“À couper le souffle”, en apnée dans le lagon de Mayotte avec un champion mondial

Le documentaire diffusé dimanche dernier par France Ô suit les explorations de Stéphane Tourreau, vice-champion du monde d’apnée, dans le 101ème département. Le sportif revient sur ces dix jours mémorables à Mayotte.

 

Un véritable marathon, épuisant mais passionnant. C’est le souvenir que garde Stéphane Tourreau, le vice-champion du monde d’apnée en poids constant, de son passage à Mayotte. Une expérience “à couper le souffle”, comme est d’ailleurs intitulé, à juste titre, le documentaire diffusé par France Ô dimanche soir dernier. Ce film d’une cinquantaine de minutes réalisé par son ami vidéaste Mathias Lopez, retrace leur séjour dans l’un des plus grands lagons fermés du monde. Pendant dix jours, ils ont pu explorer ces profondeurs bleues turquoises, d’une richesse unique. “Mayotte est un endroit magique pour sa biodiversité, et rares sont les îles qui possèdent autant d’espèces marines réunies au même endroit”, souffle l’apnéiste, la tête encore remplie d’images.

Des dauphins timides mais curieux, des coraux aux mille couleurs, des tortues à N’gouja, “où il suffit de lever la tête pour en voir trois”, comme il s’en émerveille devant la caméra… Et même un dugong ! Cette espèce, menacée de disparition, ne compte que quelques spécimens dans les eaux de l’île aux parfums. Pour lui, c’est là l’un des souvenirs les plus marquants de ce tournage. “Pour vous dire, c’était même la blague du séjour, ‘‘imagine on croise un dugong’’, et c’est arrivé”, sourit le sportif. Pourtant, tout le projet aurait pu tomber à l’eau. Le départ de l’équipe dans le 101ème département, en décembre dernier, a été suspendu pendant un temps au cyclone Belna, qui, par chance, est passé à plusieurs kilomètres des côtes mahoraises.

 

Une discipline exigeante

 

La chance, nonobstant, Stéphane Tourreau n’y croit pas vraiment. Pour lui, tout est surtout question d’état d’esprit, et le champion valorise particulièrement la résilience et la capacité d’adaptation. Ce sont ces deux valeurs qui l’ont guidé dans une carrière prolifique. Pour plonger à plus de 100 mètres – son record est précisément de 113 mètres – il faut en effet une certaine persévérance. L’apnée à poids constant est une discipline exigeante, qui consiste à s’aventurer dans les profondeurs, simplement à l’aide de ses muscles, de ses poumons, et de palmes, mais sans assistance extérieure ou bouteilles d’oxygène. À partir d’une certaine profondeur, l’apnéiste atteint la narcose à l’azote, que l’on appelle aussi ivresse des profondeurs. À ce stade, “la pleine conscience est indispensable, non seulement pour économiser ses forces et être plus efficient, mais aussi pour être à l’écoute de soi et de son environnement, et rester en sécurité”, explique Stéphane Tourreau. Une capacité intuitive et une adaptabilité particulièrement utile dans les expériences d’exploration telles que celle menée sur le tournage de “À couper le souffle”. Cette fois-ci, l’as de la plongée a nagé jusqu’à 70 mètres dans les fonds marins, jusqu’au tombant de la Passe en S.

Les richesses de Mayotte

“La grande particularité du lagon, c’est la visibilité. C’est incroyable, on peut voir à plus de 50 mètres, on aperçoit les espèces en dessous de nous, et cela donne encore plus envie d’explorer”, témoigne l’apnéiste, qui a rarement vu un tel spectacle, même dans les Caraïbes dont il revenait pour une compétition à peine quelques jours avant son départ pour Mayotte. L’île est pour lui un condensé d’éléments qui participe à un éveil des sens : “c’est ce côté, eau, terre, feu, avec la source volcanique, qui crée ce spectacle inédit pour la vue, le toucher, avec un grand brassage des espèces”, dépeint-il aussi. Et c’est pour lui cette richesse qui décrit le mieux Mayotte dans son ensemble, loin des clichés parfois négatifs renvoyés par certains reportages, qu’il déplore. “Ce n’est pas ça qui permet de construire l’avenir, mais bien au contraire, des valeurs de partage, des intentions positives”.

Et cette philosophie-là, Stéphane Tourreau l’applique aussi dans ses convictions, notamment en faveur de l’environnement. Le sujet de l’écologie et de la préservation du lagon, encore peu appréhendé au niveau local, ne lui a bien sûr pas échappé. “La pollution, cela me choque toujours, malheureusement, c’est partout pareil, je l’ai vu sur beaucoup de plages du monde”. Mais pour lui, pas question pour autant de rester les bras croisés. “C’est à nous d’agir et de deux façons : en communiquant, et en étant actif, de ses propres mains pour espérer motiver d’autres personnes et provoquer un effet boule de neige”. Dans le documentaire, on le voit d’ailleurs ramasser les déchets sur la plage. Son initiative finit par attirer les enfants curieux des alentours, qui mettent alors tous la main à la patte. Comme pour donner raison à cet éternel optimiste, qui, de retour chez lui et confiné, arrive toujours à garder le moral : “j’avais justement prévu de refaire un peu d’entraînement d’apnée hors de l’eau !”, s’amuse-t-il.

 

Pour voir le film documentaire en replay, rendez-vous sur : https://www.france.tv/documentaires/voyages/1370577-a-couper-le-souffle.html

Photographies : copyright Olivier Lefebvre, Mathias Lopez et Puzzle Media

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