A peine élus sénateurs, le dimanche 24 septembre, Saïd Omar Oili et Thani Mohamed Soilihi savent que la pénurie d’eau qui touche actuellement le territoire est le dossier prioritaire du moment. Ils nous ont transmis une déclaration commune sur le sujet, ce mardi.
« Une crise majeure touche actuellement un territoire français de 350.000 à 400.000 habitants dans l’océan Indien à Mayotte. Ce territoire qui est le plus pauvre et le plus démuni de la République est en déficit de sa ressource en eau de près de 50% (43.000 m3 de besoin pour seulement 27.000 m3 produits à ce jour).
Une crise liée au réchauffement climatique
Les études des scientifiques sur le réchauffement climatique ont mis en évidence l’augmentation des périodes de déficit en eau. Mayotte est le premier territoire de la République à subir une crise majeure liée aux ressources en eau dans une ile où l’augmentation de la population est la plus forte de la République.
Les répercussions de ce déficit en eau sur Mayotte sont très graves. Les « tours d’eau » et une eau au robinet nécessitant le plus souvent d’être bouillie avant d’être consommée sont aujourd’hui le quotidien de ses habitants. Ce sont aussi deux secteurs majeurs qui en souffrent : le système éducatif déjà fragile sur cet archipel et le risque d’une crise sanitaire dans le désert médical le plus important de notre pays.
Selon le ministre de l’Écologie (N.D.L.R. Christophe Béchu), 189 communes en métropole étaient privées d’eau début septembre. Mais les conséquences sur une île située à 8.000 kilomètres de l’hexagone ne sont pas les mêmes. Elles sont dramatiques pour les populations.
Le rendez-vous avec les services de la Première ministre
Face à cette grave crise, nous avons obtenu un rendez-vous en urgence avec les services de la Première ministre (N.D.L.R. Élisabeth Borne) à Matignon pour faire le point sur la réponse du Gouvernement. Nous avons insisté sur la méthode, et l’importance de distinguer trois phases : La gestion actuelle de la crise, qui justifie les moyens nationaux déployés en urgence pour faire face aux prochaines semaines, dans l’attente de la saison des pluies en fin d’année ; Le moyen terme, notamment l’année prochaine, où la situation risque de se reproduire, avec des aménagements pour augmenter la production d’eau (ex : installation d’un osmoseur, usine de dessalement) et améliorer sa distribution ; le long-terme, avec des solutions structurelles : retenue collinaire, augmentation de la production des usines de dessalement… afin de mettre à l’abri Mayotte des effets des changements climatiques.
Les engagements que nous avons obtenus
Concernant la première phase de la gestion de cette crise majeure, nous avons pu faire le point sur les moyens déployés et leur utilisation concrète, à savoir le déploiement de citernes et de deux unités de potabilisation de l’eau de la sécurité civile, la livraison par navire affrété de plusieurs millions de litres d’eau en bouteille et sa distribution à 51.000 personnes prioritaires avec le concours de la Légion étrangère et du service militaire adapté. Les entreprises victimes des pénuries d’eau recevront une aide financière de l’État. Concernant la suite de la gestion de cette crise majeure, à savoir le moyen et le long-terme, nous avons obtenu l’engagement de points d’étape réguliers avec les services des ministres concernés. »