Crise de l’eau : Les maires plaident pour que les factures restent prises en charge

Au 1er mars, la prise en charge des factures, comme la distribution généralisée des bouteilles d’eau, ont été arrêtées. Dans un courrier à Gabriel Attal, le Premier ministre, l’association des maires de Mayotte (AMM) a fait part de son souhait que la première mesure soit prolongée.

Depuis le mois de septembre 2023, les factures envoyées par la Société mahoraise des eaux (SMAE) sont payées directement par l’État. « Cette mesure qui visait principalement à soulager le portefeuille des ménages contraints de se ravitailler en packs d’eau en raison des coupures prolongées et de la non-potabilité de l’eau du robinet (N.D.L.R. il n’y a pas eu d’interdiction de consommer de l’eau au robinet depuis le mois de janvier et la pollution au plomb dans les communes de Dembéni et Bandrélé) était reconduite en janvier puis en février 2024 », rappelle l’association des maires, dans une lettre adressée au Premier ministre Gabriel Attal, ce lundi. Le choix du destinataire n’est pas neutre, c’était Matignon qui avait acté la mesure en octobre 2023. Celle-ci s’était imposée avec le passage à des coupures d’eau de 48 heures, le 4 septembre, portées rapidement à 54 heures. Le gouvernement avait décrété que le service n’était plus assuré et que les Mahorais n’avaient donc plus à payer, tout en insistant sur le fait que l’eau n’était pas de son ressort. La compétence est communale, les municipalités de Mayotte s’étant regroupées dans le syndicat des Eaux de Mayotte.

Celui-ci a délégué sa mission à la SMAE, qui a pu augmenter dernièrement sa production grâce aux travaux et à la faveur d’une météo idéale remplissant les rivières, les nappes phréatiques et les retenues collinaires (toutes les deux à 100% de leurs capacités aujourd’hui). Cependant, « je tiens à vous informer que malgré cette évolution positive, la population reste tout de même privée d’eau un jour sur deux et se trouve toujours dans l’obligation de se ravitailler en bouteilles d’eau car l’eau du robinet reste impropre à la consommation », assure l’association des maires de Mayotte (AMM), présidée par Madi Madi Souf. En réalité, les différents secteurs (hormis la zone industrielle de Kawéni qui ne connaît que des coupures nocturnes) sont passés à un rythme de deux jours d’eau sur trois. Des soucis de production aux usines de Bouyouni et Ourovéni ont entraîné, il est vrai, de nombreuses coupures techniques sur le réseau, ces dernières semaines.

Des coupures jusqu’en 2025

Ce service qui n’est pas assuré complètement, et qui ne devrait pas l’être avant l’entrée en production de l’usine de dessalement d’Ironi Bé en 2025, nécessite de prolonger le paiement des factures par l’État, estiment les maires, et même si les prix des bouteilles d’eau demeurent gelés jusqu’au 15 avril. « L’État qui s’était, par ailleurs, engagé à prolonger le dispositif de prise en charge en fonction de la situation et tant que l’eau ne reviendrait pas de façon courante et continue dans les robinets doit tenir sa parole et faire preuve de solidarité envers les Mahorais en continuant à prendre en charge les factures d’eau jusqu’à la fin effective des coupures et tours d’eau et au retour avéré de sa potabilité », est-il écrit dans le courrier.

Le même jour, l’État a décidé de faire un geste en direction des entreprises (voir encadré). Pas sûr qu’il souhaite faire de même pour les factures, surtout pour une crise dont la responsabilité revient aussi aux collectivités locales. « Ce sont les collectivités qui sont responsables de l’eau », tenait souvent à rappeler Philippe Vigier, l’ex-ministre délégué aux Outremer « et à la crise de l’eau mahoraise ».

L’aide aux entreprises prolongée

« Au regard de la situation particulièrement difficile dans laquelle se trouvent les entreprises, l’arrêté du 8 mars 2024 prolonge et fait évoluer l’aide sur le mois de février 2024 », indique la préfecture de Mayotte ce mardi, concernant cette aide étatique mise en place avec la crise de l’eau. Le versement sera réalisé par la direction générale des finances publiques pour les entreprises ayant déjà perçu le premier versement de l’aide pour la période de septembre à novembre 2023. Sans besoin d’aucune démarche complémentaire. Le critère de prise en compte selon lequel les entreprises doivent avoir des dettes fiscales inférieures ou égales à un montant total de 1.500 euros est supprimé. « Au regard de la fragilisation financière que rencontrent les entreprises mahoraises », lit-on comme explication dans le communiqué de la préfecture.

Les entreprises concernées appartenant aux secteurs définis par l’arrêté du 25 octobre 2023 peuvent, dès ce 12 mars et jusqu’au 30 avril, déposer une demande d’aide pour la période de septembre à novembre, sur leur espace particulier numérique. « Les aides complémentaires leur seront versées automatiquement. »

Un jeu-concours pour recycler les bouteilles

L’organisme Citeo lance l’opération « NISI Hifdahui Chisiwa Yangu » pour récupérer un maximum de bouteilles en plastique à Mayotte, du lundi 18 mars au samedi 13 avril. Des bons d’achats d’une valeur de 150 euros à 300 euros à valoir en magasin sur des produits alimentaires, du petit électroménager et de la décoration viendront récompenser les meilleurs trieurs.  

Pendant toute la durée de l’opération, un camion de collecte passera dans 24 villages, répartis sur toute l’île, pour collecter les bouteilles en plastique vides. Les Mahorais sont invités à apporter leurs bouteilles en plastique en quantité pour maximiser leur chance de gagner : chaque lot de vingt bouteilles apporté donne droit à un bon de participation au jeu. Retrouvez la carte interactive et les dates de passage aux 24 points de collecte sur le site internet de l’opération (hifadhuichisiwa.zievent.yt).

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