Crise de l’eau : Les contrôles sanitaires sont renforcés sur l’île

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Ce jeudi après-midi, un prélèvement sanitaire d’eau du robinet a été effectué à Kangani. Une fois cette étape effectuée, cet échantillon sera analysé à Mayotte et son résultat connu sous 48h.

Depuis plusieurs mois, la crise de l’eau est omniprésente sur le territoire de Mayotte et ce stress hydrique continue de s’accentuer. Ce mercredi, à la suite du renforcement des contrôles de la potabilité de l’eau, des inconformités avaient été détectées dans les villages d’Acoua et Sohoa. Dans le cadre de l’augmentation de ces contrôles, une équipe s’est rendue dans une habitation à Kangani afin de réaliser un prélèvement.

En début d’après-midi, ce mercredi, des équipes de l’Agence régionale de santé (ARS) se sont rendues dans une maison d’habitation individuelle au cœur de Kangani, afin d’y réaliser un prélèvement d’eau du robinet. Le but ? Réaliser un contrôle via une analyse de la potabilité de cette eau. Une fois le robinet désinfecté, le prélèvement a pu avoir lieu et les deux préleveurs effectuent le remplissage de deux flacons. Chacun est utilisé pour des études différentes et avec des gestes distincts. Une fois cette étape effectuée, les échantillons sont transmis dans un laboratoire à Mayotte, avec un retour dans les quarante-huit heures, pour les recherches bactériologiques et à La Réunion – ou en métropole – pour les études physico-chimiques. Dans le cadre de ce prélèvement et par suite des récentes analyses de non-conformité, une conférence de presse s’est tenue où le directeur général de l’ARS, Olivier Brahic, a rappelé que face à la crise, le « risque principal et la vigilance portent sur le risque bactériologique ».

700 points surveillés

A Mayotte, la surveillance de la qualité de l’eau est effectuée via de l’autosurveillance menée par le distributeur et un contrôle sanitaire réalisé par l’Agence régionale de santé (ARS). « On a un programme de contrôle annuel, que ce soit sur les captages, sur la distribution, mais aussi au niveau des usines de production », explique Anil Akbaraly, chef de service santé et environnement à l’ARS. C’est un programme fixé par arrêté ministériel, décliné par arrêté préfectoral. Sur l’île, ce sont environ 700 points de contrôle sanitaire qui sont répertoriés pour l’ARS. Face à la crise de l’eau, les prélèvements pour ces contrôles sont doublés. « Une vingtaine de points étaient faits avant par semaine, là on est à peu près à une quarantaine », complète-t-il. L’un des objectifs est de contrôler les dix-huit unités de distribution d’eau potable (UDI). L’UDI est formé par un réseau de distribution uniforme dans sa conception et dans sa qualité de l’eau, où peut se trouver des sites de production, des forages, des rivières, des captages et le tout arrive dans un même réservoir. « On est extrêmement vigilant au sujet de la qualité de l’eau, c’est pour cela qu’on a renforcé encore plus la surveillance », tient à rappeler Olivier Brahic.

Un contrôle sanitaire renforcé est mené tant par l’Agence, que par le distributeur – la Société mahoraise des eaux (SMAE). Ce mercredi soir, le constat est fait, « on a eu les deux premières analyses de non-conformité de l’eau dans le cadre de la crise de l’eau. Jusqu’à présent, on n’en avait eu aucune », admet le directeur général. réalisés à Acoua et à Sohoa lundi. Face à ces résultats, il a été acté un élargissement de la recommandation de faire bouillir l’eau sur l’ensemble de la plage horaire de distribution de l’eau dans le réseau, « parce qu’on est sûr que le fait de faire bouillir l’eau, élimine 100 % des germes », justifie le directeur. Au regard de la distribution dans le réseau, il stipule qu’il a été « acté pour que cette mesure soit faite, à la fois à Acoua et sur l’UDI de l’ouest, qui part de Chiconi jusqu’à Poroani ».

Deux bactéries identifiées

Des contrôles au niveau du réservoir, des différents captages sont effectués. Comme l’explique le chef de service, « en fonction du temps de circulation dans le réseau de distribution, il peut y avoir des choses qui peuvent se produire, comme des casses, des intrusions d’eau ou encore des travaux ». Dans le cas précis des analyses non-conformes de Sohoa et Acoua, elles font ressortir la présence d’entérocoques et de bactéries coliformes. « Les bactéries coliformes sont représentatives d’une contamination environnementale », admet Maxime Ransay-Colle, médecin à l’ARS. Elles peuvent avoir plusieurs origines et ne représentent pas forcément de risque sanitaire, mais sont un indicateur de la qualité de l’eau. Les entérocoques sont des bactéries digestives, qui sont aussi représentatives de la qualité de l’eau, « mais qui peuvent potentiellement être pathogènes, donc rendre malade et provoquer des gastro-entérites aiguës », alerte-t-il.

Il n’est pas possible de confirmer si ces souches sont pathogènes, mais par précaution, l’ARS demande d’appliquer de manière plus stricte les recommandations d’usage, dont l’ébullition de l’eau pendant cinq minutes.

La crise de l’eau n’amplifie pas les cas de gastro-entérite

L’Agence régionale de santé rappelle qu’il est important de faire la distinction entre l’épidémie de gastro-entérite aiguë saisonnière, qui est « causée principalement par un germe, le rotavirus », stipule le médecin de l’ARS. Cette épidémie est présente lors de chaque période d’hiver austral. Là, ce sont d’autres germes qui peuvent être responsables des mêmes symptômes, « mais c’est en dehors de l’épidémie classique, donc ce sont des cas complètement à part », précise-t-il. Pour l’instant, aucun cas n’a été identifié en lien avec la non-conformité relevé, ce mercredi.

Et les factures d’eau ?

Face au manque d’eau et aux tours d’eau imposés dans le département, nombreux sont ceux qui s’interroge quant aux montants des factures d’eau et à la réduction des tarifs. Interrogé sur cette question, le préfet de Mayotte, Thierry Suquet a tempéré en expliquant que « sur ce sujet-là, il faut encore laisser à tout le monde le temps d’avancer ». Pour lui, l’État a fait « le job », en payant les bouteilles distribuées dès le 25 septembre et leur acheminement. Le délégué du gouvernement a affirmé que « nous, on assume nos responsabilités, maintenant, il faut que tout le monde assume les siennes (…). Moi, je ne fais pas de proposition à la place des acteurs locaux, que chacun prenne ses responsabilités ». Nous avons interrogé le syndicat des Eaux de Mayotte et la SMAE sur ce sujet, nous n’avons pas eu de réponses.