Crise sanitaire oblige, les Naturalistes de Mayotte ont dû mettre en stand-by leurs conférences mensuelles, qui signent leur retour ce mardi 22 juin au pôle culturel de Chirongui. Le thème évoqué sera celui de la flore mahoraise, un patrimoine à la fois méconnu et menacé. Pour marquer ce come-back d’une pierre blanche, le président de l’association, Michel Charpentier, rappelle l’importance de l’environnement sur un territoire comme l’île aux parfums.
Des récits sur l’histoire environnementale de Mayotte, des débats, des questions-réponses… Oui, les cafés naturalistes signent bel et bien leur retour sur le devant de la scène ce mardi 22 juin à partir de 18h. Exit la Croisette et son spot idyllique en bordure de mer, place au pôle culturel de Chirongui, dont « la salle est davantage propice » à ce type de rencontre selon Michel Charpentier, le président de l’association. Une adresse « plus calme et adaptée pour diffuser des images en diaporama » qui repose toutefois sur quelques incertitudes. « Nous allons tester… Nous verrons pour proposer les deux lieux à l’avenir si nous n’arrivons pas à drainer suffisamment le nord de l’île. »
Reste donc à croiser les doigts pour que le sujet retenu parle au public. À savoir, la flore mahoraise, un patrimoine méconnu et menacé. « Nous avions l’intention d’en parler depuis un certain temps car le couple qui travaille là-dessus quitte Mayotte courant juillet. » Le hasard du calendrier fait bien les choses, dans un sens. Pour tenter de séduire les curieux de ce rendez-vous mensuel, toutes les attentes reposent donc sur les épaules et le talent oratoire d’Annick Fabre et de Bernard Roche.
Une flore en voie de disparition
Mais revenons-en à nos moutons. Que dire sur ce thème ? Tout d’abord que la flore mahoraise recense environ 1.400 espèces identifiées ! Dont un nombre relativement important d’indigènes. Pour bien comprendre, il faut savoir « qu’elles sont arrivées ici par leur propre moyen, soit par le vent, soit avec les animaux comme les oiseaux ». Et comme l’île aux parfums est unique en son genre, elle concentre un taux d’indigénat bien supérieur aux autres îles de la région, « même de La Réunion », compte tenu de sa superficie.
Ce choix est loin d’être anodin pour Michel Charpentier. « Vous avez entendu parlé de la régression de la biodiversité, cela la touche particulièrement en raison du défrichement et de la déforestation », rappelle celui qui est dévoué depuis des années à la cause environnementale sur le territoire. « À notre sens, il faut arriver à la protéger d’une manière ou d’une autre. […] Le risque est la disparition des végétations naturelles (flore mahoraise indigène) au profit des espaces cultivées (bananes ou maniocs). »
Une urbanisation au détriment des espaces naturels
Si le président des Naturalistes a bien conscience de l’importance de l’agriculture dans le 101ème département dans le but de « nourrir le pays », il alerte sur le « contexte démographique énorme » qui grignote toujours plus de terrain pour « construire des équipements collectifs », « avoir des ressources » et « s’installer ». Hors de question pour Michel Charpentier de regarder sans bouger ou interpeller la population. « Tout cela va se faire au détriment des espaces naturels qui sont extrêmement riches au regard de ce que nous trouvons dans l’océan Indien. » D’où vraisemblablement sa volonté de faire signer aux candidats aux élections du conseil départemental la charte d’engagement en faveur de l’environnement dévoilée la semaine dernière. Qui n’a jusqu’à présent pas encore reçu l’effet escompté…