Crise de l’eau : Des coupures avancées à 10 heures dans les nouveaux tours d’eau

Avec la communication du nouveau planning des tours d’eau, ce vendredi, la Société mahoraise des eaux (SMAE) entérine le rallongement de deux heures des coupures d’eau pour ce lundi 25 novembre. Interrogé un peu plus tôt dans la semaine, le syndicat Les Eaux de Mayotte nous a apporté plus de précisions sur les enjeux, ainsi que les niveaux des retenues collinaires et l’état des travaux actuels.

Le dernier planning de la Société mahoraise des eaux (SMAE) est tombé et sans surprise, Mayotte passe aux 28 heures de coupures d’eau théoriques, contre les 26 heures actuelles. Dans les trois premiers secteurs (soit tout Mayotte hormis la zone industrielle de Kawéni), les interruptions de l’alimentation en eau commenceront entre 10h et midi, au lieu de 14h à 16h, à partir de ce lundi. Les ouvertures restent inchangées et auront toujours lieu entre 16h et 18h. « La ZI de Kawéni, continue à bénéficier toujours de l’eau la nuit deux fois par semaine comme auparavant, mais à des jours glissants d’une semaine à l’autre », confirme la filiale de Vinci, qui conseille de se référer au planning.

Du côté de son délégant, le syndicat Les Eaux de Mayotte, on se fait plus précis sur le pourquoi de cet allongement. « Le niveau des consommations à deux jours sur trois, avec la plage d’ouverture actuelle qui est celle en place depuis mai 2024, par l’augmentation annuelle normale sur six mois, excède les capacités de production. Il est distribué 39.500 m3/j pour une production maximale de 40.800 m3/j. Il devient donc compliqué de gérer un peu partout sur le territoire les pointes de consommation, les réservoirs se vident et engendrent des coupures techniques : la moindre solution pour y remédier est d’élargir la plage de coupures », dresse comme tableau le directeur général des services, Ibrahim Aboubacar.

FI - Coupures eau 2
Ibrahim Aboubacar, directeur général des services du syndicat Les Eaux de Mayotte, au moment d’une visite d’une des retenues collinaires avec Philippe Vigier, alors ministre délégué aux Outre-mer. Photo d’archive.

A la consommation en augmentation, s’ajoutent les captages de rivières et les forages moins performants en fin de saison sèche. Le syndicat des eaux est d’ailleurs lancé dans la course contre la montre pour rattraper le retard important en matière d’infrastructure. Si cela passe par l’usine de traitement d’eau de mer d’Ironi Bé et de la troisième retenue collinaire d’Ourovéni, le chantier actuel est la recherche de fuites (30% de l’eau produite est perdue) et les nouveaux forages. Concernant ces derniers, trois sont mis en service ou en passe de l’être. Coconi 1 l’est déjà avec ses 200 m3/j, Coconi 2 (200 m3/j) est en cours de test et d’analyse. Quant au forage de Combani et ses 900 m3/j, sa mise en service est « prévue courant décembre ». 

L’usine d’Ourovéni réparée

Ibrahim Aboubacar se veut rassurant sur l’incident à l’usine de potabilisation d’Ourovéni, qui a eu lieu dans la nuit du lundi 11 au mardi 12 novembre et était dû à « un événement d’origine électrique ». Pour l’une des plus grosses installations de ce type sur l’île (10.000m3 par jour), il décrit une réparation en trois temps. En premier lieu, « la remise en état de l’unité de production a été réparée dans les 24 heures qui ont suivi l’accident ». Deuxièmement, le captage d’eau sur la rivière qui borde l’usine a été réparé et le pompage a pu reprendre, « évitant ainsi une prise d’eau excessive dans la retenue de Combani ». Quant au mur de soutènement de l’installation, « qui s’est effondré lors de l’incident », les consultations d’entreprises sont en cours pour réaliser les travaux.

Concernant les retenues collinaires qui sont davantage sollicitées à cette période de l’année, on indiquait mercredi dernier que leurs niveaux étaient en deçà de 50%, mais en précisant qu’il s’agit d’un constat normal à l’approche de la saison des pluies. Le syndicat des eaux confirme cette information, puisqu’au 13 novembre, la retenue de Combani était à 30% de stock (c’était 5% à la même période en 2023 au plus fort de la crise due à la sécheresse) et celle de Dzoumogné est à 40% (8% en novembre 2023).

Rappel des restrictions en cours

Comme rappelé en marge de l’article sur le départ de Sabry Hani, le secrétaire général de la préfecture de Mayotte, un arrêté préfectoral est sorti et liste plusieurs restrictions pour deux mois afin de préserver la ressource en eau, mise en tension par une augmentation de la demande que la production n’arrive pas à suivre. Ainsi, le lavage des véhicules en dehors des stations professionnelles équipées d’un système de recyclage, des trottoirs, bâtiments, façades, terrasses, etc. est interdit sauf en matière d’hygiène ou de santé publique. Est également prohibé l’arrosage des pelouses, espaces verts et jardins, exception faite des jardins potagers qui peuvent être arrosés entre 18h et minuit. Le remplissage et maintien à niveau des piscines privées et des bassins individuels dans les établissements recevant du public est également interdit, sauf si les bassins sont équipés d’un système de récupération totale et de ré-usage de l’eau.

Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1112

Le journal des jeunes

À la Une