Depuis ce 1er janvier 2021, tous les usagers de la mer ne pourront plus approcher les mammifères marins de Mayotte à moins de 100 mètres. Une nouvelle qui réjouit le Parc naturel marin mais qui inquiète les opérateurs nautiques.
Approcher les dauphins et les baleines, nager avec eux… des moments uniques qui ne sont désormais plus possible. L’arrêté ministériel du 1er juillet 2011, modifié en septembre 2020, impose une nouvelle restriction. À compter du 1er janvier 2021, la distanciation physique s’impose également auprès des mammifères marins. Cette nouvelle règle s’applique sur toutes les aires marines protégées de France, Mayotte comprise. 100 mètres, c’est la distance à ne pas dépasser. “Cette distance de 100 mètres n’a pas été choisie au hasard. Les experts en comportement des cétacés et les centaines d’études sur le sujet montrent que le well watching (l’observation des mammifères marins) a un impact sur ces espèces. Elles sont perturbées et cela joue forcément sur leur évolution en mer”, affirme Léa Ramoelintsalama, chargée de mission mobilisation citoyenne et appui aux acteurs au Parc naturel marin de Mayotte.
Et gare à celui ou celle qui enfreindra cette nouvelle règlementation. Le Parc naturel marin mettra à disposition deux agents assermentés qui pourront délivrer des amendes. Et la note risque d’être salée si l’on est pris en flagrant délit. “Une contravention de 4ème classe peut être appliquée, autrement dit, la contravention peut aller jusqu’à 750 euros”, prévient Léa Ramoelintsalama. De quoi dissuader les plus réfractaires.
Une nouvelle qui ne fait pas que des heureux
Si cette nouvelle réglementation réjouit les défenseurs des espèces marines, certains opérateurs nautiques ne voient pas cela d’un bon œil. À l’exemple de Yannick Stéphan, gérant de Mayotte Découverte. “Si l’arrêté est respecté à la lettre à Mayotte, il nous sera impossible de travailler. Autant fermer de suite. Notre fonds de commerce est basé sur l’observation des mammifères marins. On permet à notre clientèle de les approcher sans être dans un aquarium. Ils veulent jouer avec, les voir évoluer près des bateaux.” Le professionnel sait que l’observation en mer ne sera plus pareil, et cela risque fortement de faire baisser son activité.
Selon lui, cette décision prise à Paris doit être adaptée à Mayotte. Le tourisme de masse est un concept inexistant sur le territoire, les mammifères marins seraient donc plutôt bien préservés. “On est des professionnels formés. Il y a des milliers de dauphins à Mayotte et on ne les dérange pas, on ne les empêche pas de se reproduire. On ne peut pas comparer Mayotte aux autres territoires”, continue Yannick Stéphan. Le Parc naturel marin voit les choses différemment et estime que cette mesure permet de prévenir d’éventuels débordements dans le futur. “Le tourisme en mer commence à se développer sur l’île. Cette mesure vient à point nommé pour en-cadrer tout cela”, assure Léa Ramoelintsalama. La question qui se pose désormais est l’interprétation des comportements des baleines ou des dauphins qui s’approchent de leur propre chef des bateaux. Comment être certain que c’est le mammifère qui a fait le premier pas et non le contraire ? Réponse en mer.