La conférence de presse de ce jeudi au sujet du nouveau calendrier des coupures d’eau (qui sera communiqué dans les jours à venir) a permis de faire le point aussi sur les investissements du syndicat des Eaux de Mayotte. Le directeur général des services, Ibrahima Aboubacar, estime que le contrat de progrès signé en 2022 « se poursuit comme prévu », même si peu de choses seront prêtes avant que la saison sèche se termine.
Flash Infos : Où en est l’installation des osmoseurs ?
Ibrahim Aboubacar : Les travaux techniques pour leur installation se sont poursuivis. Il a été fait le choix, par que c’était le plus intéressant, de le mettre dans le sud de Mayotte. C’est le site de M’tsangabeach (N.D.L.R commune de Sada) qui a été sélectionné. On a visé des entreprises qui avaient des osmoseurs disponibles. Parce que pour en avoir dans les délais, il fallait qu’il existe déjà. Nous sommes dans un calendrier de lancement des travaux dès septembre, avec une mise en service de cet osmoseur au tout début 2024.
F.I. : Un seul osmoseur du coup ?
I.A. : Oui, parce que nous avons pu avoir un osmoseur de 1.000 m3 contre deux de 500m3.
F.I. : Un contrat de progrès de 411 millions d’euros a été signé avec l’État en 2022. Qu’est-ce qu’on a fait de tout cet argent ?
I.A. : Le contrat se poursuit comme prévu, il est exécuté et même accéléré. On en voit les opérations sur l’accélération du projet d’usine de dessalement d’Ironi Bé, qui sera accélérée à 10.000 m3 par jour à la fin 2024 à l’achèvement fin 2026. Quand on parle de la sixième campagne de forages entamée, vous verrez les travaux à Coconi, c’est le contrat de progrès. Les financements sont mobilisés, l’emprunt demandé à l’Agence française de développement a été accordé et mobilisé en partie. Mais les programmes d’urgence qui viennent d’être dits, c’est une aide complémentaire (N.D.L.R. trente millions d’euros) de l’État pour répondre à l’urgence.
F.I. : En parlant d’équipements, Jean-François Carenco, l’ex-ministre délégué aux Outre-mer, avait annoncé que les travaux de l’usine de Pamandzi se termineront en « décembre ». C’est toujours le cas ?
I.A. : C’est fin novembre. En principe, il nous est signalé que cette opération se passe normalement. En revanche, il y a à l’appui des travaux complémentaires d’interconnexion en Petite-Terre qui sont eux en cours.
F.I. : Où est-on au sujet des réseaux et des fuites ?
I.A. : Les travaux sur les réseaux, il y en a de très nombreux actuellement. Il y a par exemple des travaux de consolidation qui sont largement en cours. D’autres entre Sada et Chirongui sur la canalisation du sud qui sont achevés à 70%. Vous avez des travaux de renforcement autour du réservoir de Sada en cours également. Spécifiquement, dans le cadre de cette gestion de crise, il y a des renforcements des réseaux de Petite-Terre au niveau de la distribution. Par ailleurs, il y a des travaux de recherches de fuite. Il y a une opération qui vient de s’achever. Il y en a une autre à partir du mois prochain pour nous aider à combattre les fuites.
F.I. : Vous savez quel pourcentage d’eau on perd dans le réseau actuel ?
I.A. : Le rendement actuel en raison de la dégradation issue des coupures se situe autour de 70%. Et donc, on a 30% de pertes.
F.I. : Pourquoi tout ce travail n’a pas été fait avant ? Il n’y a pas eu de sécheresses pendant des années (la dernière était en 2017) et on s’en est bien sortis. Mais on voit qu’aujourd’hui, on a des équipements faits dans l’’urgence qui seront effectifs qu’à partir de la saison des pluies.
I.A. : On fait beaucoup de choses…
F.I. : Exactement. Mais en 2017, la préfecture de Mayotte avait dit : « plus jamais ça ». Et on se retrouve des années plus tard avec les mêmes infrastructures.
I.A. : Avec madame la présidente (N.D.L.R. Aminat Hariti, vice-présidente du syndicat), on est là pour répondre de cette mandature et non pas pour polémiquer sur ce qui s’est passé. Je ne reviendrai pas sur ce qui a été fait il y a cinq, dix ans, etc…
F.I. : Le Grand Cadi de Mayotte a demandé une troisième retenue collinaire dans une lettre. Qu’est-ce que pouvez lui répondre ?
I.A. : C’est un projet qui ne s’est jamais arrêté (N.D.L.R. en réalité si, un accord avec les propriétaires des terrains est tombé à l’eau en 2018). Les négociations confiées à l’Epfam se poursuivent de manière accélérée. Concernant ce qui ne peut pas être acquis à l’amiable, le dossier de DUP (déclaration d’utilité publique, un document qui autorise les expropriations) vient de nous être rendus. Parallèlement, les études techniques et environnementales se poursuivent.
Il n’est pas dans l’urgence impérieuse, parce que c’est un projet sur de dix ans. L’urgence, ce sont les projets accélérables.