Le Conservatoire du littoral entame « un plan de reconquête du littoral »

Ce mardi 29 novembre, dans les locaux la communauté de communes de Petite-terre, l’antenne de Mayotte du Conservatoire du littoral a réuni gestionnaires, institutions et associations pour dresser le bilan 2022 de la gestion des sites littoraux de la Petite-terre. Après une matinée de présentation des résultats et projets à venir, une visite de terrain s’est déroulée sur le site de la Vasière des Badamiers, dans l’après-midi. Bacar Mdallah, chargé d’aménagement et de gestion de l’antenne de Mayotte, nous éclaire sur le rôle du Conservatoire du littoral, et sur les défis auxquels fait face le littoral de l’île.

Flash Infos : Comment se traduit le travail du Conservatoire du littoral à Mayotte ?

Bacar Mdallah : Ici à Mayotte, on a des réseaux de sites. C’est-à-dire plusieurs sites en un. Par exemple, sous la dénomination « cratères de Petite-terre », on regroupe le lac Dziani, les plages de Moya 1 et 2 et le versant littoral de la crête de la Vigie. En tout, cela représente une vingtaine de sites, pour un total de 2.700 hectares. Parmi ces sites, on trouve les îlots, une majorité des mangroves de l’île et des étendues de terres. Le Conservatoire a également la compétence pour intervenir sur les lacs, à l’image du lac Karihani. L’objectif du Conservatoire est avant tout la préservation de l’espace naturel littoral, et d’en permettre l’accès à la population lorsque cela est possible. Notre devise, c’est : « le littoral pour tous, et pour toujours ! ». Pour cela, on confie nos sites à des gestionnaires – en l’occurrence le conseil départemental et les communautés de communes – qui sont garants de leur entretien et de leur valorisation.

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Sous l’œil de Bacar Mdallah (deuxième en partant de la droite), gestionnaires et associations échangent sur les actions menées cette année en Petite-Terre.

F.I. : Vous dressez aujourd’hui le bilan des actions menées cette année en Petite-terre. Quelles sont vos principales satisfactions ?

B.M. : La principale satisfaction qui se dégage de cette réunion, c’est l’engagement des structures, collectivités et associations en faveur de la préservation des sites. Leur présence est importante car ces sites ont un fort potentiel pour le développement touristique de l’île.

La deuxième grande satisfaction concerne les actions de sensibilisation effectuées auprès de la population par nos gestionnaires. Ces sites ont une grande valeur – écologique comme paysagère – et il est important de bien faire connaître les règlementations qui leur sont propres. On essaye également de travailler avec les gestionnaires pour développer des actions de restauration. On retient par exemple la réfection du parking d’accès au Dziani, et de la piste de Moya par la communauté de communes de Petite-Terre (CCPT), accompagnée de la remise en état des canalisations d’eau qui alimentent la maison des gardes (N.D.L.R. du conseil départemental, en charge de la surveillance des tortues). Toutes ces actions permettent un meilleur accès aux sites par le public.

F.I. : Quels sont les grands défis auxquels fait face le littoral mahorais ?

B.M. : Le principal défi, c’est l’activité de l’homme en général… à commencer par le développement urbain. Notre but, c’est de faire ce qu’on appelle de la coupure d’urbanisme, c’est à dire garder des espaces naturels pour éviter qu’ils ne soient construits. Nous devons faire face à l’occupation illégale de nos terrains. En 2021, un agent a été spécifiquement embauché pour recenser ces occupations, dans le cadre d’un « plan de reconquête du littoral ». Au total, 115 occupations ou groupes d’occupations ont été dénombrées. Beaucoup sont de nature agricole. L’agriculture n’est pas forcément incompatible avec la préservation des espaces, mais dans ce cas nous devons pouvoir engager un travail de régularisation et de contrôle de cette activité sur nos sites. On observe aussi des bâtis d’habitations, dont au moins une centaine d’habitats insalubres. Des processus seront engagés pour enlever ces constructions. Le littoral mahorais se confronte également à la problématique des déchets. D’une part, en saison des pluies, tous les déchets des zones urbaines sont drainés sur le littoral. D’autre part, nous constatons de nombreux dépôts sauvages. Enfin, vient la question du réchauffement climatique. L’eau grignote le littoral : on observe une forte érosion du trait de côte. Au Conservatoire, on a un outil qui nous permet de suivre et d’évaluer l’impact de ce recul de trait de côte sur nos terrains. C’est quelque chose que nous surveillons attentivement.

Le Conservatoire du littoral, qu’est-ce que c’est ?

Créé en 1975, le Conservatoire du littoral est un établissement public dont la mission est d’acquérir des parcelles du littoral dégradées ou menacées par l’urbanisation, pour en faire des sites « restaurés, aménagés et accueillants dans le respect des équilibres naturels ». Le Conservatoire est propriétaire des sites qu’il acquiert, mais il les confie à des gestionnaires – collectivités et associations – qui sont spécifiquement chargés de les entretenir et de les valoriser. A l’échelle nationale, 213.500 hectares de parcelles sont sous la coupe du Conservatoire du littoral, dont un tiers en outre-mer. A Mayotte, ce chiffre est de 2.700 hectares répartis en une vingtaine de sites dont les cratères de Petite-Terre, la Vasière des Badamiers, les pointes et plages de Saziley-Charifou, l’îlot Mtsamboro, l’îlot Bandrélé, la baie de Dzoumogné-Longoni, le lac Karihani et la prairie humide de Malamani.

 

Un projet Moya 2023

Plages à fort potentiel touristique, et privilégiées par les tortues pour la ponte de leurs œufs, Moya 1 et 2 traduisent parfaitement les problématiques auxquelles fait face le littoral mahorais. Les questions de l’accueil du public et de la préservation de l’environnement y sont entremêlées. Le conseil départemental et la communauté de communes de Petite-Terre (CCPT), gestionnaires du site des « cratères de Petite-terre » dont font partie les plages de Moya, ont annoncé plusieurs projets spécifiques qui pourraient être mis en place dès l’année prochaine. Le conseil départemental prévoit ainsi la rénovation des escaliers et de la maison des gardes, la dotation de leurs agents de surveillance de monoculaires à vision thermique, et leur formation au comptage des traces de tortues sur tablette dans un but de cartographie des zones de ponte. La CCPT, a quant à elle annoncé vouloir mettre en place un système de vidéosurveillance au niveau de la barrière et du parking, pour lutter contre les dépôts sauvages de déchets.

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