Un bilan parcellaire de l’état des populations de poissons à Mayotte

Ce jeudi 9 février et pour la première fois, l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) rendait un bilan annuel de l’état des populations de poissons pêchés en outre-mer. Toutefois, les données relatives à Mayotte sont peu parlantes, puisque seules huit espèces font l’objet d’une évaluation.

1.184 tonnes : c’est la quantité de poissons débarqués par les embarcations de pêche françaises à Mayotte en 2021, selon le bilan rendu par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), ce jeudi, au cours d’une visioconférence de presse. En effet, chaque année, l’institut rend son diagnostic sur l’état des populations de poissons pêchées en France, sobrement intitulé « Comment vont les poissons ? », et qui permet de segmenter – selon des indicateurs précis – les différentes espèces en cinq catégories : « en bon état », « reconstituable », « sur-pêchée », « sur-pêchée et dégradée » ou « effondrée ». Pour la première fois, ce bilan a été élargi aux départements d’outre-mer, dont Mayotte.

On y apprend ainsi que le listao (112 tonnes pêchées à Mayotte en 2021), la thonine orientale (16 tonnes), le voilier indo-pacifique (3 tonnes) et l’espadon (1 tonne) sont des stocks considérés « en bon état », c’est à dire ne souffrant pas d’une pression de pêche particulière, et disponibles en quantité suffisante dans nos eaux. A l’inverse, le thon albacore (151 tonnes), le thazard rayé (19 tonnes) et le thon obèse (3 tonnes) sont « sur-pêchés et dégradés ».

74% d’espèces non évaluées

Pour autant, les données sont incomplètes : 74 % des débarquements recensés dans le département (soit 879 tonnes) concernent des espèces non évaluées, tels les empereurs ou les vivaneaux. En effet, si les huit espèces citées plus haut font l’objet d’une évaluation de la Commission des thons de l’océan Indien, « aucun diagnostic n’est encore disponible pour les espèces côtières ou récifales », renseigne l’institut. « Globalement, nous manquons de connaissances sur une grande partie des populations de poissons », explique Alain Biseau, biologiste des pêches et coordinateur des expertises halieutiques à l’Ifremer. « Pour la plupart des espèces côtières, les données réglementaires de pêche – les quantités de poissons débarquées – restent trop souvent lacunaires et peu exploitables scientifiquement. Il faut ainsi renforcer le suivi de ces populations pour permettre la mise en place d’une gestion durable », argue-t-il.

Ce premier diagnostic en outre-mer, réalisé par l’Ifremer à la demande de l’État dans le cadre des financements européens attendus pour renouveler la flottille de pêche, permettra, à l’avenir, « d’étudier l’évolution de l’état de ces populations », conclut le biologiste.

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