Vendredi 4 et samedi 5 octobre, se tenait la Fête de la science sur la place de la République, à Mamoudzou. Une quinzaine de stands présentaient sous différentes facettes l’océan, sa biodiversité et ses ressources. De quoi fasciner et inspirer plus d’un jeune présent.
Un jeu de sept familles, des posters et des expériences ludiques attirent les regards de tous les côtés. Dans le brouhaha général, des élèves et des professeurs déambulent parmi la quinzaine de stands du village de la science, mis en place à l’occasion de la 33ème édition de la Fête nationale de la science. Vendredi 4 et samedi 5 octobre, sur le parvis du comité de tourisme de Mamoudzou, l’océan est mis à l’honneur (si le village se tient deux jours, la Fête de la science se prolonge quant à elle dans plusieurs établissements scolaires jusqu’au 14 octobre). Le thème est national, mais résonne particulièrement à Mayotte. « On a un des plus grands et plus beaux lagons du monde ici, mais l’environnement est aussi très fragile. Grâce à ces ateliers, on rend compte de ces réalités pour amener à le découvrir mais aussi le préserver », explique Fahoullia Mohamadi, déléguée à la recherche et l’innovation à l’académie de Mayotte. Pour elle, qui organise l’évènement depuis 2020, la Fête de la science permet d’inspirer des vocations et de « démystifier la discipline », trop souvent confinée aux blouses blanches et aux laboratoires.
« Donner le goût »
C’est aussi le but de la société Deep Blue Exploration, qui tient un stand pour présenter les résultats de l’exploration d’une grotte sous-marine vieille de 18.000 ans aux quelques classes de primaires, collèges et lycées venues ce vendredi. Jérôme Mathey présente aux jeunes une des trouvailles de l’expédition. « C’est de la pierre », s’exclament des enfants de CE2 de l’école élémentaire des Roussettes, à Mamoudzou, à la vue d’un stalagmite trouvé à plus de cinquante mètres de profondeur. Enthousiastes, ils sont aussi curieux d’en apprendre plus sur les rouages de la plongée scientifique. De quoi ravir Jérôme Mathey et son collègue Gabriel Barathieu, « il faut leur donner le goût de l’exploration, parce que la science, c’est aussi partir à l’aventure ». Mais pas besoin de faire des kilomètres pour vivre des sensations fortes et en découvrir plus sur le lagon et ses animaux. À quelques pas de là, le stand de l’association des Naturalistes de Mayotte propose une immersion avec les mammifères marins … grâce des casques de réalité virtuelle ! Un outil qui permet à ceux qui ne peuvent pas s’essayer à la plongée, d’en admirer la beauté.
Transmettre aux futures générations
Une beauté pourtant fragile, dont il reste beaucoup à découvrir et à exploiter. « L’océan est l’enjeu du millénaire. On a des connaissances sur les fonds marins, mais il y a bien plus de choses qu’on ne sait pas encore », raconte Thomas Vignaud, docteur en biologie marine et ambassadeur régional de cette édition de la Fête de la science. Venu présenter le résultat de ses recherches sur les algues, le doctorant souligne que l’océan contient les ressources pour répondre à des problèmes concrets. Pour lui, les algues représentent une solution à la surpêche, mais pas seulement, « elles contiennent des molécules qui peuvent soigner des maladies par exemple ». De quoi inspirer des projets aux jeunes générations. « On essaye d’orienter les enfants et les adolescents vers une conscience du monde naturel et l’importance de la conservation pour qu’ils soient les chercheurs et scientifiques de demain. On accueille déjà des doctorants, des chercheurs ici à Mayotte pour qu’ils s’emparent de ces questions », contextualise le scientifique.
Répondre aux interrogations
Sur le stand d’à côté, la relève pourrait déjà être assurée. En blouse blanche et en rang, les adolescents du lycée des Lumières présentent leurs ateliers sortis tout droit de leur imagination. Ils accueillent les curieux avec enthousiasme et panache : certains ont imaginé comment nourrir les poules avec des déchets alimentaires. « Pour éviter les produits importés ou transformés, et avoir de la viande saine », expliquent presque en cœur Nsoudoussia, Soiharati, Zourda et Charaff. Un projet travaillé sur leur temps libre, précise fièrement Saïd Hamada, professeur de mathématiques et de sciences en filière professionnelle qui les encadre avec son collègue Gildas Nyame. Une autre idée attire les visiteurs, toujours impulsée par les lycéens. Cette fois, c’est à travers une expérience qu’ils répondent à une interrogation « pourquoi les eaux des océans ne se mélangent pas ? ». Équipés de pipettes et de fioles, ils démontrent que la quantité de sel joue sur la densité et donc la capacité de différentes eaux à se mélanger. « C’est comme de l’eau et de l’huile finalement », rétorquent les apprentis scientifiques. « Ce sont eux qui ont apporté une réponse à leur propre questionnement. Les voir travailler ensemble leur curiosité, leur esprit d’équipe et d’initiative nous rend fière », lance le professeur, toujours attentif à ses élèves, depuis l’autre côté du stand. Une autre manière de comprendre l’océan, et ses particularités mais aussi ses espèces. Avec le stand de Ceta Maoré, c’est avec des cartes et des posters explicatifs qu’on comprend les mammifères marins. Sur celui du département, c’est grâce à un jeu des sept familles et une maquette ultra réaliste qu’on appréhende les tortues. Et avec le Parc naturel Marin, c’est avec des microscopes qu’on étudie les poissons… Mille et une manière découvrir ou redécouvrir certaines espèces marines : de la plus grosse à la plus microscopique.
Fraîchement arrivée sur l’île, je suis journaliste à Mayotte Hebdo et Flash Infos. Passionnée par les actualités internationales et jeunesses, je suis touche-à-tout. Mon allure lente et maladroite à scooter vous permettra de me repérer aisément.