Dans les trois îles comoriennes, les dégâts engendrés par les pluies de ces jours-ci ne sont pas encore évalués financièrement, mais leur ampleur devrait réveiller les autorités sur les dangers qui guettent de nombreuses localités à chaque fois que des intempéries frapperont.
Depuis le 26 avril, les habitants de l’Union des Comores sont sur le qui-vive après l’annonce du passage d’un cyclone au nord de Madagascar et dont l’influence aurait des effets dans les îles voisines. Effectivement, les prévisionnistes avaient vu juste. Au cours de cette dernière semaine, les Comores ont fait face à des pluies torrentielles, qui ont causé d’importants dégâts dans plusieurs régions, que ce soit à Anjouan, Mohéli ou à la Grande Comore, où une localité dénommée Bangwa se hisse en premier place parmi les villages inondés. Jusqu’au samedi dernier, la direction générale de la sécurité civile (DGSC) avait recensé près de 337 personnes sinistrées, dont plus de 163 évacuées, 64 maisons inondées. Mardi, devant une délégation conduite par le chef de l’État comorien, le chef du village de cette localité a indiqué que 27 familles représentant 72 personnes dont deux femmes enceintes avaient dû être relogées. Jusqu’au mardi 30 avril, cinq familles de Bangwa, située au centre de la Grande Comore, restaient sans toits. Douze personnes blessées sont venues s’ajouter à ce bilan. Et ce n’est pas tout. Les cultures, des citernes et une école ont tous été ravagés par les eaux. A quelques de kilomètres du village, une autre ville, dénommée Mdjoyezi où est originaire l’ancien gouverneur de la Grande Comore, Mohamed Abdoulwahab, a dû affronter la fureur des eaux. A Mohéli, l’aérogare et le centre hospitalier ont été inondés. Des habitants ont dû abandonner leurs maisons, sans oublier les éboulements constatés dans certaines régions. A Anjouan, c’est le village de Vuani qui a subi de plein fouet des inondations sans oublier le décès d’un enfant de 7 ans emporté par les eaux à Mjamawe. C’est la seule victime pour l’instant répertoriée.
Un porté disparu
En revanche, au moment où nous écrivions ces lignes, la ville de Mitsoudjé avait lancé un avis de recherche pour retrouver un habitant que la communauté n’a toujours pas vu depuis lundi. Sa famille a indiqué qu’il devait se rendre aux champs. Jusqu’à ce jeudi matin, les villageois n’avaient toujours pas eu de ses nouvelles. Au niveau de la Grande Comore, mis à part ces trois localités mentionnées un peu plus haut, aucune ville n’a subi de dégâts considérables nécessitant des déplacements de sinistrés. Seulement, le lundi, comme ce fut le cas à Gnoumadzaha, ville voisine de Mitsoudjé, un cours d’eau avait débordé durant toute la matinée au point de rendre inaccessible la route. Ces crues avaient été observées dans certaines zones de la route nationale menant au sud de l’île. Cela fait presque une semaine que les îles sont en alerte après l’annonce du passage du cyclone Gamane, au nord du canal de Mozambique. Le service météorologique comorien n’arrêtait pas rassurer la population sur la faible probabilité que le pays soit frappé par un cyclone. Toutefois, la météo de l’agence nationale de l’aviation civile et de la métrologie (ANACM), mettait en garde contre les risques de voir l’archipel se faire surprendre par des pluies torrentielles et des vents. Selon le dernier bulletin publié le 30 avril, une dépression tropicale pourrait être formée à environ 380km au Nord-Est de la Grande Comore avec une vitesse du vent pouvant atteindre 55km/h. Ce même système de tempête évoluera jusqu’au vendredi 3 mai. « Des pluies presque continues sont attendues ce jeudi après-midi mais le vent sera modéré », ont conclu les prévisionnistes comoriens. Le problème, en dépit de ces alertes, le pays ne dispose pas des moyens de résilience. Le gouvernement et la société de télécommunications Telco ont certes distribué des kits alimentaires et des matelas, mais cette aide demeure insuffisante. Le mardi après-midi, le président comorien, Azali Assouamani accompagné de plusieurs ministres ont rendu visite aux sinistrés de Bangwa, Mitsoudjé et Mdjoyezi.
Comme d’habitude, l’on a promis un accompagnement. Les autorités disent attendre l’évaluation des dégâts avant de sortir un plan d’intervention d’aide aux familles touchées par ces inondations qui sont loin d’être les plus dévastatrices des Comores (voir encadré).
Classé à grand risque de catastrophes naturelles
En 2012, les Comores avaient connu des inondations spectaculaires, accentuées par la fragilité des îles, qui font partie des pays les plus vulnérables face aux effets du changement climatique. En 2009, l’Organisation des Nations Unies avait classé les Comores parmi les pays à grand risque de catastrophes naturelles. Une étude réalisée en 2011 sur la vulnérabilité aux aléas climatiques et géologiques avait répertorié onze régions considérées comme à risque d’inondations avec des effets néfastes sur la population et les biens. Treize ans plus tard, à regarder les localités touchées par les inondations de ces derniers jours, on se rend compte que cette enquête était prémonitoire. Il suffit que les décideurs mettent en place des mesures de contingence en guise de prévention puisque ces phénomènes extrêmes se répèteront tous les ans.