Crise de l’eau : Dès le 4 septembre, Mayotte soumise aux coupures de 48 heures

Une conférence de presse sur la crise de l’eau à Mayotte a été donnée, ce jeudi 24 août, à la préfecture de Mayotte, à Mamoudzou. L’occasion pour le préfet Thierry Suquet d’annoncer de nouvelles mesures drastiques mises en place dès le lundi 4 septembre, ainsi que de faire le point sur les travaux d’urgence et le prix de l’eau à Mayotte. Résumé des principales informations à retenir.

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« La saison des pluies de 2022-2023 a été la plus sèche jamais ressentie à Mayotte », Thierry Suquet.

La situation était déjà difficile pour les Mahorais depuis l’instauration des coupures d’eau, elle va à présent se durcir encore un peu plus. Thierry Suquet (préfet de Mayotte) a réuni ce jeudi matin autour de lui Ibrahim Aboubacar (directeur du syndicat des eaux de Mayotte, ex-Smeam)), Gilles Cantal (préfet en charge de l’eau), Olivier Brahic (directeur de l’Agence régionale de Santé Mayotte), Françoise Fournial (directrice de la Société mahoraise des eaux, SMAE) et Christophe Trollé (directeur adjoint de la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement, Dealm). Plusieurs points ont été abordés et de nouvelles mesures entrent en jeu.

Des coupures d’eau de 48h pour la quasi-totalité des habitants

A partir du 4 septembre prochain, l’ensemble de l’île va subir des coupures d’eau de 48 heures consécutives. S’ensuivront 24 heures d’eau disponibles avant qu’elle ne soit à nouveau coupée pour 48 heures et ainsi de suite. Cette mesure ne s’applique pas pour le centre de Mamoudzou, un secteur à fortes activités administratives, Petite-Terre, les zones industrielles de Longoni et Kawéni. Cette partie de l’île subira encore les coupures nocturnes de 16 heures à 8 heures du matin, du lundi au vendredi. En revanche, l’eau sera également coupée dans cette zone le week-end, pendant 36 heures consécutives.

Malgré les efforts, le niveau des réserves toujours inquiétant

D’après le préfet de Mayotte, « le niveau des retenues collinaires n’a jamais été aussi bas à cette période de l’année et l’étiage des cours d’eau intervient avec plusieurs mois d’avance ». Thierry Suquet a expliqué que la consommation d’eau sur Mayotte a diminué de 25% depuis la mise en place des coupures d’eau. Des efforts salués mais qui restent insuffisants pour préserver les réserves sur l’île. La retenue collinaire de Dzoumogné est actuellement à 14% de sa capacité totale, quant à celle de Combani, sa retenue est remplie à 24%.

 Des travaux en cours mais insuffisants

D’après le directeur du syndicat des Eaux de Mayotte (ex-Smeam), Ibrahim Aboubacar, « plusieurs travaux sont en cours sur l’île afin de remédier en urgence et sur le long terme à la crise de l’eau ». Parmi ces travaux, l’osmoseur de M’tsangabeach, à Sada, est en cours d’agrandissement et devrait permettre de fournir quotidiennement 1.000 m3 d’eau potable. D’autres investissements sont prévus sur l’ensemble de l’île afin d’augmenter la production d’eau potable qui est habituellement de 40.000 m3 par jour, telle que l’augmentation de production de l’usine de dessalement de Petite-Terre. Quant au projet de rampes d’eau, plus d’informations doivent être apportées à ce sujet dans les jours à venir.

Une qualité de l’eau qui préoccupe

Alors qu’un laboratoire indépendant de Mayotte a alerté sur la présence de bactéries dans l’eau courante la semaine dernière, le directeur de l’Agence régionale de Santé a souhaité nuancer ces affirmations. Olivier Brahic a précisé que « l’eau du robinet est potable si elle est bouillie dans les six heures après une coupure. Au-delà, elle est propre à la consommation ». Mais il a rappelé que le stockage de l’eau dans des cuves individuelles est un problème pour la prolifération des bactéries et qu’il est donc nécessaire d’appliquer les recommandations afin d’éviter tout risque.

Objectif 115.000 gourdes pour les établissements scolaires

Les élèves de Mayotte ont repris le chemin de l’école depuis lundi 21 août. Afin que les 115.000 élèves puissent avoir accès à de l’eau une fois à l’école, le préfet a affirmé qu’une gourde par enfant serait distribuée. Actuellement, seulement 30.000 gourdes ont pu être fournies en priorité dans les écoles subissant des coupures d’eau de 24 heures, trois fois par semaine. Il est demandé aux élèves de les remplir dès qu’ils peuvent. Par ailleurs, des cuves doivent être installées dans l’ensemble des établissements de l’île. Rien que sur Mamoudzou, 17 cuves sont prévues, cinq ont déjà été installées.

Prix de l’eau, des factures à la baisse ?

Nombreux sont les habitants qui remettent en question le prix de leur facture d’eau en période de coupures. Ibrahim Aboubacar a affirmé qu’un débat sur une réduction du montant des factures va être ouvert. « Les factures d’eau comprennent un prix variable et un prix fixe, on va donc voir comment faire pour trouver un équilibre », a déclaré Ibrahim Aboubacar.

Concernant les bouteilles d’eau minérale, le préfet s’est voulu rassurant en précisant que l’importation et le stockage de l’eau ont doublé par rapport à l’année dernière et qu’aucune pénurie d’eau minérale n’est à prévoir. Par contre, alors qu’un nouvel effort est demandé aux Mahorais, l’Etat n’en fera pas de son côté puisque le gel du prix très onéreux (entre cinq et six euros le pack de six bouteilles) décrété le 18 juillet sera maintenu. « Aujourd’hui, les prix sont gelés. C’est déjà un point important », botte en touche Thierry Suquet.

 

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