Crise de l’eau « Faire en sorte de tenir jusqu’à l’arrivée des pluies »

Ce vendredi matin, le comité de suivi de la ressource en eau (CSRE) s’est réuni à la mairie de Mamoudzou. Servant à faire le point sur la pénurie deau que vit le territoire mahorais depuis des mois, celle-ci permet de connaitre l’évolution des différents travaux et projets pour tenter de résoudre une crise déjà bien compliquée. En Petite-Terre, les communes de Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi passent, ce lundi, au régime deux jours sans eau et un jour avec (voir encadré).

Il n’y a pas eu d’annonces de nouvelles coupures d’eau (la dernière est intervenue quelques jours avant, voir encadré) au comité de suivi de la ressource en eau qui rassemble des institutions (préfecture, Agence régionale de santé, syndicat des Eaux de Mayotte, SMAE, Dealm, Météo France). Les acteurs économiques et les médias ont été conviés à assister à la réunion de ce vendredi, organisée à la mairie de Mamoudzou. L’occasion pour chacune des entités d’évoquer ses travaux et projets menés dans le cadre de la crise de l’eau. Interpellé sur la question de potabilité de l’eau, le préfet Thierry Suquet a rappelé que « l’eau qui est distribuée au robinet à Mayotte, largement contrôlée, est potable ».

Une soixantaine de fuites sur le réseau

Au cours de la semaine, les retenues collinaires étaient à 13,6 % pour Combani et 7 % pour celle de Dzoumogné. « Avant la modification des tours d’eau, la vidange complète des retenues était attendue à fin octobre », admet Jérôme Josserand, directeur adjoint à la Dealm. N’ayant pas le recul nécessaire en termes de jours effectifs à la suite des nouvelles mesures, l’objectif qui est poursuivi est « de faire en sorte que l’on puisse tenir jusqu’à l’arrivée des pluies, sans aggravation supplémentaire du dispositif des tours d’eau », réaffirme Ibrahim Aboubacar, directeur général des services du syndicat des Eaux de Mayotte (Lema). Une consommation qui pourrait être réduite avec le programme de recherches et réparation des fuites sur le réseau. Une soixantaine de fuites ont d’ores et déjà été détectées en trois semaines par les deux équipes présentes sur le terrain.

Un mois d’octobre pluvieux

Des pluies attendues et qui ont remarquées en ce début de mois d’octobre. La projection réalisée pour la fin du mois fait état de cumuls espérées entre 40 et 100 millimètres. En prenant une perspective à trois mois, « là, on a une confirmation de ce qu’on avait annoncé, une anomalie positive de précipitations », explique Floriane Ben Hassen, responsable du centre Météo France à Mayotte. Concrètement, les pluies sont prévues un peu plus abondamment qu’à la normale sur la période de novembre à janvier, « avec un contexte climatologique particulier », précise-t-elle.

Chemin de l’eau, cuves et rampes

Afin de permettre aux établissements scolaires et de santé de continuer à fonctionner, 125 opérations de raccordement au chemin de l’eau ont eu lieu. Ce sont 104 écoles sur 188 qui sont raccordées à ce chemin de l’eau. En complément, 1.000 cuves d’eau ont été affectées, dont 850 livrées déjà livrées. « Il a été décidé de privilégier les écoles hors du chemin de l’eau, compte tenu du renforcement des tours d’eau », constate le DGS du syndicat. Outre ces dispositifs, 137 rampes ont été construites ou réhabilitées sur le territoire et des nouvelles vont être déployées en Petite-Terre. Sur ces rampes, 121 sont en fonctionnement et 29 sont hors d’usage, « soit à cause d’un vol de robinet, soit dû à un acte de vandalisme de casse de robinet », reconnait Françoise Fournial, directeur de la Smae. Ces actes de vandalisme auraient lieu la nuit, lors de la fermeture des rampes. La perspective engagée est de mettre en service cinquante nouvelles rampes d’ici à la fin du mois.

Une aide aux entreprises

Les entreprises les plus impactées par la crise de l’eau se verront être accompagnées par une aide spécifique, intitulée « aide aux coûts fixes », qui vise à compenser une partie des coûts fixes des entreprises, qui seront divisées en deux secteurs. Ce dispositif sera mis en place pour une durée de trois mois.

Prélèvements sanitaires et maladies hydriques

Depuis le début du mois de septembre, ce sont 200 points de prélèvement qui ont été réalisés par l’Agence régionale de santé. « On a 97 % de résultats conformes sur les paramètres bactériologique », admet Bastien Morvan, directeur de cabinet de l’ARS, qui ajoute que le doublement des contrôles permet un meilleur suivi de l’évolution de la qualité de l’eau (voir encadré). Concernant les maladies dites hydriques, « qui sont des maladies à déclaration obligatoire », ce sont quatre cas de fièvre typhoïde et un cas d’Hépatite A qui ont été identifiés depuis le début de la crise de l’eau. Le directeur de cabinet a tenu à rappeler qu’en 2022, 123 cas de typhoïde avaient été identifiés à Mayotte. « On ne constate pas d’incidence particulière sur ces maladies liées directement à la crise de l’eau ». De plus, selon lui, l’épidémie de gastroentérite est similaire à celle des années précédentes, sur la même période.

Et les factures ?

La décision de la prise en charge des factures du mois de septembre jusqu’au mois de décembre, avait été annoncée la semaine passée par la Première ministre, Élisabeth Borne. Une décision prise « de façon à ce que cette crise ne pèse pas sur le consommateur », a relevé le préfet. Concernant les modalités d’application, cette solution se traduira par une exonération de facturation de l’ensemble des mahorais sur ces trois mois. « Ce ne sera pas un remboursement de factures, on va privilégier un système beaucoup plus simple », remarque Gilles Cantal, le préfet chargé de l’eau, reconnaissant que les modalités précises de prise en charge des factures ne sont pas encore fixées.

Eau non-conforme : plus grave que prévu dans le sud

Suite à la non-conformité constatée le 11 octobre à Choungui, de nouveaux contrôles de la qualité de l’eau ont été effectués le lendemain dans les villages concernés par cette alerte. Les premières analyses reçues, vendredi dernier, confirment cette non-conformité à des niveaux élevés. Les mesures d’urgence restent ainsi applicables aux villages de Bouéni, Chirongui, Mtsamoudou, Bambo-Ouest, Bambo-Est, Mbouanatsa, Mzouazia, Moinatrindri, Hagnoundrou village, Majimeouni village, Tsimkoura, Kani Bé, KaniKeli, Ngouja et Choungui. « L’Agence régionale de Santé poursuit de façon très attentive le suivi de la qualité de l’eau sur le réseau, et sur ce secteur en particulier. De nouveaux contrôles seront effectués dans les prochains jours afin de suivre l’évolution de la situation. Ces résultats feront l’objet d’une communication », indiquait l’ARS, vendredi soir.

Des citernes d’eau potable ont été déployées au cours du week-end avec l’appui de la Sécurité civile, afin d’avoir un accès libre et gratuit à l’eau potable malgré la non-conformité de l’eau distribuée sur le réseau. Ces équipements sont accessibles à Bouéni (place du marché de Majiméouni) ; Kani-Kéli (parking de l’école de la Rose) et Chirongui (devant l’école Malamani).

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