Protéger les tortues plus que jamais, c’était le mot d’ordre pour les acteurs compétents en la matière. Ils ont redoublé de vigilance pour éviter un scénario catastrophe à l’image du premier confinement. Les résultats sont là, les chiffres parlent d’eux-mêmes, les tortues de l’île ont évité le pire.
Le premier confinement a été particulièrement meurtrier pour les tortues de Mayotte. Les associations et organismes habilités à les protéger n’avaient pas pu mener à bien leur mission, alors il était primordial de ne pas répéter les mêmes erreurs lors du deuxième confinement. “Les deux périodes ne sont pas comparables, nous avons eu plus de flexibilité cette fois-ci, ce qui nous a permis d’optimiser les missions de surveillance”, se réjouit Cléa Arsciaud, animatrice au Réseau d’échouage mahorais de mammifères marins et de tortues marines (REMMAT). Les acteurs locaux sont restés mobilisés, le réseau enregistre 225 actions de surveillance et de suivis des cas de braconnage depuis fin janvier 2021, réparties sur les endroits stratégiques de l’île.
À titre d’exemple, “l’association les Naturalistes de Mayotte a assuré une présence régulière tous les week-ends, du vendredi au dimanche, sur les différents sites de pontes sensibles du secteur de Saziley”, précise le REMMAT. Même son de cloche depuis le début de l’année pour la police intercommunale de l’environnement du sud de Mayotte (CCSud) qui “a également apporté sa contribution en réalisant près de 7 actions de lutte anti-braconnage de nuit des plages de ponte du sud de l’île”, souligne le réseau. Fortement critiqué par l’ONG Sea Shepherd pour son laxisme, le conseil départemental a lui aussi mis les bouchées doubles pendant ces cinq semaines de confinement. Les gardes “ont effectué 36 actions de surveillance nocturne et diurne à Moya et huit soirées aux Charifou ou Gouéla, ainsi que neuf surveillances diurnes aux Charifou et autant sur le secteur Bouéni. Depuis janvier, les agents ont effectué un total de 95 surveillances nocturnes et 342 inspections diurnes sur les plages de Moya, Charifou et secteur Bouéni”, annonce le REMMAT.
4 braconniers interpellés et condamnés
La gendarmerie maritime n’a pas été en reste et a participé à lutte contre le braconnage en réalisant huit patrouilles de nuit en mer dans le secteur de Saziley et Dapani. “Elle a permis, avec l’association Oulanga Na Nyamba, l’interpellation à terre de deux braconniers sur la plage Aéroport Est Océan,” souligne le REMMAT. Les malfrats avaient en leur possession 20 kilos de viande de tortue. Les sanctions juridiques ne se sont pas faites attendre puisque l’un d’eux a été condamné à “six mois de prison ferme et deux mois de sursis sans mandat de dépôt, avec une peine aménageable. Il devra s’acquitter de 1.000 euros au titre du préjudice moral et de 400 euros de frais de procédure par associations.” Son complice s’en est sorti avec “six mois d’emprisonnement avec mandat de dépôt et au versement de 500 euros par associations et 500 euros pour frais de procédure pour chaque partie civile, soit 1.500 euros.” De son côté, le service départemental de l’Office français de la biodiversité a pu appréhender deux braconniers.
Certaines tortues n’ont pas pu échapper au braconnage, mais nombreuses sont celles qui ont été sauvées, parfois de justesse, à l’exemple d’une tortue verte qui a été retrouvée retournée sur le dos “par des braconniers prévoyant de revenir la chercher plus tard”, affirme le REMMAT. Fort heureusement, l’association des Naturalistes de Mayotte a pu agir à temps. Une chose est sûre, malgré la surveillance intensifiée et régulière, les braconniers n’ont pas l’intention de s’arrêter.