Bientôt des éco-gardes veilleront sur la forêt mahoraise

La réserve naturelle nationale des forêts de Mayotte créée, il faut désormais organiser la gestion des 2.808 hectares de forêts répartis uniquement sur Grande-Terre. Ce vendredi 10 mars, il a été décidé tout d’abord de recruter huit agents capables de faire régner l’ordre sur les crêtes et les sommets mahorais.

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Directeur adjoint de la Dealm de Mayotte, Jérôme Josserand a supervisé la création du nouveau GIP consacré à la nouvelle réserve nationale.

A quoi va servir cette réserve ?

L’augmentation de la population à Mayotte n’est pas sans incidence sur les ressources de l’île. Les forêts, par exemple, sont menacés par l’habitat et surtout la formation de champs agricoles illégaux. L’État a donc décidé de créer une zone davantage protégée, en s’inspirant ce qui se fait déjà en Guyane. « Des grands moyens ont été mis pour lutter contre l’orpaillage illégal (N.D.L.R. la recherche et l’extraction d’or dans les rivières). Ça a bien marché. Maintenant, les orpailleurs n’osent plus rentrer dans les réserves », indique Jérôme Josserand. Le directeur adjoint de la Dealm (direction de l’environnement, l’aménagement, du logement et de la mer) est à la manœuvre pour la tenue du comité consultatif de gestion organisé ce vendredi 10 mars, au Pôle d’excellence rural de Coconi. Pour gérer la réserve, le Département de Mayotte, la préfecture et l’Office nationale des forêts y ont acté la création du GIP de la réserve naturelle nationale des forêts de Mayotte (voir encadré).

Comment la zone a été délimitée ?

Celle-ci ne concerne que Grande-Terre et s’étend sur six secteurs. Le total représente 2.808 hectares de forêts publiques (départementales et domaniales). Elles s’étendent sur les crêtes et six sommets de l’île. Petite-Terre et l’îlot M’tsamboro sont exclues de la réserve, le Conservatoire national gardant la main dessus. Toutefois, selon Jérôme Josserand, le périmètre pourrait s’agrandir en fonction des besoins en conservation. Il évoque notamment Saziley dont la couverture végétale est déjà bien dégradée. 

A quoi serviront les éco-gardes ?

La première mission dévolue à la nouvelle structure est de faire régner l’ordre, notamment le code de l’environnement. Armés, les futurs huit éco-gardes (ils seront recrutés d’ici la fin de l’année) patrouilleront dans le domaine délimité de la RNN. « Ils auront un profil plutôt d’anciens policiers », prévient le directeur adjoint de la Dealm. Ils coordonneront également des actions avec les brigades de l’environnement qui se créent peu à peu sur le territoire. 

Qui fait normalement la police sur les hauteurs ?

Les forces de l’ordre et les agents de l’Office nationale des forêts remplissent habituellement cette mission. Mais les deuxièmes ne sont pas armés et ne peuvent pas faire grand-chose s’ils tombent sur un groupe de personnes hostiles dans la forêt. Les premières interviennent par intermittence dans les massifs mahorais, comme cela a été le cas en novembre à Combani et Kahani. Ce jour-là, plusieurs services dédiés avaient fait une opération commune. Deux pompes pour puiser l’eau dans les rivières ont été saisies à cette occasion.

Au-delà de la sécurité, le GIP aura-t-il d’autres missions ?

Oui, l’aspect scientifique sera prépondérant. Une étude devra être menée pour faire un état des lieux des forêts mahoraises et bien entendu comment les conserver. Il y a 300 à 400 espèces végétales ou d’oiseaux (dont certaines endémiques de l’archipel comorien) par hectare au cœur de cette réserve. L’enjeu est également primordial pour l’eau, les massifs forestiers permettant de capter la ressource et d’alimenter les ruisseaux.

Encore un GIP ?

Le groupement d’intérêt public est une structure regroupant des partenaires publics, voire privés, pour assurer des missions particulières. A Mayotte, le plus connu est sans doute le GIP L’Europe à Mayotte. Chargé d’accompagner les porteurs de projets éligibles à l’attribution de fonds européens, il a gagné en popularité ces derniers mois avec la révélation de conflits internes et des bisbilles entre cogestionnaires. Le conseil départemental de Mayotte avait d’ailleurs boycotté l’assemblée générale entérinant le départ du directeur Ali Soula. Alors, est-ce que refaire un nouveau GIP avec les mêmes acteurs est une bonne idée ? « Si les statuts sont clairs, il n’y a pas de problèmes », estime Bibi Chanfi, qui a été élue présidente, ce vendredi. A voir donc, espérons que celui-ci connaîtra meilleur sort.

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