Une trentaine d’agriculteurs certifiés bio ou en cours de conversion sont accompagnés par l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (Epfam) qui souhaite structurer la filière. Pour la première fois, quatre d’entre eux se sont réunis au marché de Coconi, ce samedi 3 décembre.
« A 9h du matin, tous les produits maraîchers avaient disparu, on s’est fait dévaliser », assure Calvin Picker, conseiller pour le développement de l’agriculture biologique au sein de l’Établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (Epfam). Ce samedi 3 décembre, l’organisation qui souhaite « structurer la filière bio » en accompagnant une trentaine d’exploitants certifiés ou en conversion, réunissait quatre producteurs sur le marché de Coconi. Miel, tomates cerises, oignons, salades, aubergines, carottes, choux chinois… En fin de matinée, la plupart des produits ont laissé place à des étals vides. « C’était un test, et il est concluant », se satisfait le conseiller, qui regroupait des agriculteurs bio pour la première fois sur un marché.
« Faire connaître mon exploitation »
Assani Boinadi, l’un des deux agriculteurs certifiés du territoire, était notamment présent pour vendre ses litchis et ses tomates cerises cultivées à Bandrélé. « Sur dix produits, il ne reste qu’une botte de basilic et du pourpier, que l’on mange en salade et que l’on voulait faire découvrir aux habitants », souligne le paysan. Ce marché est le premier auquel il participe. D’ordinaire, il livre ses produits à quatre restaurants et invite les particuliers à venir directement sur son exploitation. « Le fait d’être à Coconi ce samedi permet aussi de faire connaître mon exploitation et mes produits », souligne-t-il. A ses côtés, Akina Attoumani est, elle aussi, ravie. « On avait du piment, des ananas, des oignons, des brèdes… Tout s’est très bien vendu », énumère l’agricultrice installée à Dzoumogné et déjà habituée des marchés. « D’ordinaire, nous allons à Mamoudzou, le samedi et le dimanche, mais on vend beaucoup moins », estime-t-elle.
« Un réel argument pour les consommateurs »
Au marché de Coconi, les agriculteurs bio ou en conversion ont en effet rencontré leur public. « Le bio, c’est un réel argument pour les consommateurs », assure Calvin Picker. Selon lui, les études de la direction de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt (Daaf) – qui révélait notamment des taux de pesticides 27 fois supérieurs à la norme dans certaines tomates mahoraises – ont créé de la défiance chez le consommateur. Et donc une forte demande pour les produits certifiés bio. Pour y répondre, le conseiller pour le développement de l’agriculture biologique envisage de généraliser la présence des agriculteurs qu’il accompagne sur les marchés mahorais. Le stand de Coconi devrait être pérennisé et les producteurs devraient se rendre prochainement sur d’autres marchés, dans d’autres villes.