Crise de l’eau : « Il n’y a pas de dégradation de la qualité à l’heure actuelle »

Pour faire le point sur les risques sanitaires, l’Agence régionale de santé a souhaité organiser une conférence de presse, ce lundi, pour la dissocier de celle du jeudi 24 août où de nouvelles mesures ont été annoncées concernant l’eau. Une volonté compliquée à respecter en présence du préfet de l’eau, Gilles Cantal, qui a dû répondre une nouvelle fois des décisions préfectorales (voir encadré). 

Une cellule de crise mise sur pied

« Le premier risque est évidemment microbiologique. Il y a différents types de dispositifs pour que cette crise de l’eau ne se transforme pas en crise sanitaire », prévient Olivier Brahic, le directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte. Une cellule de crise a été mise en place à l’annonce des nouveaux tours d’eau, jeudi 24 août. Sur la qualité de l’eau, l’ARS va doubler ses contrôles de la qualité de l’eau et renforcer sa veille sanitaire. « On a un vrai enjeu de transparence », concède le chef de l’agence mahoraise.  

Bouillir, à quoi ça sert ?

Quel est l’intérêt de faire bouillir l’eau ? Olivier Brahic a évidemment répondu à cette question, répétant « qu’il n’y a pas de dégradation de la qualité de l’eau à l’heure actuelle ». « Quand votre réseau est en eau, l’ensemble de vos canalisations montent en pression. Donc aucun germe ne peut y rentrer. Quand il y a des coupures, il n’y a plus cette pression, et donc potentiellement il y a des germes qui peuvent rentrer », explique-t-il. C’est donc par principe de précaution qu’il est recommandé de bouillir pour « stériliser » l’eau après la coupure d’eau (dans les six heures après les coupures nocturnes, dans les douze heures quand les interruptions atteignent vingt-quatre ou quarante-huit heures). « Après cette manipulation, on est sûrs qu’il y aucun germe dans l’eau. » 

Pour le stockage, l’ARS préconise un petit jerrican qui stocke l’eau « pendant quarante-huit heures maximum ». 

L’importance de se laver les mains

C’est une recommandation qu’il est parfois dure à entendre, surtout en cette période où il n’est pas aisé d’avoir de l’eau au robinet. Mais l’Agence régionale de la santé encourage vivement de continuer à se laver les mains pour éviter que des maladies puissent se propager, surtout que la crise de l’eau pourrait se coupler avec la saison des gastro-entérites. Selon l’Organisation mondiale de la santé, on réduit de moitié le risque de maladies en se lavant les mains ou en utilisant du gel hydroalcoolique. « Il faut rationnaliser le sujet. On n’a pas besoin de litres et de litres d’eau pour se laver les mains. On a besoin que d’un tiers d’une bouteille par jour », rappelle le directeur de l’ARS. 

Une vaccination préventive

Aucun cas de fièvre typhoïde n’a été détecté pour l’instant. Toutefois, une campagne de vaccination préventive a été réalisée à Dzoumogné et Koungou, deux zones où des cas ont été détectés, l’an passé. Un stock de vaccins a été également fait au cas où pour l’hépatite A, la poliomyélite et le choléra. Alors que le centre hospitalier de Mayotte connaît une pénurie de soignants, « les renforts vont perdurer au cours des mois prochains », a précisé le directeur de l’ARS. 

La peur des puits réouverts

C’est un sujet qui inquiète à l’ARS. Avec les coupures, certains habitants peuvent être tentés de rouvrir des puits autrefois condamnés. Si cela peut permettre d’avoir de l’eau dans les sanitaires, cela peut comporter un risque pour d’autres consommations. « L’eau n’y est pas potable », tient à souligner Olivier Brahic. 

« C’est certainement la faute de l’État, mais pas que » 

Préfet spécialement nommé pour faire face à la crise de l’eau, Gilles Cantal était également présent, ce lundi après-midi. Une aubaine pour des confrères absents lors de l’annonce des nouvelles mesures, la semaine précédente, un peu moins pour l’ARS qui voulait concentrer son discours sur les risques sanitaires. Car lors de son intervention, il a dû rappeler les différentes mesures données par la préfecture de Mayotte, le jeudi 24 août, ou faire le point sur les fameux osmoseurs qui ne devraient pas fonctionner avant la saison des pluies. Il a aussi admis que les pouvoirs publics ont une responsabilité dans cette crise de l’eau (au même moment, la préfecture de Mayotte communiquait une infographie pour inciter à réduire la consommation quotidienne de l’île d’un tiers).  

 

« C’est certainement la faute de l’État, mais il n’y a pas que l’État », reconnaît le préfet. Interrogé de nouveau sur la possibilité de distribuer des bouteilles d’eau comme ça peut être le cas, il répond directement : « Oui, il y a eu des distributions, mais pas forcément sur une période de trois mois et pour une population de 300.000 habitants », avant d’évoquer la constitution « d’un stock d’urgence » en cas d’épuisement continu de la ressource.  

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