Le déficit pluviométrique à Mayotte empêche toute amélioration de la distribution d’eau potable. Même si les pluies de ces dernières semaines, voire de ce vendredi (voir encadré), « améliorent légèrement la situation », le comité de suivi de la ressource a décidé de maintenir les deux tours d’eau hebdomadaires « jusqu’à la mi-mai ».
Mayotte a soif et ce mois d’avril pluvieux ne permet que de retarder des mesures plus drastiques. Voilà plus de cinq mois que le territoire connaît deux coupures (prévues) d’eau par semaine. Et cela ne va pas évoluer tant que le niveau des retenues collinaires de Dzoumogné et Combani reste aussi bas. C’est vrai, « les pluies constatées ces dernières semaines permettent d’améliorer légèrement la situation », constate la préfecture de Mayotte. Cependant, le déficit pluviométrique reste important. A M’tsamboro et Dzoumogné, où la pluie y est souvent la plus abondante, seuls 62% et 63% de la quantité d’eau habituelle ont été constatés. A Combani (70%) et Dembéni (69%), ce n’est guère plus. Le sud de Mayotte, généralement plus sec, s’en sort le mieux. Kani-Kéli, par exemple, connaît un pourcentage de 90% de précipitations par rapport à la normale.
Au vu de cette situation, « le comité de suivi de la ressource en eau a décidé de maintenir le dispositif de tours d’eau tel qu’il existe actuellement jusqu’à mi-mai, à savoir deux tours d’eau nocturnes par semaine et par commune », annoncent les services de l’État, qui préviennent toutefois que « ce dispositif sera amené à évoluer durant les prochaines semaines et prochains mois ». Ils s’engagent à communiquer tous les quinze jours et n’exclut pas de « décider d’une augmentation progressive des tours d’eau sera très probablement décidée au cours des prochaines semaines et prochains mois ».
Fourniture et implantation d’osmoseurs
Alors qu’entreprises, institutions et particuliers se préparent à voir des robinets de plus en plus souvent vides, « des mesures alternatives et complémentaires » sont étudiées par la préfecture et ses partenaires (Les Eaux de Mayotte, SMAE, rectorat, ARS, acteurs économiques, Météo France). Elle cite notamment la fourniture et l’implantation d’osmoseurs de moyenne ou de grande capacité, ces appareils peuvent ainsi filtrer l’eau de pluie. D’ailleurs, les établissements scolaires et de santé pourraient être dotés de cuves pour qu’ils puissent fonctionner normalement. Autre sujet mis régulièrement sur la table, la production d’eau par l’usine de dessalement de Pamandzi. L’État veut « développer sa capacité », comme il souhaite la distribution de kits d’économie d’eau, de contrôler le prix de l’eau embouteillée ou de « travailler avec les importateurs sur les approvisionnements ».
« Plus qu’avant, il est impératif d’adopter les bons gestes afin d’économiser ensemble la ressource en eau (arrosage par récupération des eaux de pluie, gestes du quotidien, strict respect de l’arrêté préfectoral : non nettoyage de voitures, des façades… ) », prévient la préfecture de Mayotte, qui n’oublie de pas de remercier « la population, les entreprises, les administrations pour les efforts réalisés en matière d’économie d’eau et de lutte contre le gaspillage, ainsi que les nombreux partenaires mobilisés : élus locaux, autorités religieuses, associations et représentants du monde économique,… »
Une vigilance orange Fortes pluies/orages, ce vendredi
A Mamoudzou, des trombes se sont abattues sur la commune, ce vendredi matin, vers 6h. Météo-France a ainsi placé Mayotte en vigilance orange « Fortes pluies/orages ». « Une ligne de grains traverse Mayotte et occasionne lors de son passage des grains orageux et averses, modérés par endroits. Le vent est de Sud-Est de 10 à 20 km/h avec des pointes au passage de grains. Ce phénomène est susceptible de provoquer localement d’importants désordres », a prévenu la préfecture, ajoutant que « les services chargés des secours et de la sécurité (18 ou 17) ainsi que les maires ont été prévenus afin qu’ils demeurent vigilants ».
Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.