En collaboration avec quelques entités, la direction générale de la sécurité civile a réussi à sauver ce week-end la progéniture d’une baleine, malgré le manque d’équipements. L’opération qui risque de se reproduire incessamment a duré presque huit heures de temps.
Dimanche dernier, tout le monde avait les yeux rivés sur le port de Moroni. Pour ceux qui vivaient en dehors de la ville, il leur était impossible de quitter ne serait-ce que quelques seconde l’écran du téléphone. Et pour cause, des riverains ont découvert tôt le matin, un baleineau coincé dans les rochers, tout près des côtes. Un cétacé qui s’échoue sur une île n’a certes rien d’extraordinaire, mais que cela arrive dans la capitale, ne pouvait pas passer inaperçu. A tel point que l’évènement a, durant toute la journée, occupé la toile, au point d’éclipser le congrès du parti présidentiel, lequel se déroulait à quelques mètres de là. Chacun voulait surtout immortaliser ces moments. Une marée humaine s’est donc ruée vers les lieux. Une présence qui n’aidait pas les équipes déployées pour venir à la rescousse du mammifère, a regretté, le lieutenant Yasser Sidi, sous-directeur de la sécurité maritime et nautique. A l’en croire, même les bruits ont traumatisé la jeune baleine. Il faut dire que l’archipel ne possède pas d’une entité chargée de la gestion de la protection des espèces maritimes. Il revenait donc à la direction générale de la protection civile (DGSC) de prendre les devants pour coordonner l’opération de sauvetage qui s’est avérée très délicate. « Nous avons reçu l’alerte à 6h05, vingt-deux minutes plus tard, nous sommes allés constater », a raconté Yasser. Au total, près de 23 agents de son service ont été mobilisés pour rejoindre les autres services. Avec des moyens très limités, les sapeurs-pompiers ont dû travailler avec des pêcheurs, des nageurs professionnels entre autres. Les garde-côtes étaient aussi sur le coup.
Un spécimen âgé d’une semaine
De juin à septembre, les baleines préfèrent quitter l’hémisphère nord pour se reproduire dans les zones tropicales, comme les Comores a expliqué, Saïd Ahamada, président de l’ONG Aide. Cette dernière travaille pour le développement, la valorisation et la protection de l’environnement. Malgré son poids évalué à trois tonnes, le baleineau, d’une longueur de six mètres et une largeur de deux mètres, était seulement âgé d’une semaine, d’après les scientifiques. Selon les plongeurs, il avait l’air fatigué et présentait des blessures, notamment au niveau de la nageoire gauche. « Le fait qu’il soit bloqué dans les rochers avec la marée basse, sans oublier la position dans lequel le cétacé se trouvait, toute tentative de manouvre s’avérait délicate. Il fallait dans l’urgence établir un périmètre de sécurité. Une fois la délimitation finie, nous avons commencé à l’hydrater d’abord avec des sceaux le temps de trouver une moto à pompe », a enchainé le sous-directeur de la sécurité maritime et nautique, qui a salué l’aide apportée par les autres partenaires, à l’instar de Comores Plongée ou Discoversmores, une agence de tourisme qui a fourni les équipements nautiques. L’institut national de recherche pour l’agriculture, la pêche et l’environnement se chargeait de la compilation de données scientifiques.
Doter le pays de moyens
Le mammifère est parvenu à quitter les rochers du port de Moroni vers 11h 48 sans pour autant réussir à aller trop loin. En effet, au moment où la population commençait à retenir son souffle, très vite, le cétacé avait été retrouvé encore coincer, mais cette fois-ci par des filets des pêcheurs. Cette intervention était plus que périlleuse car les agents risquaient leurs vies tout comme le baleineau. « Heureusement qu’ils ont cisaillé les filets sans se blesser. Deux grosses baleines, probablement ses parents, avaient été aperçues dans la zone. Ce n’est qu’à partir de 18h que le baleineau a quitté nos eaux internes », avons-nous appris du côté de la direction générale de la sécurité civile, qui appelle l’État à doter le pays des moyens pour gérer de telles crises. Notons que début juillet, à Mohéli, une baleine perdue dans les côtés n’a pas pu être sauvée. « Une baleine s’échoue à cause de la modification des températures, conséquence du réchauffement climatique. L’utilisation de sonars par les explorateurs des fonds marins, ou les bateaux peut également y contribuer », a avancé Saïd Ahamada, qui plaide pour la mise en place d’une stratégie de planification de l’espace marin dont le but sera de faciliter une exploitation durable des océans. Alors que les spécialistes préviennent que dans les mois à venir, il y a de fortes chances de recevoir la visite de baleines, la DGSC a énuméré un certain nombre de mesures urgentes à prendre.
Parmi elles, la recherche d’équipements destinés à la sous-direction de la sécurité maritime d’équipements ou encore le renforcement des capacités du personnel de celle-ci en milieu marin.