.

Ce dernier a demandé aux forces de l’ordre une attention particulière aux troubles à l’ordre public, afin que l’insécurité ne puisse pas perturber l’acheminement de l’eau potable, qui doit pouvoir circuler librement.

Des analyses à confirmer, des causes à déterminer

Pour l’heure, les résultats des analyses doivent être confirmés. Il est donc compliqué pour l’ARS et la préfecture d’identifier une cause à cette présence de plomb. Olivier Brahic assure que les tuyaux desservant l’eau ne contiennent pas de métaux lourds et que les analyses au niveau des retenues collinaires n’ont pas révélé la présence de plomb. Peut-être une contamination par des déchets ? Impossible de trancher pour l’instant.

Même sil s’avérait qu’il y ait un problème au niveau des retenues collinaires, cela ne devrait pas modifier les tours d’eau actuels. En effet, les pluies récentes permettent de prélever très peu d’eau au sein des retenues pour privilégier les prélèvements dans les cours d’eau. Néanmoins, il va falloir rester à un rythme d’un jour sur trois d’eau au robinet pendant encore quelques semaines. « L’objectif est de ne pas alourdir ce rythme, mais on ne peut pas le garantir », indique le préfet.

Ce dernier assure avoir conscience de ce que cette nouvelle non-conformité de l’eau représente pour les Mahorais : « Au moment où, avec le retour de la pluie, on était en train de reconstituer une capacité qui nous permettait d’espérer que les problèmes de quantité d’eau allaient peu à peu s’atténuer, on connait ce problème de qualité. […] Chacun doit être aussi responsable qu’il l’a été depuis le début de la crise, conscient que c’est par les économies d’eau, le respect des consignes, par le refus de la violence et le respect des règles que nous parviendrons à passer par-dessus cette épreuve. »

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